À poil dans les toilettes du curé

Difficile à croire, n’est-ce pas? C’est pourtant vrai.

Le 14 juillet dernier, c’était jour de noces dans un hôtel des Laurentides, au nord de Montréal. Le neveu de ma copine se mariait. Le mariage devait avoir lieu dans une église proche de l’hôtel.

Le 14 juillet, rappelez-vous, c’était la journée la plus chaude de l’été: température frôlant les 34 degrés et humidité écrasante. Pas grave, se disait-on, nous avons l’air climatisé dans l’auto.

Mauvais présage

Nous quittons Trois-Rivières à destination de Montréal où il faut ramasser mon kid et la fille de ma copine. Le premier demeure à Longueuil, la deuxième dans le quartier Rosemont. Le mariage est prévu pour 15h30.

Nous partons avec une heure de retard. Pas bon signe.

On entre dans Montréal. C’est bloqué partout. La moitié du temps, on roule pare-choc à pare-choc. Le smog plane au-dessus de la ville. L’humidité suinte, le soleil se réverbère sur toutes les surfaces de métal. Impossible de lui échapper! Ca sent le béton, l’asphalte, les tuyaux d’échappement.

Tout se supporte assez bien jusqu’au moment où ma copine prononce les mots tragiques : «L’air climatisé ne fonctionne plus.»

Pardon?

On s’empresse de baisser les vitres. À partir de cet instant, nous sommes trois dans l’auto : ma copine, moi et la canicule. Un conseil: ne donnez jamais un lift à la canicule. Elle est désagréable, envahissante, mouillée en permanence et désespérément affectueuse. Un vrai pot de colle! D’ailleurs, elle nous fera suer jusqu’à l’église dans les Laurentides.

Et l’heure file.

Quartier Rosemont. Nous embarquons la fille de ma copine. Destination Longueuil. Le tunnel Hippolyte-Lafontaine est bloqué. On se rabat sur le pont Jacques-Cartier. Ouf! Les voies sont dégagées. Heureusement car nous venons de perdre un temps précieux à zigzaguer dans le centre-ville pour éviter les bouchons de circulation.

Et l’heure file

Entrée en trombe chez mon kid à Longueuil. Il saute dans l’auto. Départ en trombe de Longueuil. Cap les Laurentides. Il faut traverser deux ponts et le centre-ville de Montréal pour s’y rendre. Ma copine, ex-Montréalaise, se creuse les méninges. Quel est le meilleur chemin pour gagner du temps? Car nous sommes conscients que nous sommes serrés dans le temps. Ma copine tricote, tourne à droite, tourne à gauche.

Et l’heure file.

À l’intérieur de l’auto, on sue comme des cochons. Tous les quatre. On fait des farces pour se donner du courage. Tantôt on rit, tantôt on se tait.

Soudain, gros silence radio. Il faut se rendre à l’évidence: nous serons en retard. Plus question de passer par l’hôtel pour se changer. Faudra se rendre directement à l’église. Mes short, tee-shirt et chaussettes sont trempés de sueur. Je flotte dans ma transpiration. Trois mots décrivent l’état de la situation dans l’auto : c’est visqueux, gluant et glauque.

M. le curé, sauvez-nous!

15h, arrivée à l’église. On entre par l’arrière. On aperçoit par une porte entrouverte le reste de la famille dans la nef, tous convenablement vêtus. Frais et dispos.

On croise le curé dans le sacristain. Yeux pochés, joues tombantes et l’air de bonne humeur. «Monsieur le curé, s’il vous plaît, auriez-vous un espace où l’on pourrait se changer?» Dans sa très grande bonté, le curé nous indique deux toilettes.

Je m’engouffre dans l’une d’elles avec ma copine, sa fille saute dans l’autre. Mon kid se met en bobette dans un coin de la sacristie. Et c’est là que nous avons réalisé ce à quoi je n’ai jamais aspiré : me mettre à poil dans une église.

Comment j’ai trouvé ça?

Court, bref et malodorant.

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