Michel Therrien, Lapointe et Bouillon

Karl Marx serait mort de rire en voyant le conflit qui déchire millionnaires, multimillionnaires et milliardaires dans la Ligue nationale de hockey. Quand le capitalisme attrape une diarrhée, c’est fou comme il fait pitié!

Remarquez que je n’ai rien contre le capitalisme, au contraire. Le capitalisme n’est pas parfait, mais aucun autre système ne lui arrive à la cheville. Peut-être parce qu’il est celui qui se rapproche le plus de la nature humaine.

Mais lorsqu’il se fait ridicule, il a vraiment l’air ridicule. Comme aux États-Unis actuellement où une petite minorité de millionnaires et de milliardaires républicains tiennent absolument à ce que la majorité des Américains restent pauvres afin qu’ils puissent conserver leurs privilèges et se faire encore plus de fric.

Certains appellent ça le capitalisme sauvage. J’aime mieux l’expression «le capitalisme tribal ». Parce que là, on parle vraiment d’une tribu.

Revenons au hockey. En attendant que les gars de la LNH s’entendent sur les millions à se partager, jasons un peu des choix de Marc Bergevin, directeur général du Canadien.

Michel Therrien

Je l’ai connu du temps où je couvrais le Titan de Laval dans les années 90. Au début, Therrien était l’adjoint de Bob Hartley. De cette époque, je garde l’image d’un gars discret, ténébreux et peut-être timide. Lorsque Hartley échangeait avec les journalistes dans son bureau après les matchs, Therrien était là, affalé sur sa chaise et les jambes allongées, l’air bourru, fixant les journalistes du regard.

Dans l’autobus qui transportait l’équipe, Hartley se tenait droit. Près de lui se tenait Therrien, affalé et les jambes allongées, l’air bourru.

Quand Therrien a remplacé Hartley derrière le banc, il est devenu un autre homme. On le voyait pensif, inquiet, soucieux. Fini l’affalement et les jambes allongées, mais il avait toujours son air bourru.

La cravate

Comme Hartley, Therrien avait un tempérament bouillant.

Un soir, un collègue journaliste s’était dirigé immédiatement vers le banc après le match pour attraper Therrien. Celui-ci venait de se livrer à un duel verbal un tantinet agressif avec l’entraîneur adverse. On s’était engueulé de bord en bord de la patinoire.

Je vois encore le journaliste me raconter l’histoire. Therrien avait déjà quitté le banc. Le journaliste avait fini par repérer le veston de Therrien sur le plancher. Puis, un peu plus loin, sa cravate. Les traces menaient jusqu’au banc de l’équipe adverse. De mémoire, Therrien n’avait pas réussi à mettre la main sur l’autre coach. Heureusement!

À l’époque, Therrien s’était livré à un combat de boxe avec un entraîneur adverse. L’histoire avait fait les manchettes.

Roch Voisine

Peu de gens savent que Michel Therrien a déjà été garde du corps de Roch Voisine. Apparemment que les deux hommes s’étaient connus au hockey junior, avec les Remparts de Québec. Therrien avait le physique de l’emploi.

À l’époque du Titan, ils étaient peu nombreux à penser que Therrien deviendrait coach dans la Ligue nationale un jour. Personnellement, connaissant son caractère et ses frasques, j’étais convaincu que non. Jamais Therrien n’allait se retrouver derrière un banc de la Ligue nationale!

Le gars nous a tous fait mentir et pas à peu près! Il s’est même payé une finale de la Coupe Stanley.

Martin Lapointe

On sait que Bergevin a nommé Martin Lapointe directeur du développement des joueurs chez le Canadien. Son rôle: soutenir les jeunes de l’organisation et les aider à devenir matures le plus rapidement possible.

Bergevin ne pouvait pas choisir meilleur homme. Lapointe était le leader du Titan à l’époque et je peux vous dire que le gars est un vrai gentleman. Faire une entrevue avec lui était un plaisir. Il avait une maturité peu commune pour son âge.

Non seulement Lapointe était l’homme de confiance de Bob Hartley, mais il avait reçu le titre de personnalité de l’année en 1992-93 au hockey junior.

« Connaître Martin Lapointe a fait de moi un meilleur homme », disait Jean-Claude Morrissette, alors directeur général du Titan.

Lapointe n’avait même pas 20 ans. Cela veut tout dire.

Et ce n’est pas pour rien que Scotty Bowman le voulait à Détroit. Lapointe a été repêché au dixième rang par les Red Wings en 1991. Il enfilera deux bagues de la Coupe Stanley.

Francis Bouillon

Bergevin a ramené Francis Bouillon à Montréal. Je soupçonne que c’est davantage pour l’après-carrière du hockeyeur.

Aussi gentleman que Lapointe, Bouillon était le capitaine des Prédateurs de Granby lorsque le club a remporté la coupe Memorial sous les ordres de Michel Therrien en 1996.

Comme Lapointe, Bouillon avait dans son attitude quelque chose de plus que les autres joueurs. Le gars est un leader naturel et, surtout, sa loyauté envers l’équipe dont il porte l’uniforme est admirable.

Le gars connaissait rarement des baisses de régime sur la glace.

Surveillez bien le rôle de Bouillon avec le Canadien lorsque le jour de sa retraite sonnera.