Rallycross polaire : pas de subvention de la Ville pour les activités familiales

Le Grand Prix de Trois-Rivières ne recevra pas l’aide financière de 100 000$ de la Ville de Trois-Rivières pour l’organisation des activités familiales au centre-ville dans le cadre du premier Rallycross polaire qui se tiendra du 31 janvier au 2 février à l’hippodrome de Trois-Rivières.

Seuls les conseillers Maryse Bellemare, Daniel Cournoyer, Valérie Renaud-Martin, Michel Cormier et Sabrina Roy ont voté en faveur de l’octroi de cette subvention. Le maire Jean Lamarche a également voté pour la résolution.

La salle publique était comble pour ce vote.

C’était d’ailleurs salle comble au conseil de ville. Du nombre, une trentaine de personnes se sont déplacées en appui au Grand Prix de Trois-Rivières. Ils côtoyaient notamment des  manifestants venus s’opposer à l’octroi d’une aide financière de 100 000$ en prévision des activités familiales en lien avec le Rallycross Polaire a aussi pris place sur le parvis de l’hôtel de ville.

Pour l’instigatrice de ce rassemblement, Véronique Houle, accorder une telle subvention contrevient à la Déclaration d’urgence climatique adoptée par la Ville de Trois-Rivières il y a quelques mois.

«Il faut absolument être conséquent avec les changements climatiques, prendre des décisions importantes et mettre les fonds publics au bon endroit afin de ne pas financer un projet qui contribue fortement à l’émission de gaz à effet de serre», lance Mme Houle.

«L’argument des retombées économiques, c’est la vieille cassette, poursuit-elle. Quand la planète sera finie, il n’y en aura plus de retombées économiques. Il faut penser à ça et arrêter de marteler l’argument que cet événement est bon pour l’économie. On ne peut plus promouvoir l’économie en martelant la planète.»

Mme Houle préférerait voir ces 100 000$ investis dans le transport en commun ou dans tout projet vert. «Il faut assurer la sécurité et la santé de la population. Les grands vents qu’on a connus, ce n’est pas rien. C’est le résultat de l’industrialisation. Il faut réduire les gaz à effet de serre», conclut-elle.

D’après le conseiller du district du Carmel, Pierre Montreuil, il en allait d’un enjeu de cohérence de s’opposer à cette subvention.

«Presqu’un an après avoir appuyé la Déclaration d’urgence climatique, je crois que le conseil de ville de Trois-Rivières doit faire preuve de cohérence en refusant toute subvention au Grand Prix de Trois-Rivières pour l’organisation d’une compétition hivernale de course automobile sur glace dans notre ville. J’ai le plus grand respect pour les bénévoles qui maintiennent l’événement depuis 50 ans et il est touristiquement très rentable, mais avec les conditions climatiques actuelles, on a des efforts à mettre pour diminuer l’émission de gaz à effet de serre», indique-t-il.

En fait, les conseillers Dany Carpentier, Mariannick Mercure, Pierre Montreuil, Pierre-Luc Fortin, Ginette Bellemare, François Bélisle, Luc Tremblay, Denis Roy et Claude Ferron ont tous évoqué l’appui unanime de la Ville à la Déclaration d’urgence climatique pour justifier leur vote.

Pour sa part, le conseiller du district de Pointe-du-Lac, François Bélisle, aurait également aimé que la décision soit reportée, considérant qu’une séance budgétaire aura lieu dans quelques jours. «Sincèrement, ça m’emballe qu’il soit question d’un événement de Rallycross en hiver, mais je veux prendre la décision en pesant le pour et le contre. Je vote contre pour être cohérent avec la décision prise dernièrement pour les Aigles. Il faut une équité», soutient M. Bélisle.

Un rassemblement pour s’opposer à la tenue d’un Rallycross polaire s’est déroulé avant la séance publique du conseil municipal.

Un sujet sensible

Déjà quelques minutes avant le début de la séance publique, le maire de Trois-Rivières, Jean Lamarche, était peu confiant de voir cette subvention être adoptée par la majorité des élus du conseil municipal.

«Je viens de l’événementiel. Je crois à cet événement. Je l’ai présenté et aujourd’hui, on est confronté à un choix démocratique. La tenue du Rallycross polaire était également l’un de mes engagements de la campagne électorale, rappelle M. Lamarche. Lors de la course à la mairie, je suis arrivé avec la vision de vouloir concilier le développement durable avec la locomotive du développement économique. Avec le Grand Prix, on a parlé d’utilisation de carburant, de types de courses, de la possibilité d’amener des véhicules électriques. On avait commencé  à rêver une façon de voir un événement hivernal. Je me rends compte que cette décision nous divise.»

Le premier magistrat refuse cependant de jeter l’éponge dans le dossier. «Si ce n’est pas là, on va le retravailler pour que ça plaise au plus du monde possible et le ramener. Je crois au Grand Prix de Trois-Rivières et à la Corporation des événements pour la mise en place d’un événement hivernal accessible pour tous», ajoute-t-il.

Annuellement, la Ville de Trois-Rivières accorde un soutien financier de l’ordre de 1,1 million $ au Grand Prix de Trois-Rivières.

«On prend ça un peu comme une gifle»

Les visages des supporteurs du Grand Prix de Trois-Rivières étaient longs à la suite de la décision du conseil municipal de refuser la subvention demandée par l’organisation pour soutenir la tenue d’activités familiales gratuites au centre-ville en marge du Rallycross polaire.

«En tant que directeur général d’un événement qui regroupe au-delà de 1100 bénévoles et qui génère 140 000 visites par année, on prend ça un peu comme une gifle, commente Dominic Fugère, directeur général du Grand Prix de Trois-Rivières. On est déçu. Ça fait près de deux ans qu’on travaille sur le dossier et les choses avançaient bien. Je suis un peu surpris de la réaction et de la galvanisation autour des gaz à effet de serre.»

Difficile de dire pour l’instant si la décision prise par le conseil municipal compromettra la tenue des courses du Rallycross polaire en lui-même. Dominic Fugère présentera la position du conseil de ville aux membres du conseil d’administration du Grand Prix mercredi en fin de journée, ce qiu mènera à une décision.

«Ce n’est pas dans notre montage financier de pouvoir financer les activités familiales du centre-ville. On est un Grand Prix; on organise des courses de voitures et on essaie d’être de plus en plus écoresponsables. Dans la foulée de cette décision, il faut aussi parler avec nos partenaires provinciaux, fédéraux et corporatifs pour évaluer la situation. Le plan de match idéal, c’est de le garder», précise M. Fugère.

Les paliers de gouvernement provincial et fédéral avaient  déjà annoncé une contribution pour soutenir la tenue d’un premier Rallycross polaire. En août dernier, le gouvernement fédéral a annoncé l’octroi d’une contribution non remboursable de 184 826$ de Développement économique Canada pour la mise sur pied d’un événement de course hivernal.

«Ce qui est très positif, c’est que la majorité des conseillers qui ont voté contre ont pris la peine de féliciter le Grand Prix et les bénévoles et leur soutien envers l’événement et qu’ils sont heureux qu’on soit là pour faire du développement économique et touristique, nuance M. Fugère. On est confiant que notre demande de subvention pour le Grand Prix d’été passe comme une lettre à la poste.»