Le judo idéal pour les malvoyants

L’offre sportive est beaucoup moins grande chez les enfants malvoyants, mais à Trois-Rivières, le Club de judo Seikidokan a pris la décision d’aller de l’avant en ouvrant ses portes à une activité d’initiation pour les jeunes de 5 à 8 ans vivant avec un handicap visuel. Déjà membre du club depuis deux ans, Éliam Moreau fut une véritable inspiration pour deux autres jeunes athlètes, dont Lucas Lord-Bédard.

« Ça fait maintenant deux ans que je fais du judo, lance Liam, âgé de 6 ans. J’adore faire des prises avec les autres, surtout la prise du divan (Gesa Gatame). Ce qui est le plus dur, c’est la crevette (pour échapper à une prise). Je suis content d’avoir découvert ce sport et je veux en faire longtemps, longtemps, même full longtemps. »

Éliam ne pratiquait pas vraiment d’activité sportive avant de découvrir sa nouvelle passion, outre les cours d’éducation physique à son école.

« Il est jeune et il doit dépenser son énergie, alors on est venu l’essayer et ç’a tout de suite cliqué, lance pour sa part le paternel, qui lui aussi est tombé en amour avec le sport. Ça lui permet de dépenser de l’énergie sans se blesser aussi. Ce qui était difficile, ce n’était pas de s’adapter, mais d’adapter le cours à la personne malvoyante. Lorsque l’exercice est démontré devant, c’est facile à comprendre, mais l’expliquer avec des mots pour Éliam, pour comprendre comment le faire, c’est une autre histoire. Par contre, on s’est habitué assez rapidement. »

Éliam est malvoyant de naissance. Il possède plus ou moins 5% de vision. 

« C’est excellent pour tout ce qui niveau sensoriel, en plus de faire des déplacements et d’apprendre à tomber sans se blesser », ajoute papa. 

Tel que mentionné plus tôt, le jeune trifluvien a également inspiré deux autres jeunes adeptes malvoyants à essayer le judo, ce qui n’est pas peu dire comme accomplissement.

« Éliam ne s’en rend peut-être pas compte comme nous, mais c’est gratifiant de voir qu’il a inspiré quelqu’un d’autre à essayer le sport que lui pratique. Il y en a même un qui va participer à une compétition à Drummondville. L’an prochain, il va peut-être rejoindre les cours réguliers plutôt que le cours parent-enfant », ajoute le père.

« Lorsque Éliam va rejoindre les cours réguliers, ça va être une autre dynamique pour lui plutôt que de s’entraîner avec son père », renchérit le président du Club de judo Seikidokan, Jean-François Piché. « Ça aide vraiment au développement de l’athlète également. Outre tout l’aspect social parce qu’on devient vraiment une famille ici avec les autres athlètes et les autres parents, le judo permet de développer certains aspects de la motricité, dont l’équilibre et le mouvement. Nos athlètes travaillent aussi l’anticipation et l’art de tomber sans se blesser. »

Suivre les traces d’Éliam…

Lucas Lord-Bédard est tout nouveau sur le tatami trifluvien, lui qui soufflera bientôt ses dixièmes chandelles.

« Ça fait un mois et demi que je pratique le judo. J’avais vu le reportage à la télévision qui annonçait qu’il y aurait des portes ouvertes au club de judo pour les malvoyants. Je ne faisais pas d’autres sports et j’avais essayé le baseball, mais il n’y en a plus maintenant », confie-t-il, tout sourire.

« J’aime tout du judo. Si je vois quelqu’un faire une manœuvre que je ne peux pas faire, je vais quand même essayer de la faire, un peu comme lui. Ç’a été facile de rentrer dans les cours puisqu’on m’a bien accueilli. Le judo, ce n’est pas que l’importance de voir, car le toucher aussi est très important. »

Lorsque Lucas a signalé son intérêt pour le judo, ses parents n’ont pas hésité à lui faire essayer le sport.

« On a décidé de prendre contact avec le club ici et ils nous ont dit de venir. Il a tout de suite aimé ça et maintenant, on vient les lundi et mercredi, explique Richard Bédard, le paternel. On est très fier parce que ça lui permet de bouger. Tout ce qui n’est pas sport de ballon ou de frisbee, Lucas avait de la difficulté à le pratiquer parce qu’il possède une vision 1/12 alors ce qu’on voit à 120 pieds, lui il faudrait que ce soit à 10 pieds. Il voit les objets qui viennent vers lui, mais à la dernière seconde. Bref, avec sa vision diminuée, ils ne voient pas bien les objets en mouvement. »

« On va toujours l’encourager là-dedans, ajoute sa maman, Nancy Lord. S’il aime encore ça rendu là, il y a même une option sport-études au secondaire qui serait disponible pour lui. De plus, Lucas veut être identifié au même type que les autres enfants, et non à part. Et ici, c’est ce que le club offre. » 

De son côté, le président du club est catégorique: son club est ouvert à tout le monde, sans limitation précise.

« Le judo est un sport de contact, mais sans coup. C’est un sport de touché, avec des prises, alors une personne malvoyante a la sensation au touché. Ce sont les autres sens qui sont prédominants dans un sport comme celui-là », explique-t-il. « On a commencé avec un enfant et nous sommes rendus à trois. On n’a pas de limite! Si on peut donner la chance à des jeunes à découvrir une nouvelle passion, on va le faire. »

« On a vu une nette amélioration et une évolution dans nos jeunes depuis leur arrivée. Ils vont avoir les mêmes grades que nos autres jeunes également. Ce n’est pas parce qu’ils ont un handicap visuel qu’ils seront traités différemment. Pour moi, ce n’est pas vraiment un handicap non plus parce qu’ils ont des facultés qui vont nous aider. Leur vision est différente de la nôtre, mais par contre, si on regarde la situation, ils vont nous en apprendre comme on va leur en apprendre. C’est un partage de connaissances », conclut-il.

Pour toutes informations à propos du club trifluvien: https://www.judotroisrivieres.com/.