Mary Spencer affrontera Femke Hermans pour le titre vacant de l’IBO

MONTRÉAL — Quand il a fait signer un contrat à Mary Spencer il y a à peine plus d’un an, Camille Estephan avait promis d’offrir un combat de championnat du monde à la Montréalaise d’adoption. Il a tenu parole.

Le 16 décembre prochain, Spencer (7-0, 5 K.-O.) affrontera la Belge Femke Hermans (13-4, 5 K.-O.) pour le titre vacant des super-mi-moyennes de l’International Boxing Organization (IBO) lors du gala d’Eye of the Tiger Management présenté au Centre Gervais Auto de Shawinigan.

L’IBO est souvent considérée comme une organisation mineure comparativement aux «quatre as» que sont l’International Boxing Federation (IBF), la World Boxing Association (WBA), le World Boxing Council (WBC) et la World Boxing Organization (WBO). Estephan voit les choses différemment.

«Ce n’est quand même pas un titre mineur: c’est un championnat du monde, a-t-il dit mardi. Plusieurs grands champions détiennent encore une ceinture de l’IBO.»

Il a raison sur ce point: l’Ukrainien Oleksandr Usyk (lourds), le Kazakh Gennady Golovkin (moyens), ou encore la Portoricaine Amanda Serrano (plumes) portent tous la ceinture noire et or.

«Je ne sais pas trop comment aborder cet angle: je suis relativement nouvelle dans la boxe professionnelle, a pour sa part commenté Spencer. Les gens sont encore surpris que j’aie passé 20 ans en boxe amateur — elle est triple championne du monde — sans me soucier de ce qui se passait chez les pros. 

«Les choses sont toutefois différentes en boxe féminine. Quand vous regardez le panorama chez les dames, on ne voit pas la même chose. Peut-être que l’IBO est la cinquième association chez les hommes, mais ce que je sais, c’est que chez les femmes, au lieu de regarder les ceintures et le prestige qui vient avec, je regarde les championnes; qui détient telle ou telle ceinture. Et ce que je crois, c’est que le 16 décembre, peu importe qui gagne le combat entre Femke et moi, ce sera la championne la plus forte des super-mi-moyennes.»

La Québécoise Marie-Ève Dicaire détient la ceinture de l’IBF, qu’elle mettra en jeu le 12 novembre contre la Britannique Natasha Jonas, qui détient les titres WBC et WBO. Terri Harper détient le titre WBA. C’est aussi elle qui avait remporté la ceinture de l’IBO le 24 septembre, en défaisant Hannah Rankin par décision unanime. Elle a décidé de ne pas la défendre et de l’abandonner.

Comme Spencer est classée no 1 au classement de l’IBO — qui utilise un système informatisé semblable à celui utilisé au tennis pour déterminer ses classements —, Estephan a sauté sur l’occasion.

«On a commencé les pourparlers et ça n’a pas été très compliqué», a noté le grand d’Eye of the Tiger, qui croit maintenant que les autres championnes de la division ne pourront plus éviter Spencer si elle l’emporte.

«On se faisait dire, par Marie-Ève Dicaire entre autres, pourquoi affronter Mary Spencer quand elle n’a pas de ceinture. Et ces gens avaient raison. Maintenant, en gagnant le titre IBO, elles ne pourront plus l’éviter.»

Parcours solide

Hermans arrive avec un parcours solide. La boxeuse de 32 ans, 12e aspirante à l’IBO, a été championne des super-moyennes de la WBO. Chez les moyennes, elle s’est battue contre Claressa Shields, qu’elle a poussée à la limite, et Savannah Marshalls, qui lui a passé le K.-O. au troisième round.

«C’est une adversaire coriace, qui alterne souvent entre un style droitier et gaucher, a noté Spencer. C’est une fille avec une défense très solide, qui va me forcer à travailler pour placer mes bons coups. (…) Je ne m’attends vraiment pas à lui passer le K.-O. au premier round. Si je le fais, je vais me surprendre moi-même!»

Le combat Spencer-Hermans s’inscrit au sein d’un programme relevé pour le gala du 16 décembre, qui mettra aussi en vedette Arslanbek Makhmudov, Simon Kean, Steven Butler, Thomas Chabot, Leila Beaudoin ainsi qu’Alexandre Gaumont. Estephan tenait d’ailleurs à souligner que les billets s’envolent rapidement pour cet événement: plus de 2000 ont trouvé preneurs jusqu’ici.

Il n’y a pas si longtemps, bien peu d’observateurs du monde de la boxe auraient parié que deux galas québécois miseraient sur des championnats du monde féminins en finale. C’est ce qui se passera à 15 jours d’intervalles: le 1er décembre avec Kim Clavel et le 16, avec Spencer. Ajoutez à cela Dicaire, qui se battra à Manchester le 12 novembre pour quatre ceintures.

La boxe féminine québécoise se porte bien.