Le Canadien s’attaque à son problème d’indiscipline

BROSSARD, Qc — Le gardien Samuel Montembeault a dit à la blague que l’indiscipline de ses coéquipiers allait l’aider à se mettre en forme, mais tout le monde chez le Canadien de Montréal s’entend pour dire qu’il s’agit d’un problème à régler, et rapidement.

Le Tricolore s’est retrouvé 19 fois en désavantage numérique en trois parties depuis le début de la saison, ce qui a fait de lui le club le plus indiscipliné du circuit Bettman avant les matchs de jeudi. Lors des deux derniers, quand Montembeault était devant le filet, il a accordé 15 avantages numériques à l’adversaire.

Et le Canadien a concédé cinq buts quand l’adversaire évolue avec l’avantage d’un homme cette saison, ce qui lui confère une efficacité de 73,7 pour cent en infériorité numérique.

«C’est bon pour mon conditionnement physique, parce que j’affronte beaucoup de tirs, mais oui, nous devons être plus disciplinés, parce que ça nous a coûté cher depuis le début de la saison», a dit Montembeault, jeudi.

L’indiscipline fait particulièrement mal au Canadien puisque son avantage numérique est en panne sèche, et aussi parce qu’il affiche de bonnes statistiques à cinq contre cinq – une situation lors de laquelle il a inscrit huit buts et en a accordé un seul à l’adversaire en trois parties.

«Effectivement, nous ne donnons pas grand-chose à cinq contre cinq et nous générons suffisamment de chances de marquer en attaque pour être en position de gagner, a affirmé l’attaquant Alex Newhook. Tout revient à la bataille des unités spéciales. Nous nous tirons dans le pied en enchaînant les punitions.

«Si nous pouvons égaler un peu les chances au niveau des unités spéciales, alors ça nous aiderait. Mais il faut surtout éviter le banc des punitions», a-t-il ajouté.

L’entraîneur-chef Martin St-Louis a admis qu’il devait «serrer la vis» au niveau de la discipline. Il a mis l’accent sur cet aspect à l’entraînement jeudi.

«Nous avons travaillé sur nos batailles en ayant en tête l’idée de ne pas commettre d’infraction, a expliqué le défenseur Johnathan Kovacevic. Ça peut être aussi simple que de s’assurer de garder son bâton sur la glace.

«Nous sommes passés du hockey estival aux matchs préparatoires, puis au début du calendrier régulier. Je trouve souvent que les arbitres vont être plus sévères lors des premiers matchs de la saison. Je ne sais pas ce que les chiffres indiquent, mais c’est mon sentiment», a-t-il poursuivi. 

«Mais peu importe, il faut être conscient de la situation. Vous devez garder votre bâton sur la glace et utiliser votre corps lors des batailles», a résumé Kovacevic.

Bien que frustré par l’indiscipline de sa troupe depuis le début de la campagne, St-Louis a néanmoins noté que plusieurs punitions étaient le résultat de bonnes intentions de ses joueurs.

«Je ne pense pas que ce sont des punitions paresseuses, a-t-il dit. Ce sont des punitions où nous travaillons, où nous voulons gagner la rondelle, mais il faut faire attention. Il faut travailler intelligemment et contrôler son bâton.»

Le Canadien a accordé deux buts aux Maple Leafs de Toronto et trois au Wild du Minnesota quand l’adversaire jouait en avantage numérique.

Les Maple Leafs ont terminé au deuxième rang de la LNH la saison dernière pour l’efficacité en avantage numérique et le Wild, au 15e rang. Le Wild possède néanmoins quelques joueurs dangereux, comme Kirill Kaprizov, qui a inscrit au moins 40 buts lors de chacune des deux dernières campagnes.

Pendant ce temps, le Canadien tente encore d’apprivoiser un nouveau système plus agressif en infériorité numérique.

«Même si nous pratiquons beaucoup à l’entraînement, c’est difficile d’imiter ce que font des clubs comme les Leafs et le Wild, a mentionné Kovacevic. Avec le temps, nous deviendrons plus à l’aise. Quand un joueur est agressif, le reste du groupe doit l’être aussi. Nous devons fonctionner en unité de cinq, incluant le gardien.»

Kovacevic a aussi noté que le Wild avait peut-être exploité une faille dans le système du Canadien en y allant de passes transversales vers Kaprizov, quand le franc-tireur était posté près de la ligne des buts.

«On dirait que c’est une nouvelle tendance avec les joueurs de talent, a-t-il mentionné. (Auston) Matthews le fait. Pour nous, Cole (Caufield) le fait aussi. L’adversaire trouve des ouvertures là où nous ne pensons pas qu’il y en a.

«C’est un peu comme un jeu d’échecs. Les deux équipes vont se préparer en regardant des séquences vidéo. L’avantage numérique va penser pouvoir faire certaines choses, et nous allons nous préparer pour défendre certaines choses», a-t-il ajouté.

Mais comme le cliché le dit, la meilleure façon de ne pas donner de but en désavantage numérique, c’est simplement d’éviter d’être puni.