Laurence Vincent-Lapointe se retire avec le sentiment du devoir accompli

Babe Ruth a longtemps dominé son sport, tout comme Michael Schumacher en Formule 1 ou encore Mikaël Kingsbury en ski de bosses. C’était aussi le cas de Laurence Vincent-Lapointe en canoë-kayak de vitesse. Récemment, elle a enfin pu vivre son rêve de participer aux Jeux olympiques après sa période de suspension et aujourd’hui, l’heure de la retraite sportive a sonné pour la Trifluvienne.

Laurence n’a pas chômé à Tokyo. Elle a d’abord remporté la médaille d’argent en solitaire avant de décrocher la médaille de bronze en C2 avec sa partenaire Katie Vincent. La semaine dernière, elle a pris la décision de se concentrer sur sa carrière professionnelle.

« J’ai vraiment pris mon temps avant de prendre ma décision, alors ce n’est pas une décision crève-cœur. Je pense aussi que c’est ce qui fait que je sois aussi à l’aise et zen avec ça », a-t-elle d’abord confié. « Lorsque j’ai vu mes coéquipiers retourner en camp d’entraînement, je me suis dit que ce serait le fun d’être avec eux. Puis rapidement, j’ai senti que ma motivation avait descendu de beaucoup et j’avais l’impression que j’avais tout accompli ce que je voulais. »

« Les gens m’ont dit d’y réfléchir sérieusement. On me disait que les prochains championnats du monde sont au Canada, alors que ce serait le fun de me voir dans un bateau d’équipe. J’ai trouvé ça le fun, mais plus ma session universitaire avançait, ma motivation diminuait. Je n’ai plus la motivation pour m’entraîner comme un athlète doit le faire. Pour me garder en forme, ça va, mais pas au niveau d’un athlète. »

Sa fin de carrière en aura été une très mouvementée. Elle a d’abord été accusée de dopage, suspendue, puis blanchie à l’aube des Jeux olympiques… où elle a mis la main sur deux médailles! La Trifluvienne ne peut qu’être fière de toutes ces années d’efforts et d’accomplissement. 

« Il y a beaucoup de choses dont je suis fière, notamment mon retour à la compétition après la saga de 2019. J’ai tout de même continué, je n’ai jamais lâché et j’ai travaillé fort pour faire les Jeux olympiques. Je suis demeurée passionnée et j’ai été résiliente. Je suis fière aussi que les femmes puissent enfin avoir leur place aux Jeux olympiques. Ç’a été difficile de se battre pour faire notre place. J’ai d’ailleurs toujours connu de la négativité tout au long de ma carrière », témoigne-t-elle.

« Je n’oublierai jamais cette compétition en 2011, en Pologne, où l’annonceur maison avait oublié de fermer son micro alors qu’on approchait la ligne de départ et il nous insultait par rapport à ce qu’on soit des femmes en canoë-kayak. Aujourd’hui, toutes les jeunes filles ont le droit de rêver aux Jeux olympiques », renchérit Laurence Vincent-Lapointe.

« Je suis fière aussi d’avoir été #1 si longtemps. Combien de fois mes parents se sont fait dire que j’avais de la chance ou qu’il n’y avait pas beaucoup de femmes contre moi? Parfois, lorsqu’un athlète gagne, on se dit qu’il va rester au sommet un an, ou deux ans s’il est chanceux? C’est certain que je suis fière d’être restée là longtemps, même lorsque le niveau de notre sport est devenu si élevé », a-t-elle confié.

Laurence entend maintenant se concentrer sur sa deuxième carrière, soit celle de physiothérapeute, elle qui en est à sa première année d’études universitaires. Elle quitte sa carrière d’athlète la tête haute, sans aucun regret… sauf celui de ne pas avoir acheté le magnifique couteau qu’elle avait vu au Japon en 2018!