L’homme qui ne prend pas l’ascenseur

Serge Désaulniers ne prend pas l’ascenseur, sauf lorsqu’il doit déplacer une civière. Il préfère les escaliers: les monter, les descendre, les remonter, les redescendre…Et en février, il prendra d’assaut celui de l’Empire State Building pour la traditionnelle course de 86 étages qui s’y tient d’année en année.

«Je trouvais que c’était une course de fous!» s’exclame-t-il en riant.

L’Empire State Building Run-Up consiste en une course dans la cage d’escalier du bâtiment. Le but: arriver en pole position devant les 150 coureurs au 86e étage. Une véritable escalade de 1576 marches.

«Ça fait deux ans que je m’entraîne en montant et descendant des escaliers à la course. C’est un peu par hasard si j’ai découvert ça. Je voyais des joggeurs qui les montaient une ou deux fois puis reprenaient leur route. J’ai décidé d’essayer, par curiosité. Depuis, je monte l’équivalent de 400 étages pendant mes entraînements», raconte M. Désaulniers. «Ce sera ma première expérience à l’Empire State Building Run-Up. J’ai vraiment hâte», ajoute-t-il.

L’habitué de l’escalier de la rue Ste-Marguerite se montre même optimiste quant au temps qu’il pourrait réaliser.

«Le gagnant cette année a fait un temps de 10 minutes et 16 secondes, soit une moyenne de 6,9 secondes par étage. La mienne est d’environ 6,2 secondes par étage. La différence cependant, c’est qu’à New York, il s’agit d’étages de 18 marches et ceux que j’utilise, 12», explique-t-il.

Terre inconnue

«Mais je ne me fixe pas d’objectif, précise M. Désaulniers. Il y a encore trop d’inconnu. Mais me rendre en haut serait déjà une récompense en soi.»

La course, c’est qu’elle commence dans le grand hall. Dès que le signal de départ est donné, tous les coureurs s’élancent vers une porte des plus normales et c’est l’ascension qui commence. Le corridor est étroit, ça joue du coude. Chaque petit détail comptera pour le Trifluvien: la largeur de la cage d’escalier, l’angle des marches, la ventilation, le fait que les escaliers tournent vers la droite…

«Je suis habitué de m’entraîner à l’extérieur alors je ne sais pas ce qu’il va arriver si ce n’est pas ventilé par exemple et je n’ai pas trouvé d’escaliers assez grands qui tournent vers la droite ici. Ils tournent tous à gauche! J’ignore si ça va changer quelque chose. Et impossible de voir des plans pour se donner une idée des détails depuis les attentats du World Trade Center», indique-t-il.

Sport peu commun

Monter et descendre des escaliers n’est pas une activité commune et Serge Désaulniers s’en est rapidement rendu compte au fil de son entraînement.

«Dans la rue, les gens pensent que je suis fou et d’autres m’encouragent. Il y a même des personnes qui m’ont dit: "on va se cotiser dans le quartier pour t’acheter un escalier roulant!"» dit-il en souriant.

«Mais c’est comme une drogue. Quand je ne peux pas courir pendant quelques jours à cause de la météo, je suis dû. Je ne tiens plus en place.»

Et chose certaine, lorsqu’il devra descendre du 86e étage de l’Empire State Building, il prendra les escaliers!