Tirs de barrage: un bon spectacle, mais une façon controversée de trancher

MONTRÉAL — Considérant que chaque point est important et peut faire la différence entre une participation aux éliminatoires et un long été, les tirs de barrage – un concours d’habiletés – ont-ils toujours leur place dans la LNH?

Les joueurs du Canadien étaient amers après avoir rendu les armes au terme d’une séance de 12 rondes face aux Penguins de Pittsburgh, mercredi soir au Centre Bell.

«Oui, c’était excitant. Il y a eu plusieurs rondes, beaucoup de gars ont pu tirer. Mais nous voulions obtenir un point supplémentaire, donc le résultat fait mal», a dit l’attaquant Sean Monahan.

Kristopher Letang a donné la réplique à Nick Suzuki en première ronde. Sidney Crosby a aussi marqué immédiatement après Cole Caufield en deuxième ronde. 

Monahan a été le troisième joueur du Canadien à marquer, lors de la septième ronde. Lars Eller a prolongé le débat en faisant lui aussi bouger les cordages.

Jansen Harkins, un joueur de soutien qui n’a pas de point au compteur après 13 parties cette saison, a finalement joué les héros pour les Penguins lors de la 12e ronde. Il a marqué après une tentative ratée par Josh Anderson.

Il s’agissait de la plus longue séance de tirs de barrage dans l’histoire des deux équipes. Le record de la LNH demeure une séance de 20 rondes entre les Panthers de la Floride et les Capitals de Washington, le 16 décembre 2014.

«Le Centre Bell était bruyant et même si nous avons perdu, ça demeure un moment mémorable, a dit le gardien Samuel Montembeault. Nous avions bien travaillé en troisième période pour forcer la prolongation. Nous avons manqué un peu d’exécution lors de notre avantage numérique en prolongation. Ensuite, ça peut aller d’un côté comme de l’autre en fusillade.»

Quelques minutes de plus en prolongation à trois contre trois pourraient probablement suffire pour clore le débat. Et cette phase du jeu demeure en général plus populaire auprès des joueurs et des entraîneurs que les tirs de barrage.

L’entraîneur-chef du Canadien, Martin St-Louis, a d’ailleurs affirmé que c’était un peu comme laisser la chance décider du vainqueur.

«C’est frustrant, mais ça fait partie de notre sport, a rappelé le défenseur Kaiden Guhle. ‘Monty’ (Montembeault) a réalisé plusieurs arrêts. C’était à nous de marquer.»

Guhle a néanmoins admis que l’expérience de mercredi avait été unique.

«C’était quand même assez stressant. ‘Roby’ (l’entraîneur des défenseurs Stéphane Robidas) nous a dit après 10 ou 11 rondes de nous tenir prêts parce que notre tour allait peut-être venir», a-t-il raconté.

«Ç’aurait été spécial d’avoir ma chance. Je ne suis certainement pas un spécialiste des tirs de barrage! Mais ç’aurait été une expérience particulière de tenter ma chance», a ajouté Guhle.

Les émotions étaient différentes dans le camp des Penguins.

«C’est toujours amusant quand ça commence à se prolonger, a dit le défenseur des Penguins Erik Karlsson. Les gars sur le banc paniquent un peu et espèrent que quelqu’un va marquer avant qu’ils soient envoyés. D’un autre côté, c’est peut-être l’occasion d’une vie pour certains joueurs, comme ‘Harks’ (Harkins). 

«C’est un grand moment pour lui et pour l’équipe», a-t-il ajouté.

Gageons toutefois qu’il y a plus de chance que le match se retrouve dans le coffret souvenir des Penguins que celui du Canadien.