Selon un sondage, les Canadiens veulent être au courant des pronoms de leurs enfants

OTTAWA — Près de la moitié des Canadiens soutiennent que leur province utilise la clause dérogatoire pour garantir que les écoles informent les parents si un enfant souhaite utiliser en classe un nom ou un pronom différent que celui qui lui est attribué, suggère un nouveau sondage.

De nouvelles données suggèrent également qu’une majorité de Canadiens croient que les enseignants devraient être tenus d’informer les parents de tels changements. Un peu moins de la moitié estime que cela devrait être le cas même si un enfant dit à son enseignant qu’il ne se sent pas en sécurité en informant ses parents.

La firme de sondage Léger a récemment posé aux Canadiens une série de questions concernant le débat sur les «droits parentaux».

L’expression, qui fait référence au désir des parents de participer aux décisions concernant leurs enfants et celles des écoles, a gagné en popularité au Canada au cours de la dernière année.

De nombreuses personnes qui utilisent ce terme se disent préoccupées par les leçons que les enfants apprennent sur les thèmes de l’identité de genre et de l’orientation sexuelle.

Ceux qui défendent cette question ont également critiqué les politiques conçues pour que les élèves transgenres et non binaires se sentent mieux accueillis dans les salles de classe, ainsi que les activités telles que le lever du drapeau arc-en-ciel de la fierté dans les écoles.

Un discours qui divise

Selon les nouveaux résultats de Léger, les Canadiens sont divisés sur la question de savoir si l’orientation sexuelle et l’identité de genre devraient être discutées dans les écoles.

Un peu plus de la moitié des répondants, soit 54 %, conviennent qu’il s’agit de sujets importants dont les enfants doivent être conscients et que les écoles doivent en discuter.

Les 46 % restants ont déclaré que leurs opinions étaient plus conformes à une affirmation selon laquelle de tels sujets ne devraient pas être abordés à l’école et devraient être laissés uniquement aux parents pour qu’ils les abordent avec leurs enfants.

Christian Bourque, vice-président exécutif de Léger, a souligné que les Canadiens semblent plus divisés sur cette question que sur d’autres sujets enseignés dans les écoles, comme le racisme et les changements climatiques.

Près de la moitié des personnes interrogées, soit 48 %, ont fait savoir que l’orientation sexuelle devrait être discutée dans les salles de classe à travers le pays, tandis que 42 % ont estimé que l’identité de genre devrait être discutée.

Mais le soutien des répondants était beaucoup plus élevé envers des sujets comme l’alcool et les drogues (82 %), le racisme (80 %), les changements climatiques (78 %) et la vérité et réconciliation avec les Premières Nations (74 %).

Au total, 1518 Canadiens ont participé au sondage en ligne du 6 au 9 octobre. On ne peut pas lui attribuer de marge d’erreur, car les sondages en ligne ne sont pas considérés comme des échantillons véritablement aléatoires.

Un soutien variable

Quant à savoir si les écoles devraient informer les parents si leur enfant souhaite utiliser un pronom différent, le sondage suggère que les Canadiens ont tracé une ligne plus claire.

Léger a constaté que 63 % des répondants ont exprimé leur soutien à l’idée qu’une école doive informer les parents d’un enfant si celui-ci souhaite être désigné par un pronom ou un sexe différent. Seulement 22 % ont soutenu que cela ne devrait pas être exigé.

M. Bourque a souligné que le niveau de soutien diminuait lorsqu’on demandait aux répondants de réfléchir aux conséquences pour un enfant.

Lorsqu’on leur a demandé si les enseignants devraient être obligés d’informer les parents que leur enfant utilise un nom ou un pronom différent même lorsque l’enfant dit à l’enseignant qu’il ne se sent pas en sécurité en informant ses parents, 45 % des personnes interrogées ont répondu oui, contre 35 %qui ont dit non.

M. Bourque a observé que les résultats suggèrent que même si les Canadiens soutiennent clairement l’appel aux «droits parentaux», ce soutien «n’est pas à n’importe quel prix».

Clause dérogatoire

Le Nouveau-Brunswick et la Saskatchewan ont adopté des politiques qui obligent les écoles à demander le consentement des parents si un élève de moins de 16 ans souhaite être appelé par un nom ou un pronom différent — un changement qui a suscité des inquiétudes de la part des syndicats d’enseignants et des protecteurs des enfants.

Le premier ministre de la Saskatchewan, Scott Moe, a annoncé son intention d’invoquer la clause dérogatoire pour maintenir le changement en place après qu’un juge a accordé une injonction le mois dernier.

La clause dérogatoire est une disposition de la Charte canadienne des droits et libertés qui permet aux gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux d’adopter des lois qui outrepassent certains droits garantis par la Charte pendant une période pouvant aller jusqu’à cinq ans.

Au moins 46 % des répondants interrogés ont indiqué qu’ils soutiendraient que leur province utilise la clause dérogatoire pour garantir que les écoles informent les parents si leur enfant souhaite qu’on l’appelle par un nouveau nom ou un nouveau pronom.