Vision zéro: Trois-Rivières abandonne la mesure du 40 km/h

Les élus du conseil municipal ont présenté leur réflexion sur les mesures et les axes qui sont revenus le plus souvent durant les consultations publiques sur l’approche Vision zéro. Mais déjà, une chose est claire: la mesure visant à limiter à 40 km/h la vitesse dans les rues locales et collectrices sur tout le territoire est abandonnée.

«Il n’y aura pas d’application du 40 km/h mur à mur sur tout le territoire, affirme Claude Ferron, conseiller municipal du district des Rivières qui a partagé la réflexion de l’ensemble du conseil. Il y avait de gros bémols sur l’impact et l’efficacité de cette mesure. Et les études le démontrent: les panneaux seuls ne fonctionnent pas. Ça prend des aménagements physiques aussi. On n’écarte pas l’idée de tenir un projet pilote dans les quartiers où les résidents sont intéressés par cette mesure de limiter la vitesse. On peut penser à des zones ciblées, comme les secteurs où on retrouve plus d’aînés. Ce sera à déterminer en temps et lieu.»

Pour l’instant, il n’est pas question de changer le nom de Vision zéro.

«Zéro victime et zéro accident grave, c’est un objectif à atteindre. C’est cet objectif qu’on veut garder en tête. Peut-être qu’on aura un nouveau branding éventuellement, mais en avoir un pour en avoir un en ayant les mêmes objectifs, je ne vois pas l’intérêt», note M. Ferron qui est d’avis qu’il importe plutôt d’éduquer les citoyens sur ce que représente le concept de Vision zéro.

Dix grands axes d’intervention ont été retenus, dont les quartiers conviviaux, le transport actif des aînés, la surveillance policière et la sécurité hivernale des piétons et des automobilistes. Plutôt que de mettre en place des actions sur l’ensemble du territoire d’un coup, M. Ferron propose de fonctionner avec des projets pilotes.

«On n’abandonne pas la philosophie Vision zéro, mais on la bâtit à votre image, avec des gens du milieu, dans vos quartiers, dans un contexte d’urbanisme participatif. On va tester les projets pilotes et les vivre sur quatre saisons avant de les appliquer à grande échelle si le tout s’avère concluant. Ce sera excessivement graduel et étendu dans le temps», précise le conseiller municipal.

La demande des citoyens d’être consultés a également été entendue puisque les citoyens seront partie prenante des divers projets pilotes, que ce soit à l’occasion d’un mécanisme de consultation ou autre.

«C’est toute une coordination entre les fonctionnaires, les membres du conseil et les Trifluviens. C’est pour ça qu’on crée une Direction à la participation citoyenne et aux communications. Il y a un grand enjeu de ce côté», concède Claude Ferron.

Cette réflexion du conseil municipal se base sur le rapport issu des deux consultations publiques sur Vision zéro, rapport qui a été rendu public il y a environ deux semaines.

Le conseil municipal entend attendre l’élection du nouveau maire pour adapter quoi que ce soit et se pencher sur des actions plus concrètes. Une étude systémique qui prendra en compte tout le territoire de la ville sera réalisée prochainement.

Pas suffisant pour Stéphane Guay

Le porte-parole du groupe Trifluviens contre Vision zéro, Stéphane Guay, se questionne tout de même encore sur le besoin essentiel de conserver Vision zéro.

«Pourquoi Vision zéro? C’est une image de marque qui a plus divisé que fait des liens dans la population. Je pense que sans Vision zéro, on pourrait faire plein de gains malgré tout», plaide-t-il.

M. Guay a déploré le fait que la Ville ne semble pas avoir pris en considération le sondage maison qui a été réalisé sur Facebook et dans lequel 94% des plus de 1000 répondants se disaient contre cette approche.

«Il y a des gains, d’accord, dont le 40 km/h et la participation citoyenne. Mais pourquoi adopter quelque chose, l’approche Vision zéro, qui n’est pas accepté socialement», ajoute-t-il.

«On a échangé entre les membres du conseil et on était unanime dans cette réflexion, avance Ginette Bellemare, mairesse suppléante. On va cheminer. Je pense qu’on a beaucoup de travail. On va consulter votre sondage. Peut-être en arrivera-t-on à faire aussi un sondage de notre côté pour nous donner l’heure juste. Cette réflexion que l’on vous présente reflète parfaitement les questionnements et préoccupations qui ont été soulevés par les citoyens lors des consultations publiques.»

Dix axes d’intervention

  • Écoles sécuritaires et actives: favoriser le transport actif des écoliers en aménageant des corridors sécuritaires
  • Transport actif pour les aînés: enjeu de mobilité et entretien des routes et trottoirs
  • Quartiers conviviaux: proposer un panier d’outils pour diminuer la vitesse dans les rues résidentielles
  • Apaisement de la circulation: cibler les rues où des problématiques de vitesse ont été démontrées et déterminer des aménagements visant l’apaisement de  circulation
  • Limite de vitesse: abandon du 40 km/h systématique dans les rues résidentielles et collectrices et travailler en collaboration avec le milieu pour voir le besoin de limiter la vitesse dans certains secteurs
  • Surveillance policière: moins de tolérance de la part des policiers quant au dépassement de la limite de vitesse et utilisation de radars pédagogiques
  • Sensibilisation et éducation: sur les bonnes pratiques à adopter sur les routes, que l’on soit automobiliste, piéton ou cycliste
  • Sécurité hivernale des piétons: entretien (déneigement et déglaçage) des trottoirs
  • Sécurité hivernale des automobilistes: revoir les ordres de priorités en matière de déneigement, améliorer les bancs de neige qui masquent la signalisation, etc.
  • Trois-Rivières 311: la Ville évalue la possibilité d’avoir un onglet dédié pour soumettre les problématiques de sécurité routière