Le député fédéral Peter Julian demande des réponses à Hockey Canada

Le député fédéral néo-démocrate Peter Julian exige plus d’imputabilité et de transparence de la part d’Hockey Canada et il en a fait la demande dans une lettre envoyée au chef de la direction, Scott Smith.

La lettre, dont La Presse Canadienne a obtenu copie, a été écrite après que Julian eut obtenu de nouvelles informations de la part d’un ex-membre du conseil d’administration de la fédération nationale — qui a requis l’anonymat — en liens avec des à-côtés luxueux offerts aux membres du conseil.

«Des milliers de dollars sont dépensés pour les réunions du conseil, pour des suites luxueuses, sur les bagues des équipes championnes données aux membres du conseil, a indiqué Julian. J’ai posé ces questions dans les audiences que nous avons eues jusqu’ici, mais je me suis heurté à l’obstruction d’Hockey Canada.

«La reddition de compte est fondamentale ici. Et je m’attends à ce qu’Hockey Canada donne des réponses aux Canadiens. (…) Plusieurs de ces dépenses ne seraient pas approuvées par les parents qui inscrivent leurs filles et garçons au hockey. Ils ne sentent pas une grande responsabilité exercée sur ces sommes par Hockey Canada.»

Dans sa lettre, Julian revient sur le témoignage de Smith devant l’audience parlementaire du 27 juillet, au cours de laquelle il a déclaré «que le conseil d’administration et nos membres ont parfois reçu une réplique des bagues de championnat et certains employés reçoivent des bonis de performance liés à la récolte de médailles».

En exposant des informations au sujet de repas coûtant plus de 5000 $ pour le comité de direction, ainsi que des nuitées à 3000 $ «comme dans la suite présidentielle du (Westin) Harbour Castle au centre-ville de Toronto», Julian se demande combien de fois de tels paiements ont été effectués.

Julian note également que les bagues de championnat remises aux membres du conseil coûteraient plus de 3000 $ chacune et souhaite obtenir leur prix exact.

Dans une déclaration remise à La Presse Canadienne, Hockey Canada assure que les dépenses attribuées au conseil d’administration sont «régulièrement révisées afin de s’assurer qu’elles sont appropriées».

«Compte tenu qu’il s’agit de bénévoles, Hockey Canada couvre les frais reliés aux tâches requises des membres de son conseil pour ses réunions, dont les frais d’hôtels et de repas. Notre politique de déplacements et de dépenses pour les membres du conseil d’administration dicte de façon précise quelles sont les dépenses appropriées, y compris de s’assurer qu’ils se déplacent de la façon la plus économique qui soit.

«Les dépenses admissibles comprennent les billets d’avion, les nuitées d’hôtel, les repas et le transport terrestre. Hockey Canada ne couvre pas les séjours en hôtel plus longs que ne le requièrent les tâches du conseil, pas plus que les frais excédentaires ou les billets d’avion pour une destination autre que le site d’une réunion ou le retour à domicile.»

Le Parlement reprendra ses activités le 19 septembre. Julian souhaite revoir Hockey Canada devant le Comité permanent de Patrimoine Canada.

«C’est à la majorité du comité (de décider sur de futures audiences. (…) J’espère assurément que nous poursuivrons ces audiences.»

Julian souhaiterait que son informateur témoigne lors de futures audiences, tout en admettant qu’il sera important de protéger cet éventuel témoin.

«Je crois qu’il est important pour les dénonciateurs d’être protégés, a noté Julian. Que ce membre du comité témoigne de façon virtuelle ou en présence, la décision lui revient. Mais je souhaiterais vraiment que ce membre du conseil d’administration témoigne devant le comité.»

Hockey Canada subit une pression immense pour afficher plus de transparence au sujet de ses finances et sur la façon dont la fédération gère les allégations d’agressions sexuelles depuis que TSN eut rapporté un accord à l’amiable avec une femme qui allègue avoir été agressés par huit joueurs, dont des membres de l’équipe nationale junior de 2018.

La plaignante réclamait 3,55 millions $ en dommages.

Depuis, l’organisme a admis avoir utilisé un fonds national d’urgence pour régler neuf cas d’harcèlements ou agressions sexuels depuis 1989, pour un montant de 7,6 millions $. Ce fonds a été constitué à même les frais d’inscriptions des jeunes hockeyeurs canadiens. 

Hockey Canada a également révélé des allégations d’agression sexuelle à l’endroit de membres de l’équipe junior 2003 en juillet dernier.

À la suite de ces révélations, la ministre des Sports, Pascale St-Onge, a gelé le financement de l’organisme, qui a de plus perdu plusieurs commanditaires majeurs.

L’ex-chef de la direction de la fédération Tom Renney a pris sa retraite en juin. Smith, son successeur, est également président de l’organisme. Michael Brind’Amour, l’ex-président du conseil d’administration, a démissionné le 6 août et a été remplacé de façon intérimaire par Andrea Skinner.

Malgré ces changements et la mise en place d’un plan d’action sur la gestion des plaintes d’ici septembre, Julian croit qu’un changement de direction soit nécessaire.

«Comme je l’ai mentionné le mois dernier, j’ai perdu confiance en la direction actuelle, souligne-t-il. Il doit y avoir un changement à la tête d’Hockey Canada, afin, je crois, de regagner la confiance du public.»