La «Sirène du Québec» entamera le défi de sa vie

DÉFI. Heidi Levasseur compte plusieurs défis à son actif, dont cinq expéditions où elle a nagé pendant plus de 250 kilomètres. Celle que l’on surnomme la «Sirène du Québec» tentera de devenir la première femme au monde à traverser l’Océan Atlantique, entre le Sénégal et le Brésil. Son projet s’intitule «Atlantica».

Et ne vous inquiétez pas, la Trifluvienne n’a pas pris cette décision sur un coup de tête. Elle s’y est préparée ardemment.

«C’est ma passion! Je nage depuis que je suis très jeune et j’ai fait des marathons en eau libre dès l’âge de 15 ans. J’avais arrêté de nager pendant un petit bout, mais je me suis fixée le but de sortir du cadre habituel en y allant de longues expéditions de nage», confie-t-elle d’emblée.

C’est en 2014, alors qu’elle descendait le fleuve St-Laurent à la nage entre Montréal et Québec, que l’idée de franchir l’Océan Atlantique est née.

«Mon thérapeute sportif m’a posé la question et j’y pensais déjà. Il m’a dit que si quelqu’un pouvait le faire, ce serait moi. J’ai ensuite tracé les étapes de mon projet. Il m’a fallu faire une prise de conscience à propos de l’océan. Quels sont les courants et quel est le climat en mer? J’ai discuté avec des navigateurs, j’ai suivi des cours et j’ai récolté beaucoup d’informations. Il fallait également vérifier à quelle saison on pourrait le faire.»

Elle revient tout juste d’un voyage en France où elle est allée s’associer au Club de Triathlon La Rochelle.

«Mon capitaine, qui habite au Québec depuis plusieurs années, est originaire de La Rochelle et sa mission était de nous trouver un bateau. C’est ce qu’il a fait. À mon retour du Sénégal, j’ai donc dévié pour La Rochelle où je suis allée voir ledit bateau.»

«Nous serons à bord d’un catamaran de 56 pieds. Il fallait s’assurer d’avoir de la place pour tout le monde, en plus de notre alimentation et de notre réserve de diesel. Si on manque de stock, il y aura possibilité de ravitaillement en mer.»

Pourquoi des réserves? Car le défi que s’est donné Heidi devrait durée de 4 à 6 mois, à raison de 20 à 25 kilomètres de nage par jour. Un kayakiste de mer supervisera et guidera la nageuse lors de ses sessions de nage.

Photo via Google Map

Défi écologique et historique

Il s’agirait d’une première dans l’histoire si la Trifluvienne parvenait à rallier les deux continents. Le départ est prévu à Dakar, au Sénégal, et l’arrivée devrait se faire à Recife, au Brésil. Mais pour elle, son projet va au-delà du record Guinness.

«Il y a plusieurs branches à mon projet, outre la réalisation d’une première. D’abord, l’expédition servira à produire un documentaire. J’y vais aussi pour la protection de l’océan. L’eau, c’est la vie! Avec toute la pollution, on est en train de perdre nos ressources et c’est alarmant», confie-t-elle.

«Je veux rallier les peuples d’un continent à l’autre. Faire de l’eau une union et non une frontière qui sert à séparer les peuples. Mon plus grand souhait serait d’avoir un impact sur la conscience humanitaire et la préservation de l’eau. L’humain est en train de se nuire à lui-même et il y a possibilité de nous prendre en main.»

Les documentaires réalisés permettront à Heidi de poursuivre son action de sensibilisation et pourront être diffusés et produits dans plusieurs pays du monde.

Peurs et craintes?

Qui dit Océan Atlantique dit dangers potentiels. Après tout, on ne parle pas d’un calme plat du même titre que celui qu’offre la rivière Saint-Maurice.

«Il faut que la confiance soit plus grande que la peur pour entreprendre un tel défi», témoigne l’athlète. «La mer est un des plus gros éléments à affronter. On est bien documenté et bien renseigné. Nous avons également choisi de partir en décembre pour éviter la saison des ouragans.»

Et pour ce qui est du danger sous l’eau?

«Il faut minimiser les risques. Par exemple, il existe toute sorte de façon pour ne pas se jeter dans la bouche des requins. On sait qu’ils s’alimentent au lever et au coucher du soleil. Il existe un liquide répulsif à requin pour les éloigner, en plus des instruments ultrasons anti-requins. Nous aurons également un sonar, soit un sondeur multifaisceaux utilisé pour reconnaître les déplacements des animaux marins. Côté navigation, il y aura une surveillance constante.»

«Il faut faire attention aux bancs de méduses, car elles brûlent le corps et affectent le système nerveux. Il n’existe pas moyen de les détecter, alors il va falloir faire attention. J’aurai une combinaison en conséquence pour me servir de protection», conclut celle dont le parcours s’amorcera dans une eau à 15 degrés avant d’atteindre les 25 à 30 degrés.

Un médecin, présent à bord et expérimenté en mer pourra assister l’athlète régulièrement ainsi que tout membre de l’équipage nécessitant des soins. Pour en savoir plus à propos de la Trifluvienne, visitez le http://heidilevasseur.ca/.

Itinéraire & Durée

Départ: Sénégal décembre 2018 (Dakar)

Arrivé: Brésil printemps 2019 (Salvador de Bahia)

Durée estimée: 120 à 180 jours

Distance totale: 3500 km

Escale: Aucune