Un Canadien à Maui décrit une «tempête de feu» ; les voyages déconseillés

MONTRÉAL — Un homme de Vancouver qui vit à temps partiel sur l’île hawaïenne de Maui décrit comment une énorme «tempête de feu» a englouti la ville de Lahaina, où au moins 53 personnes ont été tuées par l’incendie dévastateur.

Brad Desaulniers, 61 ans, est propriétaire d’une maison à Kihei, à environ 30 kilomètres de Lahaina, depuis 20 ans. 

Il raconte qu’il a vu la fumée s’élever au-dessus de l’eau et des collines qui séparent les deux villes.

«C’était une tempête de feu», a rapporté M. Desaulniers lors d’un entretien téléphonique depuis Kihei. «Il y a eu une tempête de feu de trois kilomètres de large et de trois kilomètres de profondeur qui a traversé et détruit tout sur son passage.»

«Au cours des dix dernières années, il y a eu de plus en plus d’incendies à Maui, mais rien de tel. Certaines des personnes qui ont vécu les problèmes liés au volcan ont dit que ce feu éclipse tout ce qui a pu sortir du volcan.»

L’incendie, alimenté par un été sec et des vents violents dus au passage d’un ouragan, s’est déclaré mardi et a rapidement traversé un certain nombre de communautés sur la côte ouest de Maui.

Le gouverneur d’Hawaï, Josh Green, a déclaré jeudi que le bilan était de 53 morts et qu’il risquait de s’alourdir. Les autorités du comté de Maui ont indiqué que des dizaines d’autres personnes avaient été blessées.

Ce bilan fait de cet incendie de forêt le sinistre le plus meurtrier aux États-Unis depuis 2018, année où au moins 85 personnes avaient été tuées lors de l’incendie de Camp Fire en Californie.

Voyages déconseillés

Affaires mondiales Canada a publié un avis demandant aux Canadiens d’éviter tout voyage non essentiel à Maui.

L’avis recommande également aux Canadiens qui se trouvent déjà sur l’île de se demander s’ils ont vraiment besoin d’y être et, si ce n’est pas le cas, de songer à quitter l’île.

M. Desaulniers a déclaré que sa maison était loin des incendies et n’avait pas été endommagée, mais que tout le nord-ouest de Maui était «fermé», sans accès routier, sans électricité et avec un service de téléphonie mobile limité.

«On peut ressentir sur l’île, où que l’on aille, un sentiment de choc et de tristesse, a-t-il déclaré. Les gens qui sont morts, les maisons qui ont été perdues, les entreprises qui ont été perdues et la valeur historique de Lahaina est irremplaçable.»

Dans une déclaration écrite, la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a indiqué que les Canadiens ayant besoin d’une aide consulaire d’urgence peuvent communiquer avec le Centre de surveillance et d’intervention d’urgence d’Affaires mondiales Canada par téléphone, par message texte ou par l’intermédiaire de plates-formes en ligne telles que WhatsApp, Telegram ou Signal.

«Nous recommandons fortement aux Canadiennes et aux Canadiens de faire preuve de prudence, de surveiller les bulletins de nouvelles et météorologiques locaux et de suivre les instructions des autorités locales, y compris les ordres d’évacuation», indique-t-elle.

Vols d’urgence

Le feu de forêt a perturbé les transports à destination et en provenance de l’île d’Hawaï. Air Canada et WestJet ont déclaré avoir mis en place des politiques de modification de réservation souple afin d’aider les voyageurs touchés.

WestJet a annulé trois vols directs entre Vancouver et Maui. Un «vol de récupération» destiné à ramener les passagers bloqués était prévu pour vendredi, en plus de deux autres vols passant par Honolulu cette semaine pour aider les voyageurs à évacuer.

Air Canada prévoit d’envoyer un deuxième avion vide sur l’île jeudi soir, après que le premier vol d’urgence soit retourné à Vancouver le matin même.

Un communiqué du transporteur indique qu’un vol régulier de Maui à Vancouver — la seule liaison quotidienne d’Air Canada au départ de l’île — a été annulé mardi, ce qui a nécessité l’envoi d’un vol de convoyage la nuit dernière pour récupérer les passagers bloqués.

L’Autorité du tourisme d’Hawaï a demandé aux visiteurs en déplacement non essentiel de quitter Maui, et les déplacements non essentiels vers l’île sont «fortement déconseillés».

Thomas Panos, propriétaire de la société Omega Travel, établie à Vancouver, explique que Maui est une destination majeure pour les voyageurs canadiens durant les saisons d’automne, d’hiver et de printemps, et que la perte potentielle de l’île en tant que marché dans un avenir prévisible pourrait être un «énorme coup dur» pour l’industrie du tourisme qui dessert cette population.

M. Panos, qui a visité Maui en mars, a témoigné qu’il était difficile de voir la dévastation de Lahaina, une ville historique qui a été la capitale du royaume d’Hawaï pendant une partie des années 1800 et un centre d’activité pour les parties occidentales de l’île.

«Je suis en état de choc et j’ai le cœur brisé pour les Hawaïens, a-t-il déclaré. Nous avons soupé dans l’un des restaurants qui ont été complètement détruits par les incendies à Lahaina… le Safeway où nous faisions nos courses a disparu. La rue principale a complètement disparu.»

«Je ne sais pas comment ils vont s’en sortir, car c’était le cœur financier et spirituel de la partie occidentale de l’île.»

M. Panos n’a que peu de réponses à donner aux clients qui ont réservé un voyage à Maui pour l’automne et l’hiver.

«Nous allons simplement dire à nos clients d’attendre, a-t-il déclaré. Bien sûr, si vous avez des projets pour les deux prochains mois, annulez-les. Mais attendez de voir ce qui va se passer.»

M. Desaulniers s’est dit confiant dans la capacité de la communauté à se reconstruire, mais «la perte physique sera vraiment difficile à surmonter».

«Si les gens écoutent, trouvez un moyen de contribuer si vous le pouvez parce que beaucoup de gens vont souffrir ici pendant un certain temps», a-t-il ajouté.