Pierre Baillargeon abat les records à 70 ans

Pierre Baillargeon est un ancien professeur de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) qui n’a jamais cessé l’entraînement. Puis à l’âge de la retraite, il a préconisé la dynamophilie plutôt que la marche ou le vélo. 

« J’étais professeur à l’UQTR et je m’entraînais ici, au Centre de l’activité physique et sportive (CAPS). Je ne m’entraînais pas pour faire des compétitions, mais pour garder la forme. Ensuite, je suis allé dans un gymnase spécialisé pour dynamiser mon entraînement et corriger ma technique. À ce gymnase-là, il participait à des compétitions alors c’était parfait. J’ai ensuite fréquenté un autre gymnase qui eux aussi offrait de la dynamophilie. Ensuite, je me suis inscrit à la Fédération québécoise de dynamophilie (2019), qui sont affiliés au Canadian Powerlifting Union, qui eux sont affiliés l’International Power Lifting Federation », explique-t-il.

« Avant 65 ans, je ne savais même pas que ça existait, lance-t-il en riant. Mais de l’âge de 10 à 30 ans, j’ai pratiqué le judo et j’étais membre de l’équipe nationale de judo. Je m’entraînais pour les Jeux olympiques de 1976. Ensuite, j’ai dû choisir entre trois autres années d’entraînement ou partir en appartement et travailler. J’ai choisi de délaisser le sport. J’ai toujours eu le background sportif, la discipline, la rigueur et la perfection des techniques. »

Cinq ans plus tard, le Trifluvien vient d’intégrer la classe Master 4 (70 ans et +). Puis à son premier championnat canadien dans sa nouvelle catégorie, il a décidé d’abattre deux records canadiens, rien de moins.

« Notre premier essai se veut un essai qu’on sait faire facilement en salle. Notre deuxième essai nous permet de forcer un peu plus et au troisième essai, on essaie quelque chose qu’on ne réussit pas toujours en salle. En Squat (genoux fléchis avec barre aux épaules), j’ai réalisé 185 kg (405 lb) et le record canadien était de 178 kg. Ensuite, j’ai réussi le 125 kg au Bench press (levée de barre au banc, étendu sur le dos). Je n’ai pas réussi le 135 kg (le record était de 132.5 kg) », détaille-t-il.

« Au Deadlift, j’ai été cherché mon deuxième record canadien en essayant le 215 kg et 230 kg. Je n’ai pas tenté le 235 kg qui aurait été le record mondial parce que je m’étais étiré un muscle ischio-jambier quelque jours avant de partir alors je n’ai pas pris de chances », raconte celui qui en était à sa 4e présence aux Championnats canadiens.

« Avec mes résultats, je fais maintenant partie de l’équipe canadienne et j’ai ma place au Championnat mondial, le 8 octobre prochain, à Kuala Lumpur, en Mongolie. Je vais continuer mon programme préparé par Michaël Bournival (ancien joueur de hockey professionnel) qui est devenu mon entraîneur l’an dernier. Je m’entraînais en haut (au CAPS) et comme je prenais des charges de fou, je passais pour une bibitte de cirque alors j’ai demandé à descendre au gymnase au sous-sol (rires). C’est là qu’on m’a présenté Michaël. Il est très compétent et très ordonné dans la préparation. Il connaît ça! »

Se battre soi-même

Bien qu’il soit fier de ses résultats et de ses tout nouveaux records, Pierre Baillargeon demeure humble et ne dérogera pas de sa philosophie. Pour lui, le but premier ne sera jamais de vaincre les autres athlètes.

« Je ne vais jamais voir les résultats des premiers compétiteurs. Le but, c’est toujours de me battre moi-même. Si j’arrive à me battre, et que j’ai un podium ou un record, c’est un bonus. Lorsque tu es plus jeune, tu regardes ça davantage parce que l’esprit de compétitions est beaucoup plus là. Qu’est-ce que je veux moi? Me battre moi-même pour conserver une belle qualité de vie », lance-t-il.

« Ce n’est pas toujours facile par contre. Le processus pour se rendre à une compétition est vraiment le fun. La journée de la compétition, ce n’est vraiment pas le fun. Mais le fait d’avoir cette date de tombée-là m’oblige à avoir de la rigueur dans mes entraînements pour arriver à mes objectifs. (…) Je vais continuer, sans doute. J’adore ça et ça me permet de rester en forme. Vous savez, si un arbre tombe au chalet, je n’ai pas besoin de téléphoner à personne », conclut-il avec une pointe d’humour.