Une Canadienne coincée à Gaza demande de l’aide d’Ottawa, désespérée

MISSISSAUGA — Une Canadienne coincée à Gaza dit qu’elle a peur de mourir à tout moment, alors que les avions de combat israéliens larguent des bombes autour d’elle dans le territoire palestinien isolé, et elle implore l’aide d’Ottawa.

«S’il vous plaît, s’il vous plaît, s’il vous plaît, aidez-nous», a imploré Khloud Fayyad, une résidente de Mississauga, en Ontario, en pleurant alors qu’elle parlait au téléphone depuis Khan Yunis, une ville du sud de la bande de Gaza.

Avec le bruit des explosions de bombes audible en arrière-plan, la mère de trois enfants, âgée de 60 ans, a fait une pause et a dit qu’elle pouvait entendre un avion de guerre israélien voler.

«Ils peuvent tomber n’importe où, n’importe quand. J’ai très peur. J’ai vraiment besoin d’aide. Tout est détruit autour de nous. Tout.»

Mme Fayyad a raconté qu’elle avait laissé ses trois fils à Mississauga pour rendre visite à son père malade de 85 ans à Gaza, une semaine avant qu’Israël ne commence son bombardement massif du territoire en représailles à une attaque meurtrière menée par des militants du Hamas ce week-end, qui a tué des soldats et des civils israéliens, y compris des enfants.

Le Hamas a déclaré que l’attaque était en représailles à la détérioration des conditions auxquelles les Palestiniens sont confrontés sous l’occupation israélienne. Les militants et un autre groupe établi à Gaza, appelé Jihad islamique palestinien, ont affirmé détenir au moins 150 otages, incluant des soldats et des civils.

Mme Fayyad a déclaré à La Presse Canadienne qu’elle avait échappé de peu aux frappes israéliennes, mais que trois de ses cousins ont été tués.

Pas d’aide

Lorsque la guerre a commencé, Mme Fayyad dit avoir appelé l’ambassade du Canada à Tel-Aviv pour signaler qu’elle était une citoyenne coincée à Gaza. Ils ont pris son numéro et ont promis de la rappeler, mais ne l’ont pas fait, a-t-elle soutenu.

L’ambassade lui a également dit d’appeler une ligne d’urgence des Nations unies, mais personne n’a décroché, a-t-elle déclaré.

Comme des milliers d’autres personnes dans ce territoire qui abrite environ 2,3 millions de Palestiniens, Mme Fayyad a indiqué qu’elle avait cherché refuge dans une école située à dix minutes du domicile de sa famille.

Elle a déclaré qu’elle revenait à la maison une fois par jour, pour prendre un petit morceau de pain et une gorgée d’eau avec sa famille – son seul repas de la journée – avant de retourner à l’école, qui n’a pas d’eau courante ni de nourriture, ou l’électricité.

Elle a raconté avoir vu des personnes blessées et des cadavres au milieu des bâtiments effondrés et bombardés autour d’elle.

«Nous dormons par terre dans l’école. La nuit dernière, il a plu, donc le sol était mouillé.»

Msllam Fayadh, le fils de Mme Fayyad, âgé de 30 ans qui se trouve à Mississauga, a dit qu’il était constamment au téléphone avec sa mère, pour s’assurer qu’elle va bien. 

«Chaque seconde, je ne suis pas sûr si elle va être en vie. Ensuite, je reçois un message texte : « Oh, elle est en vie maintenant »», a-t-il confié, lors d’un entretien téléphonique.

«Je lui parle pendant cinq minutes. J’entends des bombes, des bombes, des bombes et elle éteint le téléphone. Vous ne pouvez même pas l’entendre clairement. J’ai très peur, je suis très frustré. Mon état d’esprit n’est plus le même, a-t-il déclaré. La ville entière tremble.»

Le nombre de morts à Gaza s’est élevé à 1200 jeudi matin, incluant au moins 326 enfants et 171 femmes, a indiqué le ministère palestinien de la Santé. Les combats ont déjà fait au moins 2600 morts dans les deux camps. 

Environ 70 Canadiens sont coincés dans la bande de Gaza et ont demandé de l’aide, ont indiqué mercredi des responsables du gouvernement fédéral, mais le gouvernement canadien n’a aucun moyen de les rejoindre sans un corridor humanitaire.

Le seul point d’accès restant avec l’Égypte a été fermé mardi, après des frappes aériennes près du poste frontalier, qui est le seul passage hors de Gaza qui ne mène pas vers Israël.

Plan d’urgence du Canada: «Et Gaza?»

Ottawa a pris la décision très inhabituelle d’offrir des vols militaires aux citoyens canadiens, aux résidents permanents et à leurs familles cherchant à quitter Israël, même si l’aéroport Ben Gourion de Tel-Aviv est toujours ouvert.

La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a déclaré mercredi que le gouvernement estimait nécessaire d’intervenir, car de nombreux vols commerciaux ont été annulés ou retardés. Un avion de l’Aviation royale canadienne a quitté Tel-Aviv jeudi avec 130 personnes à bord.

Le fils de Mme Fayadh s’est dit frustré que le Canada ait élaboré un plan d’urgence pour aider la population du côté israélien, mais que les personnes à Gaza restent prises au piège.

«J’aime la façon dont ils agissent rapidement, mais il ne semble pas qu’ils aient un plan pour la population de Gaza», a-t-il déclaré.

«Et Gaza ? Je veux savoir quand, le cas échéant, ils prévoient d’évacuer les Canadiens de Gaza. Tout le monde est les uns sur les autres maintenant dans les écoles parce qu’il n’y a pas de zones sécuritaires à Gaza.»

«Nous gardons simplement espoir et croisons les doigts pour que les choses n’empirent pas», a-t-il dit.

Depuis Gaza, Mme Fayyad a affirmé qu’elle a désespérément besoin d’aide.

«Nous sommes humains, a-t-elle déclaré. Il n’y a aucune différence entre les humains palestiniens, israéliens et canadiens.»