Centre Le Havre: plus de jeunes et de femmes depuis quelques mois

Depuis trois mois, le Centre Le Havre remarque un plus grand nombre de jeunes de moins de 30 ans et de femmes avoir recours au service d’hébergement d’urgence de l’organisme. Si bien qu’en avril, la moitié des usagers étaient âgés de 24 ans et moins.

«On continuera de surveiller la situation jusqu’à la fin de l’année, mais depuis mars, le constat est frappant, lance Danny Lacroix, directeur général du Centre Le Havre. Le défi à venir, ces prochaines années, sera la formation des intervenants. Aura-t-on besoin de services plus spécifiques si ça se maintient? Il faudra le considérer.»

«On est en réflexion parce que leur situation est différente. À cet âge, il y a un besoin de relance. Il faut leur donner le goût de contribuer à quelque chose de plus gros. On remarque qu’il s’agit de jeunes d’âge adulte, mais qui n’ont pas les outils d’un adulte», poursuit M. Lacroix.

C’est dans cette idée de relance que l’organisme a mis en place le programme Habiter le monde qui m’entoure, en collaboration avec le ministère de l’Éducation. Celui consiste en un professeur qui vient rendre visite aux personnes en maison de stabilisation.

Cette initiative a aussi pour objectif de vaincre la récurrence des demandes.

«On reçoit plus de 1000 demandes d’aide par année. Cependant, si trop de gens reviennent et qu’il y a une récurrence, le nombre de demandes risque d’exploser. On a élaboré une stratégie de leur sortie de l’hébergement d’urgence jusqu’à la stabilisation. On les aide à développer leur autonomie, à avoir de meilleures habitudes de vie et à les outiller pour éviter qu’ils aient à revenir en hébergement d’urgence. En ce moment 60% des gens en sont à leur première demande au Havre. Quand ils viennent à nous, c’est qu’ils n’ont plus de ressources, plus de liens, qu’ils sont isolés, en rupture sociale», explique M. Lacroix.

Jusqu’à présent, le programme est prometteur. Sur 27 participants, seulement un a de nouveau eu besoin de l’hébergement d’urgence.

20 000

Plus de 20 000 personnes ont été aidées par le Centre Le Havre en 30 ans.

«Ça a un impact réel. On a beaucoup vu une diminution de la consommation, car ils savaient qu’ils voyaient le professeur le lendemain et ils ne voulaient pas être trop poqués. Ce projet a aussi pour but de  nourrir l’espoir en quelque chose, retrouver la flamme. On a aussi vu trois personnes s’inscrire pour finir leur secondaire et un qui a obtenu son diplôme», ajoute-t-il.

Quant à la présence plus marquée des femmes en hébergement d’urgence, le directeur général se questionne à savoir jusqu’à quel point le Centre Le Havre est capable d’avoir la mixité des services. «Il faut garder ça à l’esprit. On ne parle pas des mêmes besoins.»

Très sollicité…en été!

Cela va de soi: le Centre Le Havre est particulièrement occupé durant l’hiver, par temps froid. Cependant, contrairement à ce qu’on pourrait penser, l’été s’avère également très achalandé, si bien que des tentes doivent souvent être érigées dans la cour de l’organisme durant la belle saison.

«On est déjà en légère surpopulation en ce moment, admet M. Lacroix. On essaie d’étirer la capacité d’accueil tout en assurant la sécurité et le bien-être des gens. On fait aussi attention à la cohabitation sociale avec les voisins. En hiver, c’est l’instinct de survie qui fait en sorte que les gens cherchent un refuge pour passer l’hiver. Avec le printemps et le beau temps, l’envie d’explorer refait surface. On se retrouve en parcours migratoire et comme on est central, ça nous affecte plus.»

Ce parcours migratoire fait en sorte que les gens se déplacent à travers la région, mais aussi à l’extérieur, de sorte qu’environ 4% des usagers estivaux proviennent de Montréal et l’on en dénombre autant de Québec. Ceux-ci ont toutefois tendance à repartir vers là où ils ont quelques racines au terme de l’été.

D’ailleurs, la Table intersectorielle sur l’itinérance se penche présentement sur la mise sur pied d’un protocole climatique pour mieux gérer la situation lorsque les températures extrêmes surviennent.

«Ce protocole climatique nous soutiendrait aussi afin qu’on ne soit pas la seule ressource d’urgence à absorber ça et permettrait de compter sur d’autres partenaires», note Danny Lacroix.

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30 ans, ça se célèbre!

Les 30 ans du Centre Le Havre coïncident également avec le 15e anniversaire de la Fondation de l’organisme, mise sur pied en 2005, dont la mission est de soutenir le Centre Le Havre dans sa mission qui est de prévenir le développement de l’itinérance, d’atténuer ses conséquences et de favoriser la réinsertion sociale des personnes les plus vulnérables et démunies.

«Trente ans, ce n’est pas rien. Ça représente un gros lot de réalisations. Je crois que le fait marquant aura été de passer d’un modèle de refuge à un modèle d’hébergement d’urgence. Avant, les gens restaient une nuit et quittaient ensuite le lieu. On a constaté qu’il fallait les soutenir quand ils sortent et les accompagner dans le processus. En 1990, on recevait 159 demandes. Dix ans plus tard, on en recevait 1000. La pression était si forte que ça ne pouvait plus continuer sous l’ancien modèle», raconte Danny Lacroix, directeur général du Centre Le Havre.

D’ailleurs, afin de célébrer le 30e anniversaire du Centre, la Fondation a tenu, au printemps, un 5 à 7 spécialement pour l’occasion.

Pour laisser sa marque dans le district de La-Vérendrye où se situe l’organisme depuis ses débuts, la Fondation procèdera à l’inauguration d’un banc de parc artistique réalisé en partenariat avec deux étudiantes en Arts de l’Université du Québec à Trois-Rivières, dans le cadre d’un projet PICOM.

«Cette œuvre sera installée dans un parc du quartier. Le banc a été réalisé avec des usagers de nos services. Le choix du banc de parc n’a pas été laissé au hasard, en ce sens que ça se veut aussi un symbole fort de l’itinérance», soutient Jacynthe Laing, responsable des activités philanthropiques et communications.

En plus de la guignolée du 5 octobre, l’organisme tiendra un souper-bénéfice mettant en vedette un invité spécial le 14 novembre prochain. La Fondation espère y accueillir 200 personnes.

En parallèle des célébrations, on attend des nouvelles à l’automne concernant la nouvelle construction visant à remplacer une résidence du Centre Le Havre, située sur la rue Laviolette, ravagée par un incendie en mai 2017.

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Un petit coup de pouce

Les gens qui souhaitent faire un don à la Fondation du Centre Le Havre pour soutenir la mission de l’organisme peuvent faire un don en argent, mais aussi de certains items qui peuvent servir pour les soins d’hygiène et pour les chambres (vêtements de saison, draps, oreillers, etc.). L’organisme n’accepte toutefois pas les meubles.