Un échevin avec des couilles

Je ne l’aurais pas fait. Et vous ne l’auriez pas fait vous non plus. La plupart d’entre vous en tout cas. L’échevin Gaston Vallières, lui, a eu le courage de s’ouvrir la trappe.

Je n’ai pas connu Gaston Vallières mais mon admiration envers cet homme croît au fur et à mesure que les révélations concernant l’industrie de la construction au Québec font les manchettes : mafia, corruption, intimidation, collusion.

Je m’explique.

La bombe

Vous vous souvenez de mon dossier Au temps de la corruption? Je vous parlais d’une poignée de policiers corrompus qui faisait la pluie et le beau temps à Trois-Rivières jusqu’à la fin des années 70. Ils salissaient tellement le corps policier que la Commission de la police du Québec a débarqué deux fois à Trois-Rivières pour tout nettoyer.

Un soir de 1969, alors que policiers et pompiers faisaient irruption au Conseil municipal pour réclamer de meilleures conditions de travail, Gaston Vallières a osé se lever pour accuser publiquement certains policiers d’être de connivence avec le crime organisé.

La bombe! « Voulez-vous répéter s’il vous plaît? », demandaient les médias. À Québec, la Commission de la police nouvellement créée se frottait les mains de satisfaction : enfin, une première enquête.

Ceux et celles qui ont lu le dossier Au temps de la corruption savent dans quoi s’embarquait M. Vallières, les dangers auxquels il exposait sa famille. Si vous n’avez pas lu le dossier (il est disponible à www.lhebdojournal.com section actualités), sachez qu’à l’époque un échevin possédait un bordel au centre-ville, qu’un des hommes de main du parrain de la mafia montréalaise Vincenzo Cotroni a été croqué sur une photo, célébrant la victoire d’un maire aux élections dans les années 60 et 70, que des policiers contrôlaient le trafic des prostituées moyennant des ristournes. Voilà le milieu que l’échevin Gaston Vallières allait affronter.

D’ailleurs, c’est deux mois après la fin des travaux de la commission que le policier Louis-George Dupont a été retrouvé sans vie dans son auto. La question que je me pose : comment s’est senti M. Vallières après la découverte du corps de Dupont? Il a sûrement « freaké » un brin.

Tu vas payer bonhomme

Gaston Vallières a payé le prix : menaces de mort, coups de feu autour de sa propriété, intimidation. Malgré tout, l’homme s’est tenu debout.

Plus j’en apprends sur le scandale de l’industrie de la construction au Québec, plus je songe à Gaston Vallières. Car c’est la question que tout l’monde se pose aujourd’hui en voyant les suites du rapport Duchesneau : qui, dans l’entourage des différents maires impliqués au Québec ou des entreprises de génie-conseil, aura le courage de se mettre à la table? Ou de dénoncer?

Gaston Vallières l’a fait en 1969.

J’ose espérer que quelqu’un a pris la peine de remercier Gaston Vallières avant qu’il ne quitte le coco terrestre.

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