Avec le Canadien depuis 24 ans

Deux mille matchs dans la Ligue nationale de hockey (LNH), deux coupes Stanley, trois participations aux Olympiques, une coupe et un championnat du monde: voilà le survol de la carrière bien remplie de Pierre Gervais qui entame une 24e saison au sein de l’organisation du Canadien de Montréal au poste de gérant de l’équipement.

Reportage photo ici: Diaporama Pierre Gervais

Vous serez peut-être surpris d’apprendre que cet homme a débuté son parcours dans sa ville natale de Trois-Rivières.

Comme la plupart des enfants, il est un fan inconditionnel de hockey et plus particulièrement des défunts Draveurs de Trois-Rivières, ancienne équipe de la Ligue de hockey junior majeure du Québec.

«Je suivais beaucoup les Draveurs à l’époque. J’allais même voir les pratiques! J’étais toujours au colisée. J’avais seulement 15 ou 16 ans si je me souviens bien.»

La plupart des enfants de cet âge rêvent de faire carrière dans la Ligue nationale en tant que joueur. Pierre Gervais voulait seulement faire partie d’une équipe de hockey, sachant très bien qu’il ne serait jamais un joueur, surtout qu’il n’a jamais joué dans une ligue organisée.

Le Tigre s’en mêle

Un jour, la chance lui sourit. Michel «Le Tigre» Bergeron, alors entraîneur des Draveurs, emménage dans la maison voisine de ses parents. Flairant l’opportunité qui s’offre à lui, Pierre tente sa chance.

«J’ai décidé d’aller cogner chez Michel. De mémoire, j’ai parlé à sa femme. Je lui ai dit: « Si jamais Michel a besoin de quelqu’un pour lui donner un coup de main, n’importe quoi, je le ferai!»

Les jours passent et la vie continue. Arrive le mois d’août. Pierre rentre à la maison. Sa mère lui apprend que Michel Bergeron l’a appelé et qu’il aimerait le rencontrer à son bureau.

«Ayoye! C’est une nouvelle presque impossible à croire!», s’exclame Pierre.

Michel lui offre un poste. C’est le début d’une longue carrière.

Pierre part à Montréal pour le camp d’entraînement des Draveurs. Il est logé à la base militaire de Longue Pointe et sa mère l’autorise à manquer quelques jours d’école.

Le début de son aventure avec les Draveurs reste aux yeux de M. Gervais l’un de ses plus beaux souvenirs.

«D’être à la fois fan, spectateur et membre de l’équipe, c’était incroyable! Je me souviendrai toujours de ce moment, lorsque nous avons quitté le colisée à bord de l’autobus… Je flottais sur un nuage», raconte-t-il.

À 16 ans seulement et avec quelques poils au menton, Pierre Gervais s’est retrouvé dans la cour des grands. Ses tâches étaient simples: remplir les bouteilles d’eau, faire le lavage et le ménage. Pierre ne prenait pas son ouvrage à la légère. Il en donnait toujours davantage. C’est ce qui a fait sa marque de commerce.

Une fois le camp d’entraînement terminé, Pierre ayant impressionné, il se voit attribuer une tâche pendant les parties locales. De fil en aiguille, il fait son bout de chemin. Les pièces se placent.

Le responsable de l’équipement se désintéresse peu à peu de son travail. Pierre prend la relève aux Fêtes et accompagne maintenant l’équipe à l’extérieur.

Des Castors à la Sainte-Flanelle

En 1980 les portes s’ouvrent à lui. Les Castors de Sherbrooke sont à la recherche d’un préposé à l’équipement et Michel Bergeron, maintenant entraîneur des Nordiques de Québec, vante le travail de Pierre Gervais au directeur gérant des Castors, Georges Guilbault.

Il décroche le poste. Le voilà en charge d’une équipe junior. Il y a occupé le poste durant sept saisons: deux ans pour le club junior, puis dans la Ligue américaine alors que Sherbrooke devient le club-école du Canadien.

Pierre a un pied dans la porte de la grande ligue. Lors des camps de sélection, on fait appel à ses services. Il participe à trois camps d’entraînement du Canadien. Une fois de plus, il met tout en œuvre pour impressionner.

«Tout ce qu’on me demandait de faire, je le faisais très bien et rapidement… et même plus. Quand tu as des choses à prouver, il faut que tu sois débrouillard. Tu ne parles pas gros et tu agis. C’est encore comme ça aujourd’hui. Le gars qui fait mon travail en ayant les deux pieds dans la même bottine, il ne reste pas longtemps.»

Savard au bout du fil

Lors de la saison 1985-86, Pierre reçoit un téléphone de Serge Savard suite à l’élimination du club école. Il lui demande de venir donner un coup de main au Canadien pour terminer la saison. Il est finalement demeuré le reste de la saison et a vécu, par le fait même, sa première coupe Stanley avec le Canadien.

«Je ne pensais jamais passer deux mois avec l’équipe. Ç’a été une révélation pour moi.» Pierre retourne à Sherbrooke pendant une année avant d’avoir un poste à temps plein en 1987 pour le Canadien. Depuis ses débuts avec la Sainte-Flanelle, 24 années se sont écoulées, accumulant son lot innombrable de souvenirs inoubliables. À 50 ans seulement, il se montre aussi passionné qu’à ses débuts. Si la santé le lui permet, il souhaite demeurer encore longtemps avec le CH.

Un emploi rêvé mais pas facile

Pierre Gervais a un horaire sensiblement chargé. Il rentre en poste à 6:30 au Centre Bell. Il s’entraîne, prend un bon déjeuner et commence ensuite sa journée.

Il doit d’abord remplir de la paperasse, faire les commandes d’équipements, aiguiser les patins pour chacun des joueurs avant chaque partie, assurer le transport de l’équipement lors des voyages, s’occuper de la logistique et s’assurer que tout soit fin prêt avant chaque pratique ou partie. Heureusement, il n’est pas seul à s’assurer de la préparation.

«C’est loin d’être un one man show! J’ai trois adjoints qui sont vraiment extraordinaires. Tout le monde fait ce qu’il a à faire et moi je chapeaute tout ça. Je dois m’assurer que tout est impeccable tout le temps.»

En rafale!

Ce qu’il aime le plus de son emploi: «C’est un emploi prestigieux et plaisant, mais ce n’est pas monotone. Je ne crois pas que je serais capable de faire un travail du lundi au vendredi de 9h à 17h. Je ne crois pas que ça serait pour moi. Ici, il y tout le temps quelque chose qui arrive. Les joueurs sont différents, le voyagement, les villes sont différentes…J’adore l’ambiance. On est comme une grosse famille.»

Les plus beaux moments : «Les deux coupes Stanley et l’entrée au Centre Bell, mais le plus beau moment que j’ai vécu est le retour de Saku Koivu. Ce fut un moment très émouvant. C’était presque impossible à imaginer. Le gars étaient condamné et il a réussi à surmonter cette épreuve et faire un retour au jeu. En plus, j’étais proche de lui.»

Joueur le plus gentlemen: «J’en ai rencontrés énormément! Des Larry Robinson, Matt Naslund, Mark Recchi, Trevor Linden… En général, les athlètes sont du bon monde. Il sont sensiblement tous des gentlemen.»

Le joueur le plus talentueux: «C’est Kovalev.»

Le plus bouffon: «Brian Skrudland et Mike Keane sont dans les tops que j’ai connus. Aujourd’hui, il n’y en a pas vraiment un qui se démarque plus qu’un autre.»

Le plus généreux: «Cette année, Scott Gomez est très généreux avec tout le monde. Il n’hésite pas à appuyer des œuvres de charité. Il donne des cadeaux à gauche et à droite. Sinon, je dirais aussiPatrick Roy et Marc Recchie.»

Le joueur qui vous a plus marqué: «Bob Gainey. C’est tout un homme et un individu vraiment solide. J’ai toujours aimé son calme. Il a toujours appuyé l’équipe à 100%. Encore aujourd’hui, j’apprécie beaucoup sa compagnie.»

Avez-vous gardé contact avec des joueurs? «Le seul avec qui j’ai réellement gardé contact, c’est Joe Juneau. Nous allons encore pêcher ensemble l’été et on se parle régulièrement.»

Gomez, Plekanec et Gionta

Scott Gomez et Thomas Plekaneck sont les joueurs qui passent le plus de bâtons présentement. Plus d’un bâton par match!

– Brian Gionta aurait les mêmes épaulettes que lorsqu’il jouait midget. Il pourrait en avoir des neuves à tous les matchs, mais il se sent bien avec ces épaulettes.

– Thomas Plekanec change de gants presque toutes les deux semaines.

 

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