Toronto menace de devoir couper des services sans soutien provincial ou fédéral

TORONTO — La prochaine personne qui dirigera la mairie de Toronto devra gérer des coupes dans les services si les deux autres ordres de gouvernement n’aident pas à couvrir un déficit budgétaire de près d’un milliard de dollars, a déclaré mercredi l’adjointe au maire, en critiquant le manque de soutien fédéral.

Jennifer McKelvie a soutenu que le budget fédéral de mardi avait exclu Toronto. «Bien que le gouvernement fédéral veuille se concentrer sur la croissance, il ne peut pas laisser derrière lui les municipalités, qui sont en convalescence, il faut bien le dire», a affirmé Mme McKelvie à l’hôtel de ville.

Le déficit budgétaire de Toronto pesait lourd, mercredi, alors que le conseil municipal se réunissait pour la première fois depuis la démission de John Tory. L’ex-maire, réélu en octobre, a quitté ses fonctions le mois dernier après avoir révélé qu’il avait eu une «liaison inappropriée» avec une personne de son équipe.

Le budget de Toronto, approuvé par le conseil municipal le mois dernier, était équilibré en admettant que les gouvernements provincial et fédéral fournissent ensemble 933 millions $ pour renflouer les déficits liés à la pandémie. Ces déficits étaient liés en grande partie à la baisse des revenus du transport en commun et à l’augmentation des dépenses consacrées aux refuges.

Or, les deux ordres de gouvernement n’ont pris aucun engagement de ce genre dans leur budget respectif.

La ministre fédérale des Finances, Chrystia Freeland, a indiqué que Toronto avait reçu un «soutien massif» d’Ottawa tout au long de la pandémie, dont 1 milliard $ dans le cadre d’un programme visant à aider les municipalités à récupérer les recettes perdues pendant les confinements.

Il y a des «questions légitimes» quant à savoir si Toronto dispose d’une assiette fiscale suffisante, a déclaré Mme Freeland à une station de radio locale, selon une transcription fournie par son cabinet. La ministre a ajouté qu’il serait plus «approprié» que la Ville sollicite le soutien du gouvernement provincial, qui a déposé la semaine dernière un budget prévoyant des excédents pour l’année prochaine et la suivante.

Des coupes l’an prochain

Mme McKelvie, qui a assumé certains des pouvoirs du maire Tory après sa démission surprise, a déclaré que sans l’aide des deux ordres de gouvernement, Toronto devrait procéder à «des coupes rapidement» l’année prochaine.

La Ville a également abandonné sa demande faite au gouvernement fédéral d’égaler l’engagement provincial de 235 millions $ pour aider à couvrir les déficits récurrents du budget de l’an dernier. Mme McKelvie a expliqué que la Ville puiserait dans son fonds de réserve pour couvrir ces coûts. «C’est comme retirer votre REER pour payer l’hypothèque», a illustré la mairesse suppléante.

Les conseillers ont discuté mercredi d’un rapport sur les perspectives financières de la Ville, préparé par le cabinet de conseil Ernst and Young, qui indique que Toronto ferait face à des pressions budgétaires de 46,5 milliards $ au cours des 10 prochaines années.

Le conseil municipal a par ailleurs déclaré officiellement vacant le siège de maire, ce qui lance la course vers une élection partielle. Les Torontois se rendront aux urnes le 26 juin, alors que la période de mises en candidature s’étendra du 3 avril au 12 mai. Le vote par anticipation sera possible du 8 au 13 juin.

Et les aspirants, déjà, ne manquent pas.

Le conseiller municipal Brad Bradford a confirmé mercredi ses intentions. Il ajoute son nom à une liste de candidats annoncés qui comprend son collègue au conseil Josh Matlow, l’ancienne conseillère Ana Bailão, l’ex-chef de police Mark Saunders et Gil Peñalosa, qui était arrivé deuxième, derrière John Tory, lors de la dernière élection municipale, en octobre.

Mitzie Hunter, députée libérale provinciale de Scarborough-Guildwood, a déjà annoncé qu’elle prévoyait de démissionner de son siège à Queen’s Park pour se lancer dans la course. Le conseiller Stephen Holyday n’a pas confirmé sa candidature, mais il a déclaré qu’il avait un message qui «semble résonner avec les citoyens».

Le conseiller municipal Bradford a déclaré mercredi que la «sécurité communautaire» serait une priorité absolue de sa campagne, faisant référence aux préoccupations concernant les agressions violentes dans les transports en commun récemment.

Le conseiller municipal de Beaches-East York, qui a une formation en urbanisme, est actuellement président du Comité de planification et de logement à l’Hôtel de Ville. Il avait obtenu l’appui de John Tory lors des élections municipales de 2018 et le maire lui avait depuis confié diverses fonctions.