Une députée de l’Ontario s’excuse après une déclaration sur le Proche-Orient

TORONTO — Une députée néo-démocrate du Parlement provincial de l’Ontario s’est excusée mercredi pour une déclaration qu’elle avait faite la veille sur le conflit entre Israël et le Hamas. Elle ne s’est toutefois pas rétractée, comme l’avait demandé publiquement la cheffe du NPD, Marit Stiles.

Sarah Jama, qui a été élue plus tôt cette année lors d’une élection partielle dans Hamilton-Centre, a publié mardi une déclaration dénonçant «l’occupation de la Palestine depuis des générations» et ce qu’elle a qualifié d’apartheid et de violations des droits de la personne à Gaza, sans mentionner l’attaque contre Israël par le Hamas, qui a été décrite comme le pire massacre de civils de l’histoire du pays.

En réaction, le premier ministre Doug Ford avait appelé Mme Jama à démissionner de son poste de députée provinciale.

«Marit Stiles et le NPD de l’Ontario ont prouvé à maintes reprises qu’ils toléraient ces opinions et actions haineuses en gardant Mme Jama dans leur caucus», a-t-il déploré dans un communiqué.

«En tant que premier ministre, je fais ce que Mme Stiles ne veut pas faire et j’appelle Sarah Jama à démissionner immédiatement de son poste de députée provinciale. Ses opinions ne représentent pas l’Ontario. Elles n’ont pas leur place à l’Assemblée législative ni dans cette province.»

La cheffe du Nouveau Parti démocratique (NPD), Marit Stiles, a déclaré mardi soir que la déclaration de Mme Jama n’avait pas été approuvée par le caucus et lui a demandé de se rétracter et de «déclarer clairement qu’elle dénonce toute violence contre les peuples israélien et palestinien».

«Les attaques terroristes du Hamas contre des milliers de civils israéliens innocents sont injustifiables et doivent être condamnées sans équivoque», a-t-elle ajouté.

Excuses

Près de 24 heures plus tard, Mme Jama a publié une nouvelle déclaration sur la plateforme de médias sociaux X, anciennement connue sous le nom de Twitter, en réponse à sa déclaration initiale.

«J’ai entendu hier de nombreuses voix exprimer des inquiétudes concernant mon message», a écrit Mme Jama.

«Je les entends – et par-dessus tout, je comprends la douleur que doivent ressentir de nombreux Canadiens juifs et israéliens, y compris mes propres électeurs. Je m’excuse, a ajouté l’élue. Pour être clair, je condamne sans équivoque le terrorisme du Hamas contre des milliers de civils israéliens. Je crois que les bombardements et le siège d’Israël contre les civils à Gaza, comme l’ont également souligné les Nations unies, sont une erreur.»

Mme Stiles a affirmé mercredi après-midi que la déclaration originale de Mme Jama avait causé du tort au peuple juif et ne reflétait pas la position du parti.

«En travaillant avec la députée Jama au cours des dernières 24 heures, je comprends l’impact personnel que cela a sur elle en tant que personne ayant une famille palestinienne», a-t-elle écrit.

«En même temps, j’ai clairement indiqué que tous les membres de notre caucus condamnaient les attaques terroristes du Hamas et nous soutenons la position du NPD fédéral qui appelle à la fin des effusions de sang. La députée Jama a réaffirmé son engagement à cet égard», a ajouté la cheffe.

L’attaque et la réponse israélienne qui a suivi à Gaza ont jusqu’à présent tué au moins 2200 personnes.

Autres critiques

Le chef libéral par intérim, John Fraser, avait quant à lui demandé à Mme Stiles de retirer sa députée du caucus du NPD.

Sarah Jama a été critiquée par des groupes juifs lors de sa campagne électorale en mars, le B’nai Brith l’accusant d’être une «militante radicale anti-Israël».

Elle dit que les critiques viennent de qu’elle décrit comme une défense des droits des Palestiniens et de son association avec des groupes d’étudiants «qui avaient organisé la semaine de l’apartheid israélien sur le campus il y a dix ans», ce qui selon elle ne devrait pas être confondu avec de l’antisémitisme.

«Je suis de tout cœur contre l’antisémitisme», a-t-elle assuré lors d’un débat.

Le SCFP aussi critiqué

Le message le plus récent de Mme Jama sur la plateforme de médias sociaux X était un partage de la section ontarienne du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), confrontée à sa propre condamnation publique pour les déclarations de son président.

Le lendemain de l’attaque contre Israël, Fred Hahn a déclaré qu’il était reconnaissant du pouvoir de la résistance dans le monde entier, car la résistance est «fructueuse» et «apporte du progrès». M. Hahn a depuis écrit qu’il n’approuverait jamais la violence et que tout le monde méritait de vivre en paix.

Le SCFP-Ontario dit qu’il est désormais «ciblé par un lobby pro-israélien hautement organisé qui cherche à contrôler le discours anti-palestinien présenté aux Canadiens et à intimider toute personne ou organisation qui ne respecte pas ses priorités».

«Ce lobby rejette toute tentative ou même toute référence au contexte, à la nuance ou à l’appel à l’impartialité dans l’histoire d’Israël/Palestine», a écrit le syndicat dans un communiqué.

«Fidèle à son habitude, il a ciblé le président du SCFP-Ontario, Fred Hahn, et la section locale 3906 du SCFP pour leur reconnaissance des droits des Palestiniens, en vertu du droit international, à résister à l’occupation par la lutte armée.»

La mairesse de Toronto, Olivia Chow, a tenté à plusieurs reprises de faire sa propre déclaration au cours du week-end, en commençant par une condamnation sans équivoque de l’attaque du Hamas, suivie d’un message reconnaissant la douleur des Palestiniens.  

Elle a ensuite supprimé les deux déclarations sur les réseaux sociaux et en a envoyé une troisième condamnant l’attaque tout en pleurant la perte d’Israéliens et de Palestiniens innocents.