Un tueur montréalais a pris le temps de visiter un zoo ontarien entre deux meurtres

MONTRÉAL — Une enquête du coroner a révélé lundi qu’un homme qui avait tué deux personnes au hasard à Montréal, en août 2022, s’était ensuite rendu en Ontario pour visiter le zoo de Toronto et Canada’s Wonderland avant de retourner au Québec commettre un autre meurtre.

La police a identifié Abdulla Shaikh, 26 ans, à partir d’une vidéo captée dans les parcs d’attractions de l’Ontario. Des reçus de transaction provenant des deux sites ont été trouvés dans sa voiture, a déclaré l’enquêteuse de la Sûreté du Québec Alexandra Caron Vadeboncoeur lors de l’enquête.

M. Shaikh a tué trois personnes au hasard dans la région de Montréal sur une période de 24 heures avant que la police ne le retrouve et ne l’abatte, a révélé l’enquête, lundi. 

La coroner Géhane Kamel préside cette enquête sur les meurtres d’André Lemieux, Mohamed Belhaj, Alex Lévis-Crevier et sur la mort du suspect de 26 ans.

Mme Kamel a déclaré dans sa déclaration liminaire que les audiences feront la lumière sur les décès et produiront des recommandations pour aider à empêcher que des meurtres similaires ne se reproduisent.

Mme Caron Vadeboncoeur a témoigné qu’il n’y avait aucun lien entre les victimes de M. Shaikh. Elle a déclaré que, selon des témoins et des séquences vidéo, une Dodge Challenger blanche se trouvait à proximité de l’endroit où les trois personnes ont été tuées.

La police a déclaré qu’en moins d’une heure à Montréal le 2 août, M. Shaikh a tué par balle André Lemieux, 64 ans, qui se trouvait à l’intérieur d’un abribus et Mohamed Belhaj, 48 ans, qui se rendait au travail à pied. Environ 24 heures plus tard, à Laval, il a tué Alex Lévis-Crevier, 22 ans, qui faisait de la planche à roulettes dans la rue.

M. Shaikh, qui avait des antécédents de problèmes de santé mentale, n’avait pas de casier judiciaire malgré quelques démêlés avec la justice. 

Mme Caron Vadeboncoeur a déclaré qu’il avait reçu un diagnostic de schizophrénie vers 2017 ou 2018 et qu’il ne prenait pas ses médicaments comme il lui était prescrit : une injection tous les trois mois. Elle n’a pas précisé quels médicaments il prenait.

Avant les meurtres, M. Shaikh vivait seul dans un appartement à Montréal, mais n’avait aucun ami, a soutenu Mme Caron Vadeboncoeur. Il était proche de sa mère, qui lui envoyait des messages sur l’application WhatsApp au moment des meurtres.

La Commission d’examen des troubles mentaux du Québec a statué en mars 2022 que M. Shaikh, qui était sous la supervision d’un hôpital psychiatrique, représentait un «risque important» pour la sécurité publique, mais qu’il pouvait continuer à vivre dans la communauté après avoir montré une amélioration au cours des six derniers mois.

La police l’a suivi jusqu’à une chambre du Motel Pierre, dans l’arrondissement Saint-Laurent à Montréal, où des policiers l’ont tué, apparemment après un échange de coups de feu vers 7 h le matin du 4 août 2022.

Mme Caron Vadeboncoeur a déclaré que la police avait récupéré deux armes liées à M. Shaikh : une sur le suspect et une autre dans la Dodge Challenger, qui était garée près du motel. La témoin a déclaré que le suspect avait loué la Dodge à l’aide d’une application d’autopartage appelée Turo.

Mme Caron Vadeboncoeur a ajouté que M. Shaikh n’avait aucun permis pour une arme.

«Ce que l’on peut dire sur l’origine des armes, c’est qu’elles étaient légales, qu’il n’était pas autorisé à les posséder, mais qu’elles ont peut-être été trouvées sur le marché noir, ou auraient pu être assemblées», a expliqué Mme Caron Vadeboncoeur.

Mme Kamel a déclaré à l’enquête qu’une présentation sur les armes aurait lieu ultérieurement.

Plus tôt ce mois-ci, le bureau du procureur de la Couronne a déclaré qu’aucune accusation ne serait portée en lien avec la mort de M. Shaikh.

Les audiences publiques se poursuivront cette semaine, ainsi que pendant quelques semaines en octobre.