(OPINION) Journée sans achat vs Vendredi noir

TRIBUNE LIBRE. On nous a souvent fait remarquer qu’organiser cette journée sans achat le jour même du Black Friday n’était pas l’idée du siècle. Bien sûr, à première vue, on pourrait se dire que c’est la meilleure manière de passer inaperçu.

Pourtant, la Journée sans achat, se tient sur le plan international, il s’agit de 24 heures de réflexion sur l’impact social, économique et écologique de la consommation des pays riches sur l’ensemble de la planète. N’oublions pas que 20% de la population mondiale consomme 80% des ressources planétaires ! (site : Journée sans achat.com).

Ainsi, nous croyons que tenir un discours différent lors de cette journée, où tout le monde est mobilisé par la frénésie de consommation du temps des Fêtes, finira par porter ses fruits. De plus en plus de gens prennent conscience que cette abondance est dérangeante, voire indécente. Ils réalisent que le discours économiste du développement pour le développement au nom du seul dieu profit, ne conduit qu’au chaos. Un cul de sac sur le plan environnemental, et un monde où les inégalités deviennent de plus en plus insupportables.

M. Legault, il n’y a pas longtemps, dans un discours très bien intentionné, souhaitait que tout le monde au Québec gagne 80 000$ par année. Si son vœu se réalisait, nous assisterions alors à une catastrophe environnementale de première catégorie ! Que chacun et chacune aient les moyens de satisfaire tous ses fantasmes, ses rêves de posséder ! Par exemple, on ne pourra jamais empêcher une personne qui, depuis toujours, aspire à posséder un 4X4, de réaliser son rêve si elle en a les moyens financiers. À moins, bien sûr, que cette personne ait réfléchi aux problèmes de pollution causés par ce type de grosses cylindrés.

Nous sommes programmés depuis des décennies à consommer pour faire rouler l’économie, pour créer des jobs. Puis la machine publicitaire nous soumet à un bombardement intense, au quotidien, pour nous vendre toutes sortes de gadgets dont personne n’a véritablement besoin. Il faut faire rouler l’économie… même si le modèle est insoutenable pour la planète.

S’est installé une sorte de nihilisme individuel : on s’en va dans le mur, on en est conscient, mais à part faire de la récupération, qu’est-ce que je peux faire ?

Évidemment, dans un monde individualiste où on cultive le culte du soi, la tentation du je-m’en-foutisme est grande. L’individualisme, ici, formant un cercle vertueux avec la consommation de masse et une vision économique complètement imbibée d’un libéralisme d’un autre siècle et maîtresse de toutes les politiques.

Oui, il y a des choses à faire. Oui, il y a place pour se forger une autre mentalité, pour nous déformater. Il y a place également pour d’autres orientations politiques et pour créer des emplois dans une économie verte. Sur un plan individuel il faut essayer d’harmoniser notre état de conscience et nos gestes afin de simplement améliorer nos équilibres personnelles et, ne l’oublions pas, notre budget…

CIBES Mauricie