Vaccin contre la grippe: plus d’effets secondaires indésirables chez les femmes

MONTRÉAL — Les femmes sont plus susceptibles que les hommes de ressentir un effet secondaire indésirable après avoir été vaccinées contre la grippe, confirme une méta-analyse dirigée par une chercheuse montréalaise.

Ces effets secondaires vont d’une réaction au site de l’injection à une réaction systémique plus grave qui peut avoir un impact sur la vie quotidienne ― comme de la fièvre, des maux de tête ou des douleurs corporelles et musculaires ― dans les sept jours qui suivent la vaccination contre l’influenza.

«Les femmes peuvent avoir une montée plus grande en anticorps suivant la vaccination, donc ça peut être associé à une meilleure protection», a dit l’auteure principale de l’étude, la chercheuse Marilou Kiely, de l’Université de Montréal et de l’Institut national de la santé publique du Québec (INSPQ).

«Une plus grande réaction inflammatoire peut être associée à des réactions au site d’injection ou des réactions systémiques après la vaccination.»

La différence entre les hommes et les femmes est probablement multifactorielle, a ajouté Mme Kiely. Des facteurs génétiques ou hormonaux peuvent par exemple être en cause. Certaines réactions sont plus fréquentes après la puberté et avant la ménopause, ce qui serait compatible avec une influence des hormones, mais on constate quand même des réactions plus fréquentes chez les femmes plus âgées, a-t-elle complété.

On sait aussi que les femmes auront plus tendance que les hommes à demander une aide médicale si elles ressentent ces effets secondaires, ce qui pourrait avoir comme effet de déformer un peu les données dont on dispose, a dit Mme Kiely.

Les chercheurs de l’Université de Montréal, de l’Université McGill, de l’Hôpital Sainte-Justine, de l’INSPQ et leurs collègues de l’Alberta et de la Colombie-Britannique ont passé au peigne fin 18 études regroupant un peu plus de 34 300 sujets.

Leurs données témoignent d’une augmentation du risque absolu de 115 cas supplémentaires de réaction au site de l’injection chez les femmes comparativement aux hommes pour 1000 personnes vaccinées, et de 74 cas supplémentaires de réactions systémiques chez les femmes pour 1000 personnes vaccinées.

Le risque d’effet secondaire indésirable était plus élevé aussi bien chez les femmes plus jeunes que chez les femmes plus âgées.

On savait déjà que la réaction des hommes et des femmes peut être différente après une vaccination. Cette nouvelle analyse vient toutefois raffiner et préciser les connaissances dont on dispose à ce sujet, a expliqué Mme Kiely, notamment en stratifiant les données pour les hommes et pour les femmes.

Les chercheurs ont notamment obtenu des données directement des sociétés pharmaceutiques qui produisent les vaccins, ce qui a permis de procéder à une analyse plus en profondeur.

Cette étude est publiée au moment où la campagne de vaccination contre la grippe saisonnière bat son plein, mais aussi à un moment où la résistance à la vaccination et les théories du complot ont la cote dans certains milieux.

«C’est bien connu que les inquiétudes par rapport à la sécurité de la vaccination peuvent entraîner plus d’hésitation à la vaccination, a admis Mme Kiely. Mais il est préférable d’être transparents et de transmettre l’information. Même si les femmes sont plus à risque d’avoir ces événements après la vaccination, ce sont des événements qui sont légers et qui vont rentrer dans l’ordre rapidement.»

L’augmentation de ces réactions peut aussi être associée à une meilleure réponse à la vaccination, et il est donc «plausible» que les femmes soient mieux protégées après avoir été vaccinées, a-t-elle ajouté.

«C’est sûr qu’à court terme ça peut peut faire augmenter l’inquiétude, mais il faut justement rassurer les femmes et transmettre l’information que oui, on a observé un risque plus élevé, mais que ce sont des symptômes qui sont légers et qui n’ont pas d’impact sur le long terme», a dit Mme Kiely.

Les conclusions de cette méta-analyse ont été publiées par le Journal of Epidemiology and Community Health.