À travers la lentille de Gilles Joubert

PORTRAIT. Depuis l’envol des Aigles de Trois-Rivières, en 2013, Gilles Joubert passe ses étés au stade. À l’inverse des partisans, ses yeux ne sont pas rivés sur le terrain, mais bien sur les spectateurs qu’il s’amuse à photographier. Ses 89 ans ne l’empêchent pas de parcourir les estrades d’un bout à l’autre pour immortaliser ces moments passés en famille et entre amis.

M. Joubert vient tout juste d’entamer sa sixième saison à titre de photographe bénévole pour l’organisation. Passionné de photographie et mordu de sport, il assiste à toutes les parties locales, ou presque.

«J’en manque très rarement, admet-il. Je connais le stade par cœur maintenant. Je fais ça par plaisir, c’est une initiative personnelle. Je fais tout bénévolement et j’aime ça de même parce que je peux faire les photos que je veux.»

Avec sa lentille 24-70, il prend au moins 150 photos par partie. À la fin de chaque série de trois matchs, il classe le tout et fait quelques retouches sur Photoshop au besoin. Il les envoie ensuite à l’organisation qui les met sur sa page Facebook.

«Les gens me demandent souvent quand ils vont pouvoir se voir sur Facebook, dit-il. Ils ont hâte de se voir sur les photos. Il y a même des gens qui communiquent avec moi pour que je leur envoie une photo d’eux en me précisant la date à laquelle je les ai photographiés. Ça arrive très souvent. Comme j’ai gardé toutes mes photos depuis le début, je fais une petite recherche et je leur envoie.»

Ancien joueur de basketball

Son amour pour les sports ne date pas d’hier. Dans sa jeunesse, M. Joubert jouait au basketball. Il était même plutôt doué. «Je faisais facilement 27 points par partie, lance-t-il. J’ai commencé à jouer au basketball au Séminaire. J’ai ensuite joué dans le senior. Je n’étais pas très grand, mais j’étais ambidextre. Je pouvais lancer le ballon des deux mains.»

À l’époque, il avait choisi le numéro 99, numéro qu’il porte encore fièrement lorsqu’il est au stade. «J’avais pris ce numéro juste pour embêter les arbitres, confie-t-il en riant. Ils doivent faire des signes quand il y a une faute et c’était plus long et plus compliqué faire les signes pour 99. Mais c’est revenu contre moi après parce que j’ai été arbitre pendant 15 ans.»

Maintenant, il prend plaisir à photographier les sportifs en action. On le voit depuis de nombreuses années au Grand Prix de Trois-Rivières et au hockey des Patriotes, pour ne nommer que ceux-là.

Des milliers de clichés

Au fil des ans, Gilles Joubert a pris plus de 700 000 photos. Certaines d’entre elles ont été prises en voyage. Il a visité une cinquantaine de pays et fait une trentaine de croisières. Mais ce n’est qu’en 1984 qu’il a commencé à faire de la photo de façon professionnelle. Son baptême : la visite du pape Jean-Paul II à Trois-Rivières, le 10 septembre 1984.

«J’avais fait une demande au Vatican pour avoir une passe de photographe, se souvient-il. Ç’a pris 6 mois avant de l’avoir. L’Évêché m’avait fait venir pour vérifier que j’étais catholique pratiquant. La plus belle photo du pape lors de sa visite, c’est moi qui l’ai faite. Elle a paru dans tous les journaux et une copie s’est rendue au Vatican. C’était quelque chose de gros et je voulais être aux premières loges.»

Quand on lui demande quelle est sa photo préférée en carrière, il répond sans hésiter que c’est celle du premier double jeu des Aigles à Trois-Rivières. «Le gars est dans les airs complètement. C’est de toute beauté. J’aime bien aussi celle du Doc Hébert sur une roue en course automobile. Je suis le seul à avoir eu cette photo-là, indique-t-il. On a voulu me l’acheter, mais j’ai refusé.»

Ce dernier a d’ailleurs décidé qu’il ferait don de ses photos aux Archives nationales du Québec. «Je vais offrir une partie de ma vie», conclut-il.