Un lien sauvegardé de pornographie juvénile montrant Amanda Todd a été effacé

NEW WESTMINSTER, C.-B. — Une procureure de la Couronne affirme qu’un disque dur saisi au domicile de l’homme néerlandais accusé d’avoir harcelé Amanda Todd, une adolescente de la Colombie-Britannique, contenait un lien enregistré ayant été effacé. Ce lien menait à un site Web de pornographie juvénile dont le contenu représentait l’adolescente. 

Louise Kenworthy a déclaré au procès d’Aydin Coban devant un jury de la Cour suprême de la Colombie-Britannique qu’un témoignage d’expert antérieur montrait que le nom de Todd et plusieurs pseudonymes en ligne utilisés pour la harceler se trouvaient également sur les appareils saisis au domicile lorsque la police néerlandaise avait arrêté M. Coban en 2014.

Aydin Coban a plaidé non coupable d’extorsion, de harcèlement, de communication avec une jeune personne en vue de commettre une infraction sexuelle et de possession de pornographie juvénile.

Mme Kenworthy a dit qu’elle s’attendait à terminer les plaidoiries de la Couronne mardi. Elle a déclaré qu’elle parlerait d’un compte en ligne qui était actif sur un ordinateur à peine cinq minutes avant que la police arrête M. Coban à son domicile, puis saisisse l’appareil.

Elle a dit que des preuves ont montré que le compte était géré par la même personne derrière un autre compte, sous le couvert d’une jeune femme, qui harcelait Amanda Todd.

Il n’y avait aucun témoin pour dire :«j’ai vu Aydin Coban taper des messages sur son ordinateur à Amanda Todd» ou qu’ils ont vu M. Coban en possession de pornographie juvénile représentant l’adolescente, a déclaré la procureure Kenworthy au jury vendredi.

Sa culpabilité était la seule conclusion que le jury pouvait tirer de la preuve de plus de 30 témoins et de classeurs remplis de 80 pièces à conviction, a-t-elle déclaré.

La procureure Kenworthy a dit dans ses plaidoiries finales qu’un expert de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) en criminalistique numérique avait témoigné au sujet de la découverte d’un dossier portant le nom de Todd qui avait été supprimé d’un navigateur Web sur l’un des appareils.

L’officier a indiqué que le dossier contenait des liens vers les profils d’un certain nombre d’amis Facebook d’Amanda Todd.

Mme Kenworthy soutient que l’officier a également déclaré avoir trouvé des preuves que plusieurs des comptes qui ont harcelé Mme Todd s’étaient connectés sur deux appareils saisis par la police néerlandaise lorsque M. Coban a été arrêté en janvier 2014.

Ces comptes étaient actifs aux moments exacts où l’adolescente de Port Coquitlam subissait du harcèlement, a déclaré la procureure Kenworthy.

L’officier a témoigné qu’il y avait «de véritables fragments de conversation» avec Amanda Todd sur l’un des appareils saisis, a-t-elle précisé. 

Kenworthy a fait référence aux témoignages selon lesquels M. Coban vivait seul dans la maison d’un ami d’enfance qui l’a aidé à emménager, et du fils du propriétaire du parc de bungalows où se trouvait la maison.  

Au début du procès il y a deux mois, Mme Kenworthy a déclaré au jury qu’Amanda Todd avait été victime d’une campagne persistante de «sextorsion» en ligne pendant trois ans avant sa mort en octobre 2012, alors qu’elle était âgée de 15 ans.

Le jury a vu des preuves que le harceleur de Mme Todd lui a demandé à plusieurs reprises de faire des «spectacles» sexuels sur une caméra Web et a mis à exécution ses menaces d’envoyer des images sexualisées d’Amanda Todd à sa famille et à ses amis.

Plus tôt cette semaine, le jury a vu un message Facebook de Mme Todd dans lequel elle exprimait sa crainte que la personne qui la harcelait continue pour le reste de sa vie.

L’adolescente a exhorté les gens à bloquer l’un des comptes du harceleur, affirmant qu’un «pédophile malade» la faisait chanter, a déclaré l’avocate de la Couronne, Kristen LeNoble.

La Couronne a également passé la journée de jeudi à décrire les liens présumés entre M. Coban et Mme Todd par le biais d’un numéro de téléphone, d’une photo de passeport et d’un fichier vidéo portant le nom de l’adolescente.

L’avocate de la Couronne, Heather Guinn, a déclaré que l’un des comptes Facebook utilisés pour harceler Amanda Todd, que les enregistrements Facebook et les témoignages d’experts ont relié à plusieurs autres pseudonymes, était enregistré avec un numéro de téléphone portable lié à M. Coban. 

Me Guinn a rappelé le témoignage de deux femmes qui ont déclaré avoir reçu le numéro en mai 2011 alors qu’elles communiquaient avec un homme au sujet de la location d’un appartement à Rotterdam.

Les deux femmes ont déclaré au tribunal qu’elles avaient rencontré l’homme à l’appartement et avaient ensuite reçu une photo d’identité le représentant, a déclaré Me Guinn.

La police a trouvé une copie de la même photo lors d’une perquisition au domicile de M. Coban, a-t-elle ajouté. 

L’avocate a affiché les photos dans la salle d’audience, et elles ont semblé montrer M. Coban.

Un autre procureur de la Couronne, Marcel Daigle, a cité le témoignage antérieur d’un enquêteur numérique de la police néerlandaise qui a déclaré qu’un fichier vidéo supprimé appelé «AmandaTodd.wmv» avait été diffusé sur l’un des appareils saisis en décembre 2010, correspondant à un moment où Mme Todd était activement harcelée.

M. Daigle a affirmé que plusieurs appareils trouvés au domicile de M. Coban avaient un logiciel décrit comme un programme «anti-forensics» qui est utilisé pour supprimer des fichiers afin qu’ils ne puissent pas être restaurés.