Deux fois championne du monde aux quilles

QUILLES. Deux fois championne du monde aux quilles, la Trifluvienne Isabelle Rioux possède une collection de 21 médailles gagnées lors de compétitions internationales. Elle entame sa 14e année au sein de l’équipe canadienne.

En mai, elle prendra part au championnat canadien, qui se tiendra à Montréal. Cette compétition lui permettra de se qualifier pour faire partie de l’équipe canadienne en 2018. Elle tentera alors d’obtenir son laissez-passer pour une 15e fois en carrière.

La Trifluvienne a également de grandes chances d’être sélectionnée  pour les Jeux mondiaux qui auront lieu en Pologne cet été. Seulement deux hommes et deux femmes représenteront le pays lors de cet événement. Isabelle saura bientôt si elle sera choisie pour cette compétition et pour le Championnat mondial, qui se déroulera à la fin de l’été au Koweït. À moins d’une blessure, elle devrait faire partie de la délégation canadienne qui compte six personnes.

«J’ai commencé à jouer aux quilles à 17 ans pour le plaisir, raconte-t-elle. Mes parents jouaient dans une ligue et j’ai remplacé ma mère une année parce qu’elle s’était blessée. J’ai toujours été sportive. J’ai fait de la gymnastique, de l’athlétisme, du volleyball et plusieurs autres sports. Ça me faisait une activité avec mes parents et j’aimais ça.»

Après une année à jouer pour le plaisir, Isabelle a eu envie de repousser ses limites. De fil en aiguille, elle a développé sa passion pour les quilles. «J’ai commencé à suivre des cours avec des professionnels qui venaient des États-Unis, se souvient-elle. À 20 ans, j’ai rencontré Luke Doucet qui est devenu mon coach. J’ai vraiment pu rehausser mon jeu d’un cran avec son aide. Il a été mon coach pendant près de 19 ans. On s’est connu grâce aux quilles et il est devenu mon mari. Il est malheureusement décédé l’an dernier.»

Dans la cour des grands

C’est en 1999 qu’Isabelle a tenté pour la première fois de se qualifier pour faire partie de l’équipe canadienne. «J’ai réussi à me qualifier sur l’équipe jeunesse pour vivre, en 2000, mon premier Championnat mondial. J’avais 23 ans et c’était en République dominicaine. En revenant, j’ai dit à Luke que je n’étais pas de calibre mondial, mais que je voulais le devenir.»

Elle a alors pris trois ans pour revoir complètement son jeu. Au terme de ce processus, elle a de nouveau tenté sa chance aux qualifications. Depuis ce temps, elle a toujours fait partie des huit athlètes de l’équipe, sauf une année.

«J’ai gagné le Championnat canadien deux fois, en 2008 et en 2014. Ma passion m’a donné l’occasion de participer à plusieurs compétitions internationales. Je suis allée aux Jeux panaméricains en 2015, à Toronto. Je suis aussi allée au premier Championnat mondial individuel. Une seule femme pouvait y aller et c’est moi qui a été choisie en 2012. J’ai remporté une médaille d’argent au Championnat mondial avec deux de mes coéquipières pour l’épreuve en trio. J’ai été deuxième au monde une fois en 2013.»

«Ce sont des expériences uniques, ajoute l’athlète. J’ai visité une douzaine de pays grâce à l’équipe canadienne. En décembre 2015, j’étais à Abou Dabi, la capitale des Émirats arabes unis. Je suis allée en Chine, au Costa Rica, au Mexique, en République dominicaine, en Colombie, etc. Ça me fait voir du pays et ça me fait vivre des expériences incroyables.»

Discipline et gestion d’horaires

Puisqu’elle occupe un emploi à temps plein, Isabelle doit donc jongler avec les horaires pour combiner travail, entraînement et vie personnelle. «D’octobre à janvier, c’est une période plus calme pour moi. Je joue deux soirs par semaine dans des ligues. Quand je suis en entraînement intensif, ce que je commence, je joue dans mes deux ligues, je pratique deux à trois fois et je vais nager une à deux fois par semaine. Si je ne vais pas nager, je m’entraîne à la maison sur mon vélo stationnaire et je fais des exercices de musculation. La fin de semaine, j’ai souvent des tournois», énumère-t-elle.

Cette routine exige de la discipline. Chaque année, Isabelle prend un temps d’arrêt pour analyser la situation et se questionner sur sa carrière. «Je révise et je me demande si j’ai encore envie de m’embarquer pour une autre année, confie-t-elle. Je me demande si j’ai le goût de mettre le temps, l’énergie et l’argent puisque chaque voyage me coûte plusieurs centaines de dollars.»

Depuis bientôt 15 ans, la réponse à toutes ces questions s’avère positive d’une année à l’autre. «Ce que j’aime de ce sport-là, c’est le fait que je suis capable de me dépasser. Aux quilles, on se bat seul contre l’allée. Ma plus grande barrière, c’est moi-même qui me l’impose. C’est un sport qui demande de l’analyse, de la concentration, du travail et de la discipline», indique-t-elle.

Bien que consciente de tous les efforts qu’elle doit fournir, la Trifluvienne se considère privilégiée d’avoir cette passion et de pouvoir la vivre à ce niveau international. «C’est un privilège et un honneur de pouvoir représenter mon pays et le jour où je vais perdre ça de vue, je n’aurai plus ma place sur l’équipe», conclut-elle.

Elle transmet sa passion

L’an dernier, Isabelle a commencé à donner des cours aux plus jeunes qui souhaitent améliorer leur technique. «C’était mon mari la référence avant, mais comme il y avait de la demande, on m’a approché pour donner des cours, mentionne-t-elle. Je vois de nouvelles avenues à ma carrière dans les quilles. C’est valorisant de partager mon expérience et tant mieux si je peux laisser mon petit legs.» Elle est d’ailleurs en voie d’obtenir sa certification d’entraîneuse.