Élissa Alarie, une histoire à raconter

TÉMOIGNAGE. L’auditorium de l’école secondaire des Pionniers était bondé, ce mercredi, à l’occasion de la visite d’une athlète de haut niveau. Élissa Alarie, membre de l’équipe de rugby canadienne, a d’abord rencontré les élèves afin de raconter son parcours avant d’échanger quelques ballons avec l’équipe féminine de Rugby des Pionniers.

Fraîchement rentrée de la dernière Coupe du Monde de rugby féminin, où le Canada s’est contenté de la cinquième place, Élissa Alarie a rencontré les élèves de niveau quatrième secondaire afin de partager son parcours de vie et ses expériences sportives.

«J’aime bien partager avec les jeunes! Je racontais mon histoire à des gens et ils me disaient  »wow, il faut que tu racontes ça ». De mon côté, je me suis dit qu’il fallait que je la fasse. Je constate que ça allume les jeunes et ça me fait plaisir de partager ça avec eux, car moi aussi j’ai bénéficié de ces expériences quand j’étais plus jeune», confie-t-il fièrement.

Il n’y a pas de doute, la Trifluvienne a tracé sa propre route vers le succès.

«En 2012, j’avais laissé de côté le rugby pour obtenir mon Baccalauréat en Comptabilité. Ensuite, j’ai vu que le sport revenait aux Jeux Olympiques. Et il y avait un camp d’entraînement canadien avec 50 joueuses, mais je n’avais pas été invité. De toute façon, on me disait souvent que j’étais trop petite (5 »6) pour réussir», raconte-t-elle.

«J’ai décidé de tout lâcher ce que j’avais ici pour partir. Et 5000 kilomètres plus tard, j’étais sur place avec les autres filles qui avaient toutes passé par des camps de sélection. Après plusieurs pratiques et quelques tournois, je suis devenue une joueuse centralisée en janvier (2013), mais non payée, car j’étais dernière minute. Mais mon but premier était atteint!»

Réussite

La jeune Alarie pouvait alors se dire «mission accomplie», elle qui avait noté «vouloir être membre de l’équipe canadienne avant le 1er janvier 2014» dans son journal de bord.

S’en ai suivi une belle carrière, incluant une médaille d’argent à la Coupe du Monde 2014 et une médaille de bronze aux Jeux Olympiques de Rio en 2016. Malheureusement pour elle, les membres de l’équipe de réserve en rugby, poste qu’elle occupait, n’obtenaient pas de médaille, contrairement aux joueuses de soccer réservistes.

«Être athlète comporte son lot de hauts et de bas. Ça m’a permis de voyager dans plus de 25 pays, de savourer d’importantes victoires et de vivre des expériences incroyables qui m’ont apporté de magnifiques valeurs», explique-t-elle.

«On fait face à certaines déceptions comme celle de ne pas faire partie des 12 membres de l’équipe à Rio. Je me suis relevée au lieu de m’apitoyer pour dénicher une des deux places disponibles à titre de réserviste. On compose avec les blessures aussi. Je m’étais pas mal déchiré le genou 18 mois avant les jeux, mais je suis revenue encore plus prête et plus en forme, de sorte que j’ai dominé lors des examens physiques.»

Aucun regret

Assurément, l’athlète de 31 ans ne regrette en rien sa décision d’avoir tout laissé derrière à 25 ans.

«J’ai toujours misé sur l’importance du mental, car on ressent beaucoup de fatigue physique. J’avais pratiqué plusieurs autres sports étant plus jeune alors ça m’a aidé à développer mon endurance, ma vitesse et le maniement de ballon. J’ai toujours aimé ce sentiment indescriptible de courir avec le ballon en me disant que personne ne peut m’arrêter, sauf s’il parvient à me mettre au sol», ajoute-t-elle.

«Au final, je me suis battu pour réaliser mon rêve. Si je n’étais pas partie seule à bord de ma voiture, je n’aurais jamais vécu ces moments-là. N’oubliez jamais de vous poser la question  »Qu’est-ce qui arriverait si? » Car si vous n’essayez pas, c’est certain que vous ne réussirez pas.»

La Trifluvienne a ensuite offert une clinique d’entraînement à l’équipe féminine des Pionniers. Les filles ont donc eu la chance de bénéficier de précieux conseils, tout en vivant une expérience hors du commun. Maintenant, que réserve l’avenir pour Élissa Alarie?

«Je vais continuer de jouer au rugby 15 joueurs et nous participerons à un autre tournoi en novembre prochain. Pour ce qui est des Jeux Olympiques, c’est loin dans trois ans et l’équipe canadienne va commencer à développer de nouvelles jeunes joueuses. Du côté du rugby 7 joueurs, c’est pas mal terminé pour moi», confie-t-elle.

«J’ai déjà coaché par le passé alors le coaching ou l’arbitrage pourrait faire partie des options. Les États-Unis parlent d’intégrer une ligue professionnelle alors si c’est le cas, ça pourrait devenir une autre option», conclut-elle.