La campagne «De travailleuses à chômeuses, même injustice, même combat!» voit le jour
CAMPAGNE. «Depuis des années, les différents groupes de défense des droits sociaux ont constaté que les femmes étaient désavantagées par l’actuel régime d’assurance-emploi», lance Catherine Gendron, directrice générale du Mouvement Action-Chômage (MAC) de Trois-Rivières. Voilà l’une des raisons qui a engendré la campagne «De travailleuses à chômeuses, même injustice, même combat!».
Outre le MAC, le Mouvement d’Action Solidaire des Sans-Emploi (MASSE) des Chenaux, la Table de concertation du mouvement des femmes de la Mauricie (TCMFM), le Conseil Central du Coeur du Québec-CSN et le S.E.V.F. (FSE-CSQ) ont décidé de joindre leurs voix afin de lancer ladite campagne.
Ils déplorent que notamment que les travailleuses occupent davantage d’emplois à temps partiel et sous-rémunérés et, pour cette raison, elles sont plus souvent inadmissibles aux prestations, car elles n’arrivent pas à se qualifier étant donné le nombre élevé d’heures requises.
«Si elles réussissent à se qualifier, ces femmes reçoivent généralement des prestations moins longtemps, car la durée de la période de prestations dépend du nombre d’heures accumulées», mentionne Joanne Blais, directrice de la TCMFM.
Une autre réalité touche spécifiquement les femmes et crée une fois de plus des inégalités face à l’assurance-emploi, soit le congé de maternité.
«À son retour possible au travail après un congé de maternité et un congé parental, une femme qui perd son emploi, ou qui le perd peu de temps après, n’aura pas le droit à des prestations de chômage. Cette dernière se retrouve donc sans argent et sans recours», explique Loraine Dugas, première vice-présidente de la CSN-Coeur du Québec.
«Une telle situation est totalement inacceptable d’autant plus que certains employeurs sont tentés d’avoir recours à cette façon de faire pour se départir d’une employée. L’employeur abolira le poste de l’employée qui était en congé de maternité ou, tout simplement, il décidera de la remplacer, ce qui consiste à un congédiement déguisé. Le gouvernement doit agir et s’ajuster aux réalités 2018.»
Les élues et élus fédéraux seront rencontrés au cours des prochaines semaines. Une pétition et une campagne de lettres d’appui sont également lancées afin que le gouvernement comprenne l’urgence de changer la loi sur l’assurance-emploi .
Du côté du corps enseignant
Stéphan Béland, premier vice-président du Syndicat de l’enseignement des Vieilles-Forges (FSECSQ) et coordonnateur régional CSQ-Mauricie, explique que plusieurs dizaines d’enseignantes se retrouvent dans cette situation également.
«Lorsque la fin de l’année scolaire arrive, plusieurs enseignantes à statut précaire se retrouvent sans contrat, donc sans le sous. Elles n’ont pas réussi à accumuler assez d’heures pour «se qualifier» pour recevoir des prestations de chômage, car elles étaient en congé parental (donc pouvaient recevoir des prestations du RQAP) une partie de l’année», explique-t-il.
«Il faut se rappeler que ces dernières ne savent pas quand elles auront un nouveau un contrat, sans parler qu’il peut s’agir d’un contrat à temps partiel très peu élevé. Leur situation économique est donc précaire. Il s’agit là d’un exemple parmi tant d’autres.»
Devant ces constats, la nouvelle campagne «De travailleuses à chômeuses, même injustice, même combat!» est lancée à l’échelle nationale et, à sa tête, se retrouve le Mouvement autonome et solidaire des sans-emploi (MASSE) afin d’informer la population et les organismes communautaires et syndicaux de ces réalités via un feuillet d’information et par une tournée de formations.
D’autre part, la loi doit changer pour mettre fin à cette discrimination. «Deux solutions facilement réalisables par le gouvernement pour remédier rapidement à ces situations sont proposées. Tout d’abord, un nombre d’heures assurables unique pour se qualifier, soit 350 heures. Cela permettrait à beaucoup plus de personnes de se qualifier, ces personnes étant principalement des femmes», ajoute Mme Gendron.
«De plus, la loi prévoit différents motifs pour prolonger la période de référence1 ; c’est le cas de la CNESST. Alors pourquoi ne pas y ajouter le Régime québécois d’assurances parentales (RQAP). Cela éliminerait une injustice comme celle de ne pas se qualifier à l’assurance-emploi après avoir perdu son emploi suite à son congé de maternité et parental.»