Le mur des Patriotes

Alexis Gravel a amorcé la saison dans la ECHL, au Texas, avec les Americans d’Allen. Jamais il n’aurait pu imaginer ce qui l’attendait, le dimanche 3 avril, tout près d’Halifax, là où il a disputé ses cinq saisons dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ).

Le Natif D’Asbestos en a mis plein la vue en séries éliminatoires. Il a d’abord aidé les Patriotes de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) à remporter la Coupe Queen en signant des victoires de 6-1, 6-3, 1-0 et 3-1. Si vous faites le calcul, il n’a donné que cinq maigres buts en quatre matchs.

« On a connu une très bonne saison, même si on aurait voulu jouer plus de matchs (pause COVID). Puis, lorsque Tristan Côté Cazenave est parti dans la ECHL, à Noël, j’ai su que j’allais voir la majorité de l’action d’ici la fin. Il s’agissait de séries à élimination simple, alors on est sorti fort et les gars ont bien joué. On prenait souvent les devants tôt dans le match, ce qui augmentait la confiance », lance-t-il d’emblée.

« On était vraiment une équipe en mission et tous les gars étaient proches les uns des autres. On n’a pas paniqué dans les moments d’adversité et aujourd’hui, on est tous fiers de nous. »

Une fois débarqué en Nouvelle-Écosse avec ses coéquipiers, Gravel a gardé le même état d’esprit. Les Patriotes ont éliminé les Thunderbirds de l’Université de la Colombie-Britannique (UBC) 2 à 1, avant d’écraser les Rams de l’Université Ryerson au pointage de 7 à 2 en demi-finale.

Trois-Rivières avait donc rendez-vous en finale face à l’Alberta. Gravel était envoyé dans la mêlée pour un troisième match en trois soirs. En déficit 4 à 2 en troisième période, les Pats sont revenus de l’arrière pour l’emporter en deuxième période de prolongation.

« J’ai déjà vécu ça, notamment à Halifax, lorsque j’avais 16 ans. Le gardien #1 s’était blessé et j’avais eu 21 départs de suite, de mémoire. Par chance que nous joueurs étaient en forme parce qu’on le savait que pour gagner, il fallait jouer trois matchs trois soirs. C’est sûr qu’en finale, c’était dur physiquement », concède-t-il.

« Avec l’adrénaline, tu ne ressens pas vraiment la fatigue. Mais à notre retour chez nous, en plus des 13 heures d’autobus, là j’ai eu le down. Lorsque les gars ont ramené le pointage à 4-4, ils m’ont donné confiance. Ils n’ont pas lâché et on avait une chance de gagner. Remporter un championnat canadien, c’est rare. Ça ne se présente pas à tous les jours. Je me suis mis dans mon mindset qu’il n’y avait plus une rondelle qui allait rentrer dans le but. »

L’importance du coach

L’entraîneur-chef de longue date des Pats, Marc-Étienne Hubert, remporte ainsi son premier championnat canadien derrière le banc, lui qui l’avait remporté en tant que joueur, en 2003.

« On doit donner beaucoup de crédit à Marc-Étienne, confie le gardien. C’est lui qui avait lancé le mouvement On veut jouer lors de la pause COVID-19 et aujourd’hui, c’est venu payer. C’est comme si en ramenant le titre au Québec, on est venu prouver pourquoi on voulait jouer. Marc-Étienne est un coach spécial et exceptionnel et il mérite son succès. »

Celui qui aura 23 ans bientôt en était à sa première universitaire. Il pourrait demeurer un Patriotes pour encore deux ou trois ans. Or, il se pourrait bien que ses récents exploits lui valent quelques coups de téléphone. Rappelons qu’en 2018, il avait été repêché par les Blackhawks de Chicago.

« En théorie, si vous me demandez où je joue l’an prochain, je vous répondrai avec les Patriotes. Si jamais je recevais une offre professionnelle ou une chance dans la Ligue américaine de hockey (LAH), c’est sûr que je vais écouter », témoigne-t-il.

Et si l’appel provenait des Lions de Trois-Rivières? « Je ne vois pas l’intérêt pour moi d’aller jouer dans la ECHL parce que je veux terminer mes études et le hockey U Sports est un excellent calibre », conclut-il.