Personnes immigrantes: briser l’isolement avec l’art

Miser sur l’art pour briser l’isolement chez les personnes immigrantes de Trois-Rivières, voilà le défi que se lance le directeur et fondateur de l’organisme Des livres et des réfugiés, Adis Simidzija. Et cela passera notamment par la création d’un spectacle théâtral.

«Le projet L’art de briser l’isolement est le plus important projet de l’organisme jusqu’à présent. Ça nous amène dans la transition vers l’offre de services. Ce projet se veut inclusif et j’insiste sur ce point. On ne veut pas que ce soit par des immigrants pour des immigrants. On veut briser ça, briser l’isolement des personnes immigrantes», lance-t-il.

En mettant sur pied ce projet, le conseil d’administration et lui avaient notamment en tête les immigrants qui suivent des cours de francisation, mais qui abandonnent en cours de route en raison de plusieurs préoccupations.

«Avec les enfants qui vont à l’école et toutes les tâches du quotidien en plus, certains ne sont plus capables de cadrer les cours de francisation dans tout ça. On remarque que peu de choses sont offertes aux immigrants qui s’isolent de cette manière. J’ai vécu ça avec ma mère, mais aujourd’hui, elle s’implique et fait du bénévolat», confie Adis Simidzija.

Des ateliers liés au théâtre seront offerts afin de familiariser les participants avec l’aspect théâtral. On peut penser à un petit numéro de danse, à un court acte théâtral, à l’art des marionnettes, etc. Des professionnels de ces milieux seraient invités à présenter les ateliers.

«L’objectif est que les ateliers soient interactifs. On abordera aussi les autres tâches connexes à la création, comme la création des décors. Comme les personnes immigrantes qui ont abandonné le processus de francisation n’ont pas un français à point, on souhaite les faire évoluer en interaction et en collaboration avec des personnes québécoises. On vise aussi les retraités, car ils ont un dénominateur commun de par l’isolement qui peut être vécu», explique-t-il.

L’organisme souhaite doter Trois-Rivières d’espaces de création pour les immigrants comme monsieur-madame-tout-le-monde pourront se retrouver. Pour cette première tentative, on a choisi un spectacle de nature théâtrale.

La multiplication des espaces de création s’avère important puisque M. Simidzija craint que les immigrants ne se déplacent pas s’il n’y a qu’un seul lieu. «Il faut aller les chercher, se rapprocher d’eux», note-t-il.

«Il ne s’agit pas seulement de personnes immigrantes arrivées depuis peu. Certains sont là depuis dix ans, mais ne parlent pas très bien français, ne sont pas intégrés et cherchent des activités ou des choses à faire.»

Le projet L’art de briser l’isolement est aussi soutenu par le SANA Trois-Rivières, le Laboratoire sur les Récits du soi mobile de l’Université de Montréal et l’École de français du Cégep de Trois-Rivières.

Pour aider à financer le projet, l’organisme a lancé une campagne de financement participatif sur la plateforme La Ruche. L’objectif est d’amasser 2000$ pour boucler le montage financier du projet. Le montant servira aussi à louer la salle.

Au moment de mettre sous presse, 73% du montant espéré avait été amassé. Pour contribuer: laruchequebec.com/projet/art-briser-isolement-5858

La campagne de financement participatif se poursuit pour encore 33 jours.

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Cinq nouvelles publications en 2019

La maison d’édition Des livres et des réfugiés a aussi pris de l’ampleur, si bien qu’Adis Simidzija prévoit la parution de cinq livres au cours de l’année 2019.

«On est en train de professionnaliser la maison d’édition. On a maintenant un comité de lecture et deux correctrices-réviseuses collaborent avec nous.»

En plus de L’enfant exilé de la vallée des arbres sucrés, écrit par Adis Simidzija et déjà publié, la maison d’édition à but non lucratif publiera le recueil de nouvelles Les ponts à reconstruire qui mettra de l’avant des textes d’aimée Lévesque, Isabelle Baez, François Fournier, Malou Brouwer, Joanie St-Georges, Adis Simidzija, Frédérick Simon, Marie-Christine Perras, Rock Généreux, Katy-Ève Côté et Marie-Hélène Nadeau. C’est d’ailleurs l’illustratrice trifluvienne Mathilde Cinq-Mars qui a réalisé l’image de la couverture.

Le fil d’Ariane, un roman d’Hugues Chabot, sera aussi bientôt disponible. Il fait partie de la nouvelle collection Violette qui misera sur des romans d’autofiction.

Les ponts à reconstruire et Le fil d’Ariane seront disponibles en juin. Deux autres publications seront lancées à l’automne.

Dans les régions, les livres seront en vente à la librairie Poirier, à l’Exèdre, ainsi qu’à Coopsco. Ils sont aussi disponibles dans les librairies Gallimard et Ruffin, à Montréal, et au www.deslivresetdesrefugiees.org.

La publication de cinq ouvrages durant l’année permettra aussi à Des livres et des réfugiés d’être admissible à l’obtention d’une accréditation du ministère de la Culture et des Communications à titre de maison d’édition officielle.

Une partie des profits tirés de la vente des livres ira évidemment aux auteurs, tandis que toute la partie revenant à la maison d’édition sera remise à la Fondation Des livres et des réfugiés. Cela permettra notamment de financer certaines initiatives, telles que l’achat de fournitures scolaires pour des enfants réfugiés ou immigrants qui en ont besoin.