Un tribunal britannique ordonne de retarder l’extradition de Julian Assange

LONDRES — Un tribunal britannique a statué mardi que Julian Assange ne pouvait pas être extradé vers les États-Unis pour espionnage, à moins que les autorités américaines ne garantissent qu’il ne serait pas condamné à mort, donnant ainsi au fondateur de WikiLeaks une victoire partielle dans sa longue bataille juridique.

Deux juges de la Haute Cour ont déclaré qu’ils accorderaient un nouvel appel à Assange, à moins que les autorités américaines ne donnent dans un délai de trois semaines de nouvelles assurances sur ce qui lui arriverait. 

Cette décision signifie que la saga juridique, qui dure depuis plus d’une décennie, va se poursuivre – et qu’Assange restera à l’intérieur de la prison à haute sécurité de Belmarsh, à Londres, où il a passé les cinq dernières années.

Les juges Victoria Sharp et Jeremy Johnson ont déclaré que les États-Unis doivent garantir qu’Assange, qui est Australien, «bénéficie des mêmes protections du premier amendement qu’un citoyen américain, et que la peine de mort ne soit pas imposée».

Les juges ont déclaré que si les États-Unis déposaient de nouvelles assurances, «nous donnerions aux parties la possibilité de présenter d’autres arguments avant de prendre une décision finale sur la demande d’autorisation de faire appel». Une audience aurait lieu le 20 mai si les États-Unis présentaient ces arguments.

Les partisans d’Assange affirment qu’il était un journaliste protégé par le premier amendement et qu’il avait dénoncé les actes répréhensibles de l’armée américaine en Irak et en Afghanistan qui étaient dans l’intérêt public. Ils ont fait valoir que ces poursuites étaient politiquement motivées et qu’il ne pourrait pas bénéficier d’un procès équitable aux États-Unis.

L’épouse d’Assange, Stella Assange, a déclaré que le fondateur de WikiLeaks «est persécuté parce qu’il a révélé le véritable coût de la guerre en vies humaines».

«L’administration Biden ne devrait pas donner d’assurances. Elle devrait abandonner cette affaire honteuse, qui n’aurait jamais dû être intentée»., a-t-elle soutenu devant la Haute Cour de Londres.

Au cours d’une audience de deux jours devant la Haute Cour en février, l’avocat d’Assange, Edward Fitzgerald, avait déclaré que les autorités américaines cherchaient à le punir pour «la révélation par WikiLeaks d’une criminalité de la part du gouvernement américain d’une ampleur sans précédent», notamment de la torture et des meurtres.

Le gouvernement américain a plaidé que les actions d’Assange allaient au-delà du journalisme alors qu’il a sollicité, volé et publié sans discernement des documents gouvernementaux classifiés, mettant en danger des vies innocentes.

Les juges ont rejeté six des neuf motifs d’appel d’Assange, mais en ont accepté trois: la liberté d’expression, l’affirmation d’Assange selon laquelle il était désavantagé parce qu’il n’est pas citoyen américain et le risque qu’il soit condamné à la peine de mort.

Les autorités américaines ont promis qu’Assange ne serait pas condamné à la peine capitale, mais les juges ont déclaré qu’il était «concevable que cette assurance puisse être interprétée de manière restrictive par le défendeur, afin de ne pas exclure l’imposition de la peine de mort».

Assange, un informaticien australien de 52 ans, a été inculpé aux États-Unis pour la publication par Wikileaks en 2010 de centaines de milliers de documents classifiés. Les procureurs américains accusent M. Assange d’avoir encouragé et aidé Chelsea Manning, une analyste du renseignement de l’armée américaine, à voler des câbles diplomatiques et des dossiers militaires que WikiLeaks a ensuite publiés.

Assange fait face à 17 chefs d’accusation d’espionnage et à une accusation d’utilisation abusive d’un ordinateur. S’il est reconnu coupable, ses avocats affirment qu’il pourrait être condamné à une peine de prison allant jusqu’à 175 ans, même si les autorités américaines ont déclaré que cette peine serait probablement beaucoup plus légère.

L’épouse et les partisans d’Assange affirment que sa santé physique et mentale a souffert au cours de plus d’une décennie de batailles juridiques, dont sept années d’exil à l’ambassade d’Équateur à Londres et les cinq dernières années dans une prison de haute sécurité en périphérie de la capitale britannique.