Réforme de l’industrie du taxi: des inquiétudes pour les personnes handicapées

La réforme de l’industrie du taxi, telle que désirée par la Coalition Avenir Québec, nuira aux personnes handicapées, croit fermement le Regroupement des organismes de personnes handicapées de la Mauricie.

C’est que l’industrie du taxi effectue présentement plus de 70% des déplacements que requièrent les personnes handicapées à travers le Québec, les personnes présentant une déficience visuelle, intellectuelle ou physique en étant de grandes utilisatrices.

Ce qui inquiète le regroupement régional, c’est notamment l’absence de balise en ce qui a trait au nombre minimal de véhicules adaptés que devra contenir une flotte de taxis. En ce moment, les propriétaires d’une compagnie de taxi de plus de 20 véhicules devaient avoir entre 4 et 5 % de voitures adaptées dans sa flotte.

«Le taxi adapté vient compléter le service offert par les autobus de la Société de transport de Trois-Rivières. On peut penser aux fins de semaine et hors des heures normales. Quelqu’un qui n’a pas de handicap peut trouver facilement une alternative,  mais pour une personne handicapée, en termes de véhicules accessibles, il ne reste que les taxis adaptés», souligne Steve Leblanc, directeur du Regroupement des organismes de personnes handicapées de la Mauricie.

Ce dernier craint que l’absence de cette obligation ne fasse en sorte de restreindre significativement le nombre de véhicules accessibles en réponses aux besoins des personnes à mobilité réduite.

M. Leblanc déplore également la disparition de la formation dite obligatoire en lien avec les réalités des déplacements des personnes handicapées et la tarification dynamique qui se retrouvent dans le Projet de loi 17. Il remarque aussi que les nouveaux joueurs que sont Uber, Eva et Lyft n’offrent pas de service de transport adapté.

Philippe Morin doit prendre le taxi tous les jours pour se rendre à son travail. Il a la chance de pouvoir utiliser le service de taxi régulier, le chauffeur lui offrant de l’aide pour plier sa marchette et pour l’asseoir dans le véhicule. Il mentionne, cependant, que des utilisateurs de taxis adaptés lui  ont raconté que les délais d’attente pour un véhicule pouvaient s’étirer jusqu’à 45 minutes, faute d’un grand nombre de taxis adaptés disponibles.

«Ce qui m’inquiète aussi avec l’arrivée des autres intermédiaires comme Uber, c’est que des tarifs discriminatoires pourraient être imposés. Quand le chauffeur plie ma marchette et m’aide à m’asseoir, il n’y a pas de surcharge pour ça. Dans le nouveau Projet de loi, il n’y a pas de balise à ce niveau», confie-t-il.

«La tarification dynamique ne me fait pas si peur, tant que c’est balisé. Ça ne me dérange pas de payer un peu plus cher mon déplacement à l’heure de pointe. Par contre, on a eu des cas en janvier 2016 où le tarif équivalait à 9$ du kilomètre. C’est trois fois plus que le tarif normal. Il y a des risques de surcharge pour la manipulation d’une marchette ou d’une chaise roulante s’il n’y a pas de balise», poursuit M. Morin.

Le Regroupement souhaiterait aussi que la vérification des antécédents judiciaires s’étende aux antécédents liés aux abus envers les personnes, aux agressions sexuelles ainsi qu’aux fraudes.

L’organisation espère aussi que les plateformes technologiques qui seraient mises en place soient compatibles avec les modes alternatifs de communication et qu’elles tiennent compte des différents types d’incapacités. Dans un tel contexte, le maintien d’un service de réservation efficace par téléphone doit être conservé, plaide le Regroupement.