Une étude favorable au vélodrome à Trois-Rivières

VÉLODROME. L’arrivée de deux concurrents dans la course à la construction d’un premier vélodrome couvert au Québec est venue quelque peu refroidir les rêves de Michel Jean pour la capitale régionale. Une étude de préfaisabilité avance toutefois que Trois-Rivières serait la favorite du « groupe des trois » pour accueillir l’ovale.

Un groupe de huit étudiants à la maîtrise en gestion de l’Université du Québec à Trois-Rivières a été mandaté pour rédiger l’étude de préfaisabilité du projet du promoteur trifluvien Michel Jean.  

Les trois sites potentiels pour accueillir un vélodrome, soit Montréal, Bromont, et Trois-Rivières, ont fait l’objet d’une analyse. « Ils présentent chacun des atouts considérables  », a convenu le professeur de gestion organisationnelle de projets, Christophe Bredillet. « Ce qu’on peut dire, sous un œil non partisan, c’est que le projet trifluvien semble être la solution rationnelle la plus intéressante. »

« Les éléments factuels de l’étude nous font dire que Trois-Rivières est bien localisé pour accueillir un vélodrome. Nous n’avons pas les lunettes roses de Michel Jean, mais il y a un réel potentiel », a renchéri l’étudiant aux commandes de l’étude, Guy Bordelau.

La position centrale de la ville, croit-il, lui donne une longueur d’avance dans la course à trois. Un vélodrome situé à Trois-Rivières pourrait facilement attirer des cyclistes de partout au Québec. Présentement, le vélodrome le plus proche pour s’entraîner l’hiver se trouve à plus de six heures de voiture de Montréal, à Milton, en Ontario. La demande est donc forte pour une infrastructure du genre dans la province.

En tout, l’étude s’articule autour de quatre volets : le marketing, la technique organisationnelle, l’impact socio-environnemental et la dimension financière. Le dernier aspect a notamment permis de valider les premières estimations du promoteur ; la facture du vélodrome s’élèverait à 12 millions de dollars. 

Une étude de préfaisabilité n’est toutefois qu’un aperçu général des choses, prévient l’enseignant. C’est au promoteur d’en tirer ses propres conclusions. « Il pourra toutefois s’appuyer sur ce document pour donner du poids à ses arguments lors des négociations », a déclaré le chargé de projet.

Après trois mois de travail, c’est un rapport étoffé de 75 pages qui a été remis entre les mains de Michel Jean en janvier dernier. Rejoint par TC Media, Michel Jean a indiqué vouloir prendre entièrement connaissance des résultats de l’étude avant de commenter à nouveau son projet. 

Deux scénarios sur la table

L’étude s’est également penchée sur deux scénarios. Dans le premier, Michel Jean fait cavalier seul et dans l’autre, le projet se réalise en partenariat avec l’administration du Complexe sportif Alphonse-Desjardins (CSAD). En effet, l’ovale de 250 mètres viendrait ajouter à l’offre du centre sportif.

De leur côté, on indique avoir été approché par le promoteur, mais on demeure prudent. « Si le projet obtenait le financement nécessaire à sa réalisation, on pourrait envisager la possibilité d’en être le gestionnaire », a déclaré le directeur général du CSAD, Daniel Labrecque.

De plus, le CSAD est associé au programme de sport-étude en cyclisme de l’établissement secondaire l’Académie des Estacades, à Trois-Rivières.

Le promoteur trifluvien avait déjà exprimé sa volonté de doter « la province d’un premier programme complet de sport-étude en cyclisme, du secondaire à l’université ». Trois-Rivières possède déjà un établissement universitaire. D’ailleurs, le Département des sciences de l’activité physique mène des recherches pour développer de nouvelles technologies liées aux performances sportives en natation… Et en cyclisme.

La seule chose qui manque pour développer les sports cyclistes, c’est un site d’entraînement de qualité. 

Trois-Rivières n’est plus seule dans la course

En septembre dernier, le promoteur et féru de cyclisme Michel Jean avait révélé au grand jour le rêve qu’il caressait depuis de nombreuses années déjà pour sa ville : un vélodrome intérieur exploité à l’année.

De nombreux projets de vélodrome intérieur au Québec ont été couchés sur papier au fil des années, sans jamais sortir de terre. Le Trifluvien reprend ainsi le flambeau laissé par d’autres.

Lorsqu’il a commencé son plan d’affaires, il avait eu « la confirmation du directeur général de la Fédération québécoise des sports cyclistes, Louis Barbeau, qu’aucun projet de vélodrome n’était actif au Québec », avait affirmé Michel Jean sur la page Facebook dédiée au futur vélodrome trifluvien.

L’annonce du contraire est tombée en novembre. Un projet similaire est sur les rails à Montréal, alors que Bromont souhaite faire recouvrir sa piste olympique.

Le hasard fait drôlement les choses, avait-il écrit, au même moment, les étudiants en gestion de l’Université du Québec à Trois-Rivières mandaté pour rédiger l’étude de préfaisabilité lui demandaient si d’autres projets similaires étaient actifs. « La réponse est oui. »

« Ce qui arrive actuellement est néfaste pour tous », avait admis Michel Jean sur le réseau social. « Nos plans d’affaires sont basés sur le même bassin d’utilisateur. Il faut comprendre que le premier vélodrome qui sera mis en service au Québec freinera l’arrivée du suivant pour une longue période. »

Peu importe la qualité du projet, c’est le premier qui obtiendra le financement requis qui ira de l’avant, craint-il. Il reste toutefois convaincu qu’un vélodrome intérieur à Trois-Rivières est réalisable et rapportera des retombées importantes. 

Des appuis à la grandeur du Québec

L’étude de préfaisabilité n’était qu’une des nombreuses étapes avant d’espérer assister à la première pelletée de terre. Michel Jean doit d’abord préparer le terrain et se trouver des alliés.

Il a déjà reçu plus d’une quinzaine de lettres de clubs de cyclistes de la province en soutien au projet. Ils viennent de la Mauricie, de Chambly, de Québec, mais aussi de l’Abitibi. Si Trois-Rivières se dote d’un vélodrome, ces derniers s’engagent à y organiser des activités avec leurs membres.

Ces signatures ajouteront du poids lors des négociations auprès de futurs investisseurs. En effet, le promoteur souhaite que le projet soit entièrement financé par le gouvernement, la Ville de Trois-Rivières et la communauté des cyclistes. Une campagne de financement doit être mise sur pied.

Le promoteur est aussi à la recherche de partenaires pour rentabiliser l’espace centrale de la piste. Des sports comme le dekhockey, le BMX et le skate sont à l’étude.

« Lors de notre dernière rencontre, il y a trois semaines, l’intention de Michel Jean était claire : il veut aller jusqu’au bout de son projet », a terminé celui qui a piloté l’étude de préfaisabilité, Guy Bordeleau.