Swiatek ne fait qu’une bouchée de Gauff et remporte Roland-Garros

PARIS — Iga Swiatek est si efficace avec une raquette qu’elle ne semble jamais ennuyée sur un court, où personne ne l’a battue depuis des mois.

La seule fois où elle semblé secouée sur le court Philippe-Chatrier samedi, c’est après sa victoire de 6-1, 6-3 contre Coco Gauff, qui a poussé sa série de victoires à 35 et lui a permis de mettre la main sur un deuxième titre à Roland-Garros.

C’est à ce moment qu’elle a été gagnée par l’émotion, versant d’abord quelques larmes pendant l’hymne national polonais, puis de nouveau pendant la cérémonie de présentation du trophée.

«Je viens juste de dire à Coco de ne pas pleurer, et regardez ce que je suis en train de faire.»

Elle a dû s’interrompre en quelques occasions pendant son discours, disant même à un certain moment qu’elle devait «avoir besoin de plus d’expérience». Mais elle a aussi été en mesure de garder son calme suffisamment pour donner son appui à l’Ukraine, envahie par la Russie en février.

«Restez forts, le monde existe toujours», a-t-elle lancé aux Ukrainiens, qu’elle a honorés par un ruban aux couleurs bleu et jaune de leur drapeau qu’elle a porté sur sa casquette pour tous ses matchs.

Gauff, 18 ans seulement, n’a pas eu beaucoup d’occasions de bien faire contre Swiatek, comme la plupart de ses adversaires récemment. Avec cette victoire, Swiatek consolide sa première place en tête du classement mondiale de la WTA, en plus d’égaler la marque de 35 victoires consécutives, réalisée par Venus Williams en 2000.

Sa dernière défaite est survenue en février, contre la championne 2017 à la Porte d’Auteuil, Jelena Ostapenko.

«La séquence des derniers mois a été incroyable et tu le mérites pleinement, a dit la jeune Américaine à la championne. J’espère que nous pourrons disputer encore plusieurs finales et que je pourrai en remporter une.»

Swiatek, qui est âgée de 21 ans, a maintenant remporté ses six derniers tournois et montre une fiche cumulative de 42-3 depuis le début de la saison.

Elle s’est révélée comme la figure dominante du tennis féminin, remplaçant ainsi Serena Williams, gagnante de 23 titres du Grand Chelem, mais absente des courts depuis presqu’un an en raison de blessures, ainsi qu’Ashleigh Barty, qui a annoncé en mars qu’elle prenait sa retraite à 25 ans, alors qu’elle occupait le premier rang mondial.

Cela a permis à Swiatek de grimper au premier rang. Elle a montré depuis qu’elle mérite cette place.

«Il y a deux ans, de remporter ce titre a été fabuleux. Je ne m’y serais jamais attendu. Mais cette fois, je sens que j’ai travaillé fort et fait tout ce qui était possible pour y arriver, même si ça a été plutôt difficile. La pression était énorme.»

Gauff n’a pas connu le meilleur début de match, montrant des signes de nervosité, sûrement provoqué par son adversaire de l’autre côté du filet, qui n’a mis que 68 minutes pour l’emporter.

Swiatek a inscrit un bris dès le premier jeu du match, avec l’aide de gauff, qui a commis quatre fautes directes, dont une double faute, dans ce jeu.

Quand son coup droit l’a de nouveau trahie, Gauff a vu Swiatek inscrire un autre bris et après quelques minutes seulement, c’était déjà 4-0 pour la Polonaise.

Comme c’est souvent le cas à Roland-Garros — mais pas automatique — la foule s’est alors rangée du côté de la négligée. Quand elle s’est finalement inscrite à la marque à 4-1, l’ovation était digne d’une victoire de manche, pas d’un jeu.

«Vous m’avez appuyée même quand j’étais abattue», a dit Gauff aux partisans après le duel.

Même quand tout semblait perdu, Gauff a toutefois refusé d’abdiquer. Elle a commencé le deuxième set en brisant le service de Swiatek, avant de confirmer pour faire 2-0. La no 1 mondiale a toutefois rapidement remis les pendules à l’heure.

Au finale, Gauff a inscrit 23 fautes directes contre 16 pour Swiatek, en plus de réussir moins de coups gagnants: 14 contre 18.

L’Américaine n’avait pas perdu une manche jusque-là dans le tournoi et avait inscrit en moyenne six bris par rencontre. Elle n’a obtenu qu’une balle de bris samedi, tout en en accordant 10 à Swiatek, qui en a converti cinq.

En plus de son jeu exceptionnel, Swiatek démontre un calme et une présence remarquables sur le court. Elle voyage avec un psychologue sportif, qui travaille avec elle différents aspects de sa vie professionnelle et personnelle.

Son travail consiste surtout à lui faire garder sa concentration sur ses objectifs ultimes, comme de remporter des tournois majeurs. Pour ce faire, elle a décidé qu’il valait mieux de ne pas assister à la finale de la Ligue des Champions de football, la semaine dernière, contrairement à Rafael Nadal, finaliste dimanche, qui y a assisté.

Peut-être que dans quelques années, elle décidera qu’une soirée de congé serait ce qui lui conviendrait le mieux, mais pour l’instant, pourquoi changer une formule gagnante?