Spencer: «Le plus gros du travail a été fait, reste maintenant à polir sa boxe»

MONTRÉAL — Samuel Décarie-Drolet était convaincu que Mary Spencer en avait fait suffisamment à l’entraînement pour battre Femke Hermans. Pourtant, la Belge a remporté une décision majoritaire et est repartie avec sa ceinture des super-mi-moyennes de l’International Boxing Organization (IBO), en plus d’ajouter celle de l’international Boxing Federation (IBF) à sa collection, mercredi, au Casino de Montréal.

«Si on regarde le résultat, on dirait qu’on n’en a pas assez fait, a dit l’entraîneur en fin de soirée. J’avais un combat assez serré: 6-4 pour nous. C’est allé de l’autre côté. Je suis déçu pour Mary, pour Eye of the Tiger Management. Mais demain est un autre jour et on retourne au gymnase. On va travailler sur ce qui a moins bien été et tenter de réparer ça.»

Réparer «ça», c’est trouver la fine ligne entre une trop grande agressivité et le manque de volume, ce qu’on pourrait reprocher à Spencer (7-2, 5 K.-O.) dans ce combat.

«On faisait des choses bien, mais notre mouvement défensif était trop grand et on ne doublait pas [les coups], a admis Décarie-Drolet. Les coups d’impact, c’est Mary qui les donnait. On s’est fait battre sur le volume de coups.»

«Je ne voulais pas être trop excitée et lancer des coups parce qu’elle lançait des coups, a indiqué la Montréalaise. Mais en même temps, il faut suivre le même rythme [que l’adversaire].»

«Dans la deuxième moitié, parfois elle avait les mains un peu plus basses, alors les coups avaient l’air d’avoir plus d’impact, a renchéri Décarie-Drolet. Mais [Mary] n’a jamais été ébranlée dans le combat.»

Mais elle n’en a clairement pas fait suffisamment pour obtenir la faveur des juges, qui ont donné des pointages de 95-95, ainsi que 96-94 et 97-93 en faveur d’Hermans (17-4, 7 K.-O.).

«Femke est une championne et pour détrôner une championne, il faut être meilleure. On n’a pas fait ça», a simplement expliqué Camille Estephan, président d’Eye of the Tiger Management.

Aucun doute dans l’esprit de tout le monde: Spencer poursuivra sa quête d’un titre mondial.

«Croyez-vous que cette fille-là m’a brisée? Non, je vais rebondir.»

«Quand on l’a embauchée, j’ai dit à Marc Ramsay: ‘Elle va être championne du monde.’ Je le pense encore», a ajouté Décarie-Drolet.

«On va s’asseoir en équipe et voir qu’est-ce qu’on fait pour aller de l’avant, a pour sa part indiqué Estephan. Ce n’était pas assez ce soir. Je m’attendais à beaucoup mieux et elle s’attendait à beaucoup mieux. On va analyser pourquoi et se reprendre.»

Semaine sombre?

Deux défaites par des boxeuses québécoises en cinq jours en combats d’unification, on pourrait croire que la boxe québécoise vit une semaine sombre. Estephan n’est pas de cet avis.

«On bâtit beaucoup de très bons boxeurs. On a vu Eric Bazinyan envoyer un gros message à la division des 168 livres. On a vu un jeune comme Chris Guerrero bien faire, en plus de toutes les recrues qu’on a signées. Arslanbek Makhmudov et Simon Kean vont se battre en Arabie saoudite [le 28 octobre]. Il y a de très belles choses qui s’en viennent, pour Eye of the Tiger en tout cas. 

«Je suis déçu, parce que je pensais qu’on allait gagner. Mais ça fait partie du sport. On va en échapper quelques-unes. On a besoin d’un champion du monde et on va en avoir un. C’est une promesse.»

Estephan mise surtout sur son trio de tête pour réaliser cet objectif dans les prochains mois: Makhmudov, Bazinyan et Christian Mbilli.

Il a été particulièrement satisfait du combat de Bazinyan (31-0, 22 K.-O.), mercredi. Celui qui pointe dans le top-5 des quatre principaux organismes de sanction a offert une prestation impressionnante, passant un retentissant K.-O. à Ronald Ellis au sixième round.

«C’est ce que je voulais voir de Bazinyan, a affirmé Estephan. Il a sorti un petit lapin de son chapeau. La magie parfois, c’est bon!

«Des gars comme [Edgar] Berlanga, [Diego] Pacheco, [Mungia] ne voudront pas se battre contre lui. On s’est compliqué la vie. Mais on peut faire des combats éliminatoires. On va trouver une solution. Ellis a fait 11 rounds avec [David] Benavidez: il l’a sorti en six.

«Je vois Arslanbek, Eric et Christian disputer un championnat du monde bientôt. On a de très bonnes cartes en main.»