Les orignaux me courent après!

Dire qu’il y a des chasseurs qui pourchassent les orignaux sans jamais en croiser un seul!

Je ne chasse pas. Pourtant j’ai croisé trois orignaux. À moins de 200 pieds. Même pas dans les profondeurs des bois. Deux sur la route et un troisième qui, rêveur, allait promener ses sabots sur la route.

Chanceux vous dites? Mettez-en car c’est vraiment une belle bête!

La première fois, c’était dans le parc de la Gaspésie. C’était l’aube et je roulais vers le mont Jacques-Cartier. Je longeais le bois à petite vitesse. V’là l’animal qui bondit sur la route en courant. Il décide, lui aussi, de se diriger vers le mont Jacques-Cartier. Il allait dans la même direction que moi.

J’ai freiné tant que j’ai pu, puis j’ai relâché l’accélérateur doucement. Je le collais au derrière, mais poliment. Il était à 50 pieds environ. Il trottait gaiement, agitant ses bois dans le ciel.

Soudain, il a bifurqué à droite pour disparaître entre les arbres.

Crac!

Un an plus tard, peut-être deux, je venais de descendre le mont Jackson au New Hampshire. J’étais sur le sentier du retour. Direction auto. Je marchais distraitement lorsque j’ai entendu un craquement énorme dans la forêt. J’ai figé ben net!

Que vois-je? Un orignal qui sort de ma droite à une cinquantaine de pieds. Il se dirige lui aussi vers la route. Encore une fois, j’ai le cul devant les yeux. Encore une fois, je suis seul. Pas de témoin.

J’ai peur pour la pauvre petite bête. La route est proche. J’entends la rumeur de la circulation. La pauvre petite bête va se faire frapper, c’est sûr! L’orignal s’immobilise. Je m’immobilise. Le bois entier s’immobilise. M’a-t-il senti?

La bête tourne à gauche. Ça craque de partout. Je ne bouge pas de mon poste, debout derrière un arbre. Je mesure la distance qui me reste à parcourir jusqu’à la route. Aucun bruit. Aucun son. Je brave l’animal et je file vers la route. Jamais compris pourquoi il n’a pas reniflé ma présence. J’étais juste derrière lui.

Camion-remorque

Il y a des gens qui lancent des prières à l’univers dans l’espoir d’obtenir quelque chose. Je n’ai pas lancé de prière à l’univers mais, dans le fin fond de mon tréfonds, je me disais que ce serait cool de croiser un troisième orignal, mais de face. Juste pour lui voir la bette.

Dans ma tête, je le voyais trotter gaiement vers moi, l’air joyeux. Un pur fantasme, je sais. La réalité était que, si j’arrivais à regarder un orignal droit dans les yeux, c’est qu’un drame se préparait. Pour moi bien entendu, pas pour l’orignal.

Un jour, je roulais avec fiston à mes côtés sur une route de l’Estrie. On bavardait allègrement. À droite, c’est un champ; à gauche, la forêt. Je suis sur le point de m’engager dans une courbe qui tourne à gauche. Un orignal surgit sur la route, à une centaine de pieds. Il a l’air en colère. Il court comme un malade en secouant ses bois de droite à gauche et de haut en bas.

Surgit dans la courbe derrière lui un camion-remorque.

Premier réflexe : je laisse mon auto dériver doucement vers l’accotement. L’orignal va nous croiser d’une seconde à l’autre. La peur me pogne. Et s’il décidait de sauter par dessus le capot pour mieux échapper au camion-remorque? Un coup de sabot dans le pare-brise et fiston et moi nous sommes faits! Mais ni moi ni fiston ne bougeons. Nous sommes béats d’admiration devant la bête.

L’orignal reste dans sa voie et longe l’auto. Il est à moins de 20 pieds. Derrière lui s’amène le camion-remorque. Le chauffeur sourit : « Tiens-toé! Qui est le plus gros entre les deux tu penses? »

L’orignal dépasse l’auto. Ouf!

Je jette un regard dans le rétroviseur. Une auto s’amène derrière. L’orignal la coupe et saute dans le champ. Le camion-remorque poursuit sa route. L’auto de derrière s’arrête et le chauffeur sort en criant. Je sors de la mienne avec fiston. L’orignal galope vers la forêt tout au fond en remuant ses bois.

Il hume l’auto

J’ai peut-être croisé un quatrième orignal. Ma copine et moi dormions à l’intérieur de l’auto dans un parking au pied du mont Ham, en plein bois, au sud de Victoriaville. Au milieu de la nuit, j’entends un bruit de sabot sur le gravier. Je soulève une paupière.

Un museau renifle la vitre de l’auto. Bruyamment. On dirait un cheval. Puis la bête reprend sa marche. Pour faire autant de tapage sur le gravier, c’était sûrement un orignal.

J’ai donc croisé quatre orignaux. Chaque fois d’un peu plus près. Le dernier m’a humé. J’implore le ciel de ne pas en croiser un cinquième.

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