Clavel perd par décision partagée devant Bermudez; s’estime lésée

LAVAL, Qc — Kim Clavel (17-2, 3 K.-O.) a livré un excellent combat, mais elle tout de même été défaite par l’Argentine Evelin Bermudez (19-1-1, 6 K.-O.) par décision partagée des juges, samedi, à la Place Bell.

L’Argentine, qui disputait un 10e championnat du monde, conserve ainsi ses titres des mi-mouches de l’International Boxing Federation (IBF) et de la World Boxing Organization (WBO).

Bermudez a obtenu la faveur de deux juges 96-94, tandis que Clavel a reçu une note de 98-92, des pointages que n’ont pas digérés le clan de la Québécoise.

«Je vais me tourner la langue 20 fois, mais Kim n’a pas perdu ce combat-là», a lancé son promoteur Yvon Michel au moment de s’adresser aux journalistes sur place.

«La façon dont ça s’est fait, c’est encore pire, a-t-il ajouté avant de prendre une longue pause. C’était (samedi) mon 74e combat de championnat du monde. Partout dans le monde quand on se prépare à un tel combat, les commissions athlétiques présentent les juges aux promoteurs. On ne les choisit pas, mais si nous avons une appréhension sur un juge, on le dit et par courtoisie, on l’enlève tout le temps. C’était comme ça aussi avant au Québec.

«Quand la Régie (des alcools, des courses et des jeux) nous a présentés les juges, on a dit: ‘On ne veut pas Benoît Roussel. prenez n’importe qui, mais pas lui. On a des statistiques sur lui et ce n’est pas beau’. Mais c’est lui qu’ils ont choisi.»

Roussel et Frank Lombardi ont vu le combat 96-94 pour Bermudez. Seul Bill Lerch a penché du côté de Clavel.

«Je suis fâchée, déçue en ce moment, a pour sa part indiqué Clavel. Mais je suis très fière de ma performance. (…) C’était mon 19e combat et je crois que c’est celui que j’ai livré avec le plus d’intelligence. De savoir qu’un juge de chez nous, quand mon promoteur investit pour qu’on amène la championne chez nous, ne nous le donne pas, c’est décevant.

«J’ai été en contrôle tout au long du combat, mais je suis frustrée: c’est mon avenir qui est affectée à cause du jugement d’une personne. Je devrais avoir deux ceintures avec moi, sans rien enlever à Bermudez.»

«J’étais tellement confiant, j’avais comme le juge de Chicago: 98-92, a souligné Michel. Kim a été brillante, elle a boxé de façon responsable défensivement, elle était rapide, elle a touché plus souvent et contrôlé l’action. De l’autre côté, ils étaient découragés. Je ne sais pas si vous les avez vus sauter après l’annonce. Ils ne s’attendaient pas à cette décision.»

C’est un combat excessivement serré que les deux boxeuses ont offert, particulièrement dans les premiers rounds, très difficiles à juger.

Très droite dans le ring, Bermudez a conservé le centre du ring dans la majeure partie de l’affrontement. Clavel a toutefois semblé porté les meilleurs coups particulièrement en contre-attaque.

Ça a été plutôt clair aux cinquième et sixième. Au septième, quelques mains arrière sont passées par-dessus la garde de Bermudez.

La stratégie de Clavel était assurément de lancer des contre-attaques et de revenir rapidement en défense. Elle a livré une bien meilleure performance que face à Yesica Nery Plata, à son précédent combat de championnat, en janvier dernier.

Mais il appert que cela n’a pas été suffisant pour les juges, qui ont penché en faveur de Bermudez. la championne de 26 ans a connu ses meilleurs moments aux premier et deuxième rounds. Au huitième et au 10e, elle a peut-être profité d’un léger relâchement de Clavel. C’est d’ailleurs au 10e que Bermudez a placé ses meilleurs coups en puissance.

«Le 10e, c’est la confirmation que nous avions le combat, a noté l’entraîneuse Danielle Bouchard. C’est ce qu’on avait prévu, qu’elle allait tout donner pour aller chercher le combat.»

Il faudra maintenant retourner à la table à dessins pour le clan Clavel, dont les plans se trouvent de nouveau ralentis.

Clavel a mieux paru

Clavel a livré un combat exceptionnel, mais les rounds les plus serrés lui ont de toute évidence coûté la victoire aux yeux de deux officiels. Une chose est claire: sa stratégie était bien plus à point que face à Nery Plata.

Agressive, elle a lancé plus de coups et a paru plus précise. Il faut croire que les deux juges qui ont donné le combat à Bermudez n’ont pas vu le même combat.

«Je n’ai pas mal nulle part. Elle ne m’a jamais touché solidement de la soirée, a noté Clavel. On m’a répété toute la soirée de garder mon menton près de mon épaule; pas une fois, elle ne m’a fait basculer la tête vers l’arrière, contrairement à moi. Je l’ai fais valser avec mon jab, avec ma main arrière, avec des jabs par-dessous…»

Les quatre premiers rounds ont été très serrés, mais aux sixième, septième et huitième, voire au neuvième, Clavel n’a pratiquement rien donné à son adversaire, qui a souvent touché les gants ou la garde de Clavel.

Vrai qu’au 10e, Clavel a peut-être trop échangé avec la championne, mais cette dernière a ouvert la machine, comme une boxeuse qui sent qu’elle ne peut que l’emporter par K.-O.