Le milieu de vie pour les étudiants autochtones est inauguré

Bâti au coût de près de 37 millions de dollars près de l’UQTR, le modèle d’habitation Waska Witcihitowin a été conçu par la Société immobilière du Regroupement des centres d’amitié autochtones du Québec. Le milieu de vie communautaire abrite 42 unités d’habitation et les nouveaux locaux du Centre d’amitié autochtone de Trois-Rivières.

Développé pour répondre à la forte croissance de la population autochtone urbaine en Mauricie, le site réunit des conditions facilitant l’accès aux études postsecondaires et favorisant la réussite éducative. Le milieu de vie comprend également des espaces de travail collaboratif, une salle communautaire, des espaces extérieurs destinés à des activités culturelles, une salle d’activité physique, une cuisine collective, une classe de maternelle 4 ans et le CPE Premier pas qui a été inauguré la semaine dernière.

Le directeur général de la Société immobilière du Regroupement des centres d’amitié autochtones du Québec, Laurent Odjick, a expliqué la signification du nom Waska Witcihitowin.

« Ça signifie cercle d’entraide dans la langue atikamekw. Le milieu de vie de Trois-Rivières rassemble une communauté étudiante autochtone située au carrefour de nombreuses nations et permet à la population étudiante autochtone de créer un réel réseau de partage, d’échange et surtout d’entraide. »

« Ça nous permet de renforcer notre présence dans la vie quotidienne des premiers peuples en milieu urbain, ajoute la directrice générale du Centre d’amitié autochtone de Trois-Rivières, Maud Flamand. L’offre de services du centre touche à la fois la santé, le mieux-être, la justice, l’éducation et l’accompagnement des familles ainsi que les programmes jeunesse répondant encore mieux aux besoins et réalités de nos membres. »

Les premiers résidents habitent l’édifice depuis septembre. Des logements abordables de 3 ½ à 6 ½ accueillent les étudiants ainsi que leurs familles. 26 logements sur 42 sont déjà occupés. Le programme Supplément au loyer veille à s’assurer que les résidents admissibles ne déboursent pas plus de 25 % de leurs revenus pour le loyer.

La directrice générale du Regroupement des centres d’amitié autochtones du Québec et présidente de la Société immobilière du Regroupement, Tanya Sirois, est heureuse de l’emplacement choisi et de la rapidité avec laquelle le projet s’est concrétisé.

« Un an et demi après la première pelletée de terre, ce milieu de vie nous rappelle un peu la présence dans la forêt mais tout en étant proche des différentes infrastructures de services. »

Un des premiers locataires du milieu de vie Waska Witcihitowin, Dave Cleary, est président de l’Association des étudiants autochtones de l’UQTR. Il a raconté avoir déjà été victime de préjugés discriminatoires en cherchant un logement pour retourner à l’école.

« Mais grâce à ce projet, vous nous aidez à aller plus loin dans nos rêves, dans nos projets d’études, à aller plus loin dans la vie et à viser plus haut pour aller redonner plus tard à nos communautés et de commencer à guérir nos communautés des blessures intergénérationnelles. »

Partenariat des différents gouvernements

Le gouvernement du Québec a contribué à hauteur de plus de 22 M $ au projet via le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Société d’habitation du Québec et du Secrétariat aux relations avec les Premières nations et les Inuits.

La participation du gouvernement fédéral atteint plus de 14,6 M $, majoritairement par la première Entente Canada-Québec concernant l’Initiative pour la création rapide de logements lancée en 2020.

« Quand on quitte sa communauté, la réalité du quotidien peut devenir plus difficile, a mentionné le député de Saint-Maurice-Champlain et ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne. On a un devoir collectif d’agir pour permettre à chacun et chacune de s’épanouir. Le logement abordable et culturellement adapté c’est souvent la clé du succès pour poursuivre des études postsecondaires. On se donne les moyens de nos ambitions. On ouvre un monde d’opportunités à des générations de jeunes autochtones. »

Après Sept-Îles la semaine dernière, Trois-Rivières devient la deuxième région au pays à voir s’ériger un tel milieu de vie. Le ministre Ian Lafrenière a révélé que les prochaines annonces concerneront Québec et Chibougamau.

« C’est le genre de projet qui ne rentrait absolument pas dans les petites cases qu’on avait. Ça demandait beaucoup d’adaptation. On a su innover. C’est un milieu de vie qui est fait par et pour les Autochtones. »

« On se démarque à Trois-Rivières par la qualité, reconnue même à l’échelle internationale, de nos établissements d’enseignements, notamment l’UQTR et le Cégep, a rappelé le député de Trois-Rivières et ministre du Travail et ministre responsable des régions de la Mauricie, de l’Abitibi-Témiscamingue et du Nord-du-Québec, Jean Boulet. Les familles qui choisissent Trois-Rivières le font pour une variété de raisons. Près de 500 étudiants autochtones adultes profitent de l’environnement académique de Trois-Rivières qui répond à plein de besoins humains, sociaux, économiques. »

Une contribution de près de 600 000 $ provient de la Ville de Trois-Rivières qui accorde également un congé de taxes de 20 ans à Waska Witcihitowin.

« Trois-Rivières est déjà fière de pouvoir compter parmi ses citoyens des gens issus des Premières nations, a indiqué le maire Jean Lamarche. Trois-Rivières atteint des niveaux records en termes d’inclusion et d’accueil. Trois-Rivières est un lieu reconnaissant, du passé et du présent, de l’apport des Premières nations. »

Écosystème pédagogique

La vice-cheffe du Conseil des Atikamekw de Wemotaci, Alys Quoquochi, a souligné les opportunités tangibles pour celles et ceux qui souhaitent se développer en poursuivant des études supérieures.

« Je les encourage et on a besoin d’eux parce ce qu’on a tellement de développement à faire chez nous. Des médecins, on va en avoir besoin, tout le temps. Il faut qu’on pousse nos étudiants à aller vers ces choix-là, qui ne sont peut-être pas communs, et de revenir en communauté, un diplôme en main. »

Le recteur de l’UQTR, Christian Blanchette, applaudit la construction du complexe immobilier à quelques pas de l’université.

« On accueillera plusieurs jeunes mères et pères de famille qui s’inscrivent aux études supérieures. Nous souhaitons vivement contribuer à leur épanouissement en les soutenant et en les accompagnant vers la réussite de leur projet d’études. Nous sommes choyés de voir ce lieu magnifique qui permettra à nos étudiants de recréer un milieu de vie loin de leur nation. Les engagements de l’UQTR ont été élaborés avec la volonté de tisser des liens durables, ca veut dire transformer notre milieu de vie et d’études pour en faire un environnement sain, juste et équitable pour les étudiants autochtones. »

Le directeur général du Cégep de Trois-Rivières, Éric Millette, espère que le nombre d’étudiants autochtones continuera d’augmenter avec le temps.

« Au cours des dix dernières années, le Cégep a diplômé 188 étudiants autochtones. On est impatients de voir les retombées de la résidence au cours des prochaines années et de voir de plus en plus d’étudiants inscrits chez nous. »