Pyrrhotite: «Il faudrait aussi envisager des recours contre les entreprises»

TRIBUNE LIBRE. Voici une lettre d’opinion d’Alain Soulard, professeur retraité du Collège Laflèche, concernant le dossier de la pyrrhotite.

Tout a été dit ou presque dans le dossier de la pyrrhotite mais je voudrais partager avec vous un point de vue qui ne fait pas souvent la manchette.

Oui il importe, comme on l’a fait cette fin de semaine, de scander haut et fort que le dossier est éminemment politique et que tous les paliers, du municipal en passant par le provincial jusqu’au renégat de fédéral, devraient contribuer de leur mieux afin de supporter les milliers de personnes aux prises avec ce cancer de béton.

Il faudrait aussi envisager quant à moi des recours contre les entreprises qui ont contribué au problème et, pire, en ont profité indûment. Un procès a eu lieu et SNC a été condamné mais, vous le savez tous, les grands de ce monde ont toujours la possibilité d’aller en appel, de payer à grands frais les avocats pour étirer la sauce jusqu’à la lie, ce que SNC a fait.

C’est légal me direz-vous, certes, mais est-ce moral ? Ah la moralité et les affaires, j’en suis à me demander si ces deux termes auront un jour l’occasion de se retrouver dans une même phrase mais sous l’angle positif de la chose. Ce qui encore plus démoralisant tient du fait que le gouvernement Harper, ne reculant jamais devant le ridicule, accordait le contrat du nouveau pont Champlain à ce même SNC.

Vous essaierez de rester contenus dans vos réactions quand de telles inepties vous pètent en pleine face. La règle suivante devrait être suivie: plus de contrats tant que vous n’aurez pas dédommagé les victimes ou mis en réserve les sommes requises pour les supporter.

On devrait aussi faire la lumière sur les pratiques quasi-frauduleuses des entrepreneurs qui ont gonflé du double la facture pour lever les maisons des victimes, indécence quand tu nous tiens.

Finalement j’y vais d’une dernière suggestion, aucune entreprise liée de près ou de loin au dossier ne devrait recevoir de contrat tant que le procès final n’aura pas eu lieu, iront-ils jusqu’en Cour Suprême, et que ce drame humain n’aura pas été réglé.

Avons-nous encore l’illusion d’une justice? J’ose y croire….encore.

 

Alain Soulard