Une grève de la faim pour une troisième option de genre sur les cartes de la RAMQ

MONTRÉAL — Lundi matin, Alexe Frédéric Migneault a rempli une voiture de couvertures et a pris la route pour Québec.

Une fois dans la capitale provinciale, la personne non binaire de Montréal a installé son campement dans un parc près de la Régie de l’assurance maladie du Québec et n’a pas mangé depuis.

Alexe Frédéric Migneault fait une grève de la faim pour faire pression sur la RAMQ, afin qu’elle ajoute une troisième option de genre, «X», aux cartes d’assurance maladie du Québec. Il s’agit du point culminant de son effort de plus de deux ans pour obtenir une alternative aux identifiants traditionnels «M» ou «F» pour les hommes et les femmes.

«Je fais la grève pour leur montrer que c’est urgent, qu’on ne peut pas attendre éternellement, a déclaré Alexe Frédéric Migneault au téléphone. Je veux les inciter à agir le plus rapidement possible.»

Plus qu’un simple geste, l’ajout de la désignation «X» contribuerait à protéger les membres de la communauté non binaire du Québec et à garantir que les dossiers médicaux reflètent des informations exactes, à son avis. «C’est une question de santé, de santé physique, de santé mentale, (pour) toute la communauté concernée.»

Bien que le Québec ait commencé à autoriser l’année dernière un marqueur de genre non binaire sur les certificats de naissance et de décès, la Régie de l’assurance maladie n’a pas encore mis en œuvre cette option sur ses cartes, qui sont nécessaires pour accéder aux soins de santé financés par l’État.

En plus des symboles «M» et «F» sur les cartes, la Régie intègre un code selon le sexe des Québécois dans les numéros uniques de leur carte santé.

Dans un communiqué, la RAMQ a affirmé que ses cartes et ses numéros d’assurance maladie sont essentiels pour garantir que les diagnostics, les traitements et les soins soient «rattachés à la bonne personne». Elle a ajouté que le ministère de la Santé du Québec analyse actuellement les conséquences de l’introduction d’une désignation de troisième genre sur le réseau de la santé et des services sociaux de la province.

C’est la quatrième fois que Alexe Frédéric Migneault a recours à une grève de la faim pour forcer des progrès sur cette question. Sa dernière grève, en septembre, a pris fin lorsque le ministère de la Santé lui a confirmé qu’il instituerait éventuellement la possibilité du genre «X».

Cette fois, Alexe Frédéric Migneault n’a pas l’intention d’abandonner sa grève tant que son numéro d’assurance maladie n’aura pas été changé et que sa carte d’assurance maladie n’identifiera pas «X» comme étant son genre.

L’eau, les boissons pour sportifs et le bouillon de légumes sont ses seuls moyens de subsistance.

La militante des droits des transgenres Céleste Trianon affirme que le Québec est la seule province à ne pas délivrer de document d’identité comportant des marqueurs de genre inclusifs. Elle dit être en contact avec Alexe Frédéric Migneault et suivre ses démarches depuis près de deux ans.

D’autres provinces autorisent les marqueurs de genre non binaires sur les permis de conduire, les cartes d’assurance maladie ou les pièces d’identité avec photo émises par le gouvernement. Le gouvernement fédéral rend disponible l’option «X» sur les certificats de citoyenneté, les passeports, les cartes de résident permanent et autres documents de voyage depuis 2019.

Mme Trianon affirme que la désignation est un élément essentiel de reconnaissance pour les personnes non binaires et que son absence entraîne une discrimination.

«Tous les Canadiens ont une identité, a avancé Céleste Trianon. Tous les Canadiens méritent de pouvoir affirmer leur identité, et non celle que les gouvernements leur imposent.»

Le Secrétariat québécois à la condition féminine affirme que la RAMQ participe à un comité interministériel chargé de produire des orientations sur les marqueurs de sexe et de genre à l’intention des agences gouvernementales provinciales. Le secrétariat, qui supervise ce comité, affirme que des orientations seront bientôt disponibles, mais il n’a pas donné de date.

«Je pense que le seul véritable obstacle auquel nous sommes confrontés en ce moment est l’indifférence», a déclaré Alexe Frédéric Migneault.

Note aux lecteurs: Dans la manchette 2, bien lire «faim» et non «fin»