Tuerie en Nouvelle-Écosse: le frère de Wortman l’a décrit comme paranoïaque

HALIFAX — Le frère de Gabriel Wortman, qui l’avait rencontré pour la première fois 10 ans avant la tuerie de 2020 en Nouvelle-Écosse, a décrit son frère à la Gendarmerie royale du Canada (GRC) comme un homme paranoïaque, qui nourrissait de sombres pensées.

Jeff Samuelson, qui avait été proposé à l’adoption aux États-Unis en 1970, a déclaré aux policiers de la GRC que son frère aîné avait partagé avec lui des histoires sur son enfance «horrible» et avait répété à plusieurs reprises qu’il voulait tuer leurs parents biologiques.

M. Samuelson, qui habite le Massachusetts, a été interrogé par un policier de la GRC le 27 avril 2020, quelques jours après la pire fusillade de masse de l’histoire moderne du Canada, qui avait fait 22 morts en Nouvelle-Écosse.

Dans la transcription de cet entretien, publiée mardi par la commission d’enquête sur la tuerie, on apprend que M. Samuelson a rencontré sa famille biologique pour la première fois en 2010, 40 ans après avoir été proposé pour adoption aux États-Unis. C’est lui qui avait initié les retrouvailles, comme l’encourageait sa femme.

Avant de rencontrer en personne son frère aîné en Nouvelle-Écosse, M. Samuelson a déclaré avoir parlé avec Wortman au téléphone à quelques reprises. 

Lors de ces appels, le tueur «a livré en vrac une montagne d’informations» sur son enfance, qu’il a décrite comme «horrible» et pleine de violence, a raconté M. Samuelson aux policiers.

«Il était en larmes, il était tellement énervé (…) il voulait exploser en parlant de son enfance et (en disant) à quel point c’était difficile.»

Le tueur lui a notamment raconté que lorsqu’il avait 13 ans, son père l’avait forcé à tirer sur son chien, en guise de punition. M. Samuelson a aussi déclaré qu’il croyait que Wortman était en colère contre ses parents pour ne pas lui avoir dit qu’il avait un jeune frère adopté aux États-Unis.

«Quarante et un ans plus tard, et il apprend ça (…) Ça a pratiquement rompu leur relation, a déclaré M. Samuelson à la GRC. Il en avait assez. Il détestait ses parents, il y avait une haine profonde.»

Des armes partout dans la maison

Leurs parents biologiques, Paul et Evelyn Wortman, se sont rendus aux États-Unis pour rencontrer M. Samuelson. Puis, à l’été 2010, lui et sa femme sont venus dans les Maritimes pour rencontrer davantage de membres de la famille qu’il n’avait jamais vus. Ainsi, c’était la première fois que M. Samuelson passait du temps avec son frère Gabriel, en personne.

Le couple est resté avec le frère de Paul Wortman, Glynn, dans l’une des nombreuses maisons qui ont été incendiées lors du carnage des 18 et 19 avril 2020. Mais le couple d’Américains a aussi visité la maison que le tueur partageait avec sa conjointe, Lisa Banfield, à Portapique.

M. Samuelson a déclaré à la GRC qu’à leur arrivée, son frère lui avait montré de nombreuses armes, notamment une grenade, un fusil qu’il avait sorti d’un établi dans le garage, un «Tommy Gun» et une arme de poing de 9 mm — avec viseur laser et ce qui semblait être un silencieux, a-t-il dit.

Le couple a aussi vu plus d’une dizaine d’armes réparties dans toute la maison, «cachées à la vue de tous», a déclaré M. Samuelson. Cela l’a poussé à croire que son frère était paranoïaque.

«Pourquoi avoir (des armes) partout dans la maison? Mais dans son monde paranoïaque, il faut être prêt à l’action dans n’importe quelle pièce», a déclaré M. Samuelson.

Les frères ne sont pas restés en contact et M. Samuelson a déclaré que, selon son souvenir, il avait parlé à Wortman pour la dernière fois au téléphone en 2013.

M. Samuelson a expliqué qu’il avait coupé les liens avec son frère parce qu’il était obsédé par l’argent et parlait de sa richesse personnelle. «Je ne voulais plus écouter ce gars-là. Il n’y avait pas de place pour bâtir une relation.»

Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Meta et La Presse Canadienne pour les nouvelles.