Profession: agent de joueurs dans la LNH
Plusieurs intervenants gravitent dans le monde du hockey professionnel. Il y a tout d’abord les joueurs, les entraîneurs, les dirigeants et bien entendu les agents de joueurs. Du nombre des agents certifiés par l’Association des joueurs de la Ligue nationale (AJLNH), on retrouve le Trifluvien Paul Corbeil.
Établi dans la capitale régionale depuis 1994 avec son agence Paraphe Sports-Management qu’il a fondée avec son ancien associé Luc Bouthillier, M. Corbeil conseille une trentaine de hockeyeurs professionnels.
À ce titre, Marc-André Bergeron du Lightning de Tampa Bay, Alexandre Burrows des Canucks de Vancouver et Ryane Clowe des Sharks de San Jose figurent parmi ses clients les plus renommés.
Coup de cœur
Mais quel est donc le secret de son succès?
«Il y a différents types d’agents comme dans n’importe quel métier. Nous avons tous des qualités dominantes. Pour certains, ce qui prime est la prospection de jeunes talents. Pour ma part, ce qui m’anime le plus est la recherche d’opportunités pour les joueurs lorsqu’ils terminent leur carrière junior. Plusieurs de mes clients, qui ont atteint la Ligue nationale, ont pris différents chemins. C’est certain qu’avec Paraphe, on regarde les plus jeunes également, mais tous les agents font ça», avise M. Corbeil.
Le dicton qui se ressemble s’assemble s’applique à merveille dans le cas de l’agence Paraphe lorsque vient le temps de représenter un joueur.
«C’est souvent un coup de cœur et nous avons des prototypes dans lesquels nous nous reconnaissons un peu plus», rajoute-t-il.
Le chemin à prendre
Il n’y a pas de ligne directrice pour devenir un agent de joueurs.
«Ça ne prend pas nécessairement une formation spécifique. Certains sont d’anciens joueurs, d’autres des avocats, et, en ce qui me concerne, je suis le seul agent de l’AJLNH qui est notaire de formation. Il faut simplement avoir la passion pour le sport», fait observer le Trifluvien.
«C’est justement ma profession de notaire qui m’a permis de rencontrer la famille d’Éric Messier à l’époque des Draveurs de Trois-Rivières. Par la suite, alors qu’il jouait avec les Patriotes de l’UQTR, je l’ai mis en contact avec Bob Hartley. Ensemble, ils ont gagné la Coupe Calder dans la Ligue américaine et ensuite la Coupe Stanley avec l’Avalanche du Colorado. Ça a été l’élément déclencheur pour Paraphe», renseigne-t-il.
Sur un pied d’égalité
Toutefois, M. Corbeil n’a pas de préféré lorsqu’on lui demande lequel de ses clients constitue la plus belle fierté de l’entreprise.
«Ils ont tous leur propre histoire. Leurs points communs sont qu’ils ont tous beaucoup de persévérance et de caractère. À leur façon, ils ont créé leur propre voie», soutient-il.
Multipliant les contacts afin de toujours trouver la meilleure option pour ses clients, le grand Manitou de Paraphe ne lésine pas sur les communications autant par téléphone que par courriel, et ce, peu importe les saisons.
«Je suis un vendeur comme un agent d’immeuble. Je me fais souvent demander si mon quotidien ressemble plus à celui de Jerry Maguire ou à celui de Pierre Lambert. Dans mon cas, c’est beaucoup plus à celui d’Hollywood en raison des émotions en jeu», fait-il savoir.
«Malgré les millions, ils paient le prix»
Plusieurs critiquent les salaires versés aux joueurs de hockey professionnels. De son côté, M. Corbeil n’y voit pas d’inconvénient.
«On n’a pas idée des sacrifices qu’un joueur doit faire. Ces gars-là s’entraînent pendant 11 mois, jouent plus de 100 matchs par année et devront vivre avec une usure prématurée de leur corps. Malgré les millions, ils paient le prix. Le domaine du sport est dans un contexte de libre marché et je ne vois pas pourquoi un athlète ne ferait pas deux millions pendant qu’une actrice reçoit 10 millions pour faire un film. Personne ne vaut ça, mais il y a un marché», confie-t-il.
La collation des grades
Les repêchages, autant dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec que dans la Ligue nationale de hockey, arrivent à grands pas. Un moment attendu par les joueurs et les agents.
«On vend nos clients toute l’année et le repêchage est le point culminant. C’est un peu comme la collation des grades. Par contre certains joueurs passent sous les projecteurs. Pour eux, cette étape est loin d’être une finalité en soi», fait mention M. Corbeil.
Pour passionnés seulement
On pourrait croire que le métier d’agent permet de vivre une vie de pacha. La réalité est bien différente.
«Avec le temps, ça devient payant, mais c’est comme n’importe quelle entreprise. Au début c’est plus difficile. Quelquefois, il faut investir beaucoup pour avoir des résultats et ça, ça peut être long», conclut M. Corbeil.