Jordane Dupont fait sa place sur l’Équipe du Québec

Jordane Dupont, 15 ans, n’est peut-être pas tombée en amour avec le baseball dès qu’elle a foulé le gazon vert, mais au fil du temps, c’est vite devenu une passion. Elle s’est rapidement démarquée, ce qui l’a même conduite sur l’Équipe du Québec.

«Mon frère jouait au baseball et on allait voir ses matchs. J’ai toujours voulu essayer, mais je n’osais pas. Un jour, j’ai dit à mes parents que je voulais m’inscrire et ils ont accepté. Je n’ai pas tant aimé ça à ma première saison. Pui, je ne savais pas trop en quoi m’inscrire au secondaire, alors j’ai décidé de choisir sport-études baseball», raconte-t-elle d’emblée.

«J’ai toujours aimé l’esprit d’équipe qui se développe et je suis une fille qui adore la compétition. J’aime beaucoup gagner et c’est pour ça que je joue aussi avec les gars. On a un bon esprit d’équipe avec les filles aussi et on s’entend super bien, mais le degré de compétition est différent.»

Rapidement, Jordane a développé plusieurs atouts, si bien qu’elle s’est taillé une place sur l’Équipe du Québec.

«De septembre à juin, je m’entraîne avec l’Académie les Estacades et l’été, on a plusieurs matchs et tournois. Ensuite, il y a des sélections de l’Équipe Mauricie, avec les Pink Sox, et de l’Équipe du Québec. Ce sont les meilleures filles de chaque région qui sont choisies pour aller aux championnats provinciaux», ajoute celle qui n’aime pas trop s’auto-évaluer, mais qui est fière de son parcours jusqu’à présent.

«Cette année, c’est différent puisqu’on n’a pas eu de tournoi ni de championnat, alors on ne sait comment l’Équipe du Québec va procéder pour la sélection. Habituellement, on se rend à Drummondville pour participer à un showcase. Il y a ensuite une deuxième vague de sélections avec les meilleures filles. Baseball Québec avait pensé, au début de l’année, venir dans les écoles pour voir les programmes sport-études, mais ce ne fut pas le cas.»

Moments plus difficiles

Le parcours de Jordane n’a pas toujours été parsemé de roses. Son intégration au programme sport-études a même été plutôt difficile.

«Lorsque j’ai commencé, les garçons n’étaient pas vraiment fins. À 11-12 ans, c’est souvent le début des crises d’adolescence et ça m’a pris du temps pour m’adapter. En secondaire 2, j’ai voulu tout abandonner. On m’a retirée de mon sport-études pendant un moment. Je suis quelqu’un qui ne prend rien de personnel, mais avec l’accumulation, j’ai craqué», confie-t-elle.

«Maintenant, je m’entends très bien avec les gars et j’ai su faire ma place. Ils mesurent tous 6 pieds et je suis à côté d’eux avec mes 5 pieds 3 pouces, mais j’ai toujours trouvé le moyen de me démarquer même s’ils sont physiquement plus forts», témoigne la jeune athlète.

«Ils ont pris de la maturité et ils ont compris que ce qu’ils faisaient n’avait pas sa place. Ça m’a souvent traversé l’esprit de lâcher, une dizaine de fois peut-être, même d’aller dans une autre école dans un nouveau programme. Ensuite, je me disais que je me suis battue pour être là, avec eux, alors pourquoi j’arrêterais de faire le sport que j’aime à cause des autres?»

Bien qu’elles soient encore très jeunes, Jordane sait déjà ce qu’elle veut faire plus tard et sa détermination ne fait aucun doute qu’elle parviendra à ses buts.

«Je vais continuer de jouer tant que je peux et mon but premier serait de me rendre avec l’Équipe Québec U19. Ensuite, je vais probablement me concentrer sur mes études lorsque je vais être rendue à 20 et 21 ans. Je sais que je veux étudier en psychologie et je vais sûrement coacher le baseball un jour pour redonner ce que j’ai appris», confie-t-elle.

«L’an dernier, on a vu une première fille (Victoria Lachance) jouer dans la Ligue de baseball junior élite que Québec (LBJEQ) et je ne sais pas si je vais pouvoir m’y rendre. Son changement de sexe a suscité beaucoup de commentaires et qu’elle soit revenue jouer, c’est extraordinaire. Je suis fière d’elle et c’est un modèle. Je suis confiante qu’un jour, la ligue junior pourrait devenir mixte», conclut-elle.