50 ans de souvenir pour André «Le Moose» Dupont

Il y a maintenant 50 années d’écoulées depuis qu’André «Le Moose» Dupont donnait ses premiers coups de patin à Madison Square Garden, New York. Sans le savoir, le premier choix des Rangers – 8e au total – allait marquer l’histoire trois ans plus tard…

Le Trifluvien de 71 ans n’aura disputé que 7 matchs dans l’uniforme new-yorkais avant de prendre la direction de Saint-Louis notamment sous les ordres du Trifluvien Jean-Guy Talbot, à la suite d’un échange survenu entre les deux équipes,

«New York m’avait repêché en première ronde et pendant ma deuxième année, ils m’ont échangé aux Blues pour Gene Carr. Ils voulaient absolument avoir le jeune Carr qui devait devenir une super vedette dans la Ligue nationale. Ç’a été bien pour moi parce que ça m’a permis de commencer à jouer régulier à Saint-Louis. J’étais coaché par Al Arbour et à ma deuxième année, c’est Jean-Guy Talbot qui nous a coachés», se souvient-il.

«Ensuite, les Blues ont transigé avec les Flyers et c’est Fred Shero qui coachait à Philadelphie. J’avais joué pour lui dans les ligues mineures et on avait gagné le championnat dans la Ligue Centrale. Il me connaissait, il savait quel genre de joueur j’étais et il me voulait dans l’échange. Ç’a été une autre très bonne chose pour moi.»

Sans le savoir, la transaction l’envoyant à Philadelphie allait lui permettre de marquer l’histoire à jamais, quelques années plus tard. En effet, les Flyers allaient devenir les Broad Street Bullies dès 1972-1973, ce qui coïncide à l’arrivée du Trifluvien.

«Je suis resté là quasiment neuf ans et on est allé quatre fois en finale de la Coupe Stanley. Je n’ai d’ailleurs jamais manqué les séries éliminatoires dans ma carrière. On a gagné deux Coupes Stanley de suite avec les Flyers. Lorsque je suis arrivée là, la réputation des Broad Street Bullies était en train de se bâtir», explique-t-il.

«Je sais que tout le monde parlait des Broad Street Bullies et c’est encore le cas aujourd’hui, mais on avait une sacrée bonne équipe de hockey. On avait beaucoup de talent, mais personne n’en parle. On avait huit joueurs qui ont inscrit 20 buts.»

Chiffres impressionnants

La recette était gagnante. Outre le côté intimidation, les Flyers avaient beaucoup de vitesse et de joueurs renommés, leur permettant d’atteindre la finale de la Coupe Stanley trois ans de suite.

En 1972-1973, Dave Schultz récolta 259 minutes de pénalité, Bob Kelly 238, Don Saleski 205, Gary Dornhoefer 168 et le Moose 164. L’année suivante, Schultz grimpa à 348 minutes passées au cachot, tandis que Dupont suivait à 216, devant Saleski (131), Kelly (130) et Dornhoefer (125). En 1974-1975, Schultz dominait toujours, cette fois avec 472 minutes de pénalité, devant le Moose à 276 et l’attaquant vedette, Bobby Clarke (125). Malheureusement pour les Flyers, le Canadien avait eu le dessus en 1976.

«Le Canadien avait une bonne équipe et avait fini au premier rang total. Par contre, on a perdu le meilleur gardien de la ligue (Bernard Parent) et Rick MacLeish tout juste avant les séries alors c’est comme si le Canadien avait perdu Ken Dryden avant que les séries commencent. On n’aurait peut-être pas battu Montréal, mais la série aurait pu être différente. On a perdu tous nos matchs par un but et Bernard (Parent) faisait la différence d’au moins un but par match, facilement», concède celui qui a aussi participé à trois tournois de la Coupe Memorial en âge junior.

Champion deux fois

Bien qu’il n’ait pu soulever qu’à deux reprises le tant convoité trophée, ça demeure à ce jour ses souvenirs les plus mémorables.

«La coupe, c’est le but ultime de tous les joueurs de hockey. À notre première finale, on affrontait la grosse équipe du temps, les Bruins de Boston. Personne ne nous donnait de chances et on avait perdu le premier match en surtemps. Dans le deuxième match, on les a battus en surtemps, chez eux, avant de gagner les deux autres matchs chez nous. Le match numéro cinq, on a perdu 5 à 2, mais on est revenu gagner le match numéro six 1 à 0, à domicile», se remémore-t-il.

«Tu travailles pendant toute l’année pour devenir champion et lorsque ça arrive, c’est spécial. On célèbre en gang! On avait beaucoup de talent offensif. On avait Orest Kindrachuk qui jouait sur la troisième ligne et il ramassait 20 buts. Schultz et Saleski n’étaient pas juste des toughs, ils savaient jouer au hockey. Les gars avaient ramassé entre 15 et 20 buts.»

Dupont, qui a participé au match des étoiles en 1976, n’allait jamais déroger de son jeu robuste, suivant avec des saisons de 214 minutes de pénalité, 168, 225, 135 et 107 (en seulement 58 matchs). Il terminera sa carrière à 14 minutes du 2000 au total. Il occupe d’ailleurs le 56e rang de l’histoire de la LNH à ce chapitre.

«On avait du fun, mais on était toujours craintif dans toutes les bagarres. Celui qui me dit qu’il n’a pas peur, c’est faux. Chaque bagarre à laquelle tu prends part, tu es craintif. D’abord, on ne veut pas perdre. Deuxièmement, tu ne veux pas en manger une sur le nez. C’est normal, c’est l’humain en soi. On avait le courage de le faire, mais ça ne veut pas dire qu’on n’avait pas peur», témoigne-t-il.

Bannir les bagarres?

Le Moose est revenu au Québec pour terminer sa carrière. Il était capitaine des Nordiques, formation dirigée par nul autre que Michel Bergeron.

«Je suis arrivé dans les débuts des Nordiques et on avait toute une équipe de hockey avec Dale Hunter et les frères Stastny (et cinq marqueurs de 35 buts). On est allé en final de conférence contre les Islanders et je pensais réellement qu’on avait une chance d’aller en finale de la Coupe Stanley. Si on les avait battus, on allait affronter Vancouver en finale et on avait de très bonnes chances.»

Le robuste défenseur s’est retiré à 34 ans. Il est devenu recruteur pour les Sénateurs d’Ottawa et depuis 2000, il est conseiller de joueur avec l’agent Paul Corbeil.

«Le jeu a changé énormément et il est rendu axé sur la vitesse. En enlevant la ligne rouge, le jeu a changé de A à Z. Tout le monde est toujours en mouvement alors c’est beaucoup plus dur pour les défenseurs. Ils doivent être très rapides et très mobiles. Maintenant, la passe part d’en arrière du but et se rend jusqu’à la ligne bleue de l’autre côté», lance-t-il.

Celui qui a gagné sa vie en jetant les gants à maintes reprises, notamment, est à l’affut de la nouvelle réalité. D’ailleurs, l’abolition des bagarres dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ) est un sujet chaud présentement au Québec.

«Tout le monde fait un drame avec ça, mais je pense qu’il n’y a eu que quatre ou cinq bagarres dans le junior l’an dernier. Il n’y en a plus! C’est ridicule de faire un drame avec ça», a-t-il rappelé.

«Je pense que le hockey d’aujourd’hui est rendu là. La seule chose que je vois, c’est que ça apporte un peu plus de coups sournois derrière la caméra. Il y a plus de liberté aussi. Dans mon temps, les plus petits joueurs n’allaient pas achaler tout le monde parce qu’ils devaient payer le prix ensuite», conclut-il.