Réforme de l’industrie: la FTQ-Construction se retire des consultations

MONTRÉAL — La FTQ-Construction se retire des consultations menées par le ministre du Travail, Jean Boulet, sur l’industrie de la construction, reprochant à Québec de vouloir «faire cavalier seul» et de ne pas écouter les représentants des travailleurs.

Le ministre du Travail a déjà annoncé son intention de déposer cet automne une réforme de l’industrie qui toucherait plusieurs aspects et, dans ce contexte, il mène une consultation du milieu.

Or, après avoir participé à plusieurs rencontres, la FTQ-Construction, qui représente 90 000 travailleurs, a décidé de se retirer. Elle a adressé une lettre aux ministres du Travail, Jean Boulet, et de l’Éducation, Bernard Drainville, pour expliquer son mécontentement.

La FTQ-Construction critique particulièrement le fait que Québec veuille réduire le nombre d’heures de formation pour certains métiers: charpenterie-menuiserie, réfrigération, ferblanterie et conduite d’engin de chantier.

En entrevue, le directeur général de la FTQ-Construction, Éric Boisjoly, a reproché à Québec de couper court «pour avoir de la main-d’oeuvre plus rapidement dans l’industrie de la construction».

La plus grande organisation syndicale de l’industrie y voit un problème potentiel de santé et sécurité, tant pour les travailleurs que le public. Réduire le nombre d’heures de formation réduira la qualité de cette formation, croit M. Boisjoly.

Selon ce qu’il a entendu, la formation pour obtenir un Diplôme d’études professionnelles en réfrigération, par exemple, passerait de 1800 heures à 700 heures. «C’est inacceptable; c’est n’importe quoi!» s’exclame le dirigeant syndical.

Cette réforme de la loi R-20 qui encadre l’industrie de la construction est attendue par les associations patronales. L’Association de la construction du Québec, par exemple, réclame un décloisonnement des métiers, plus de polyvalence de la part des travailleurs.

M. Boisjoly fait valoir que pour gagner en productivité, il faudrait d’abord songer à mieux planifier les travaux, ce qui éviterait bien des pertes de temps.

Et le milieu syndical aussi a des attentes face à cette réforme, notamment celle d’avoir accès à des augmentations de salaire rétroactives à l’échéance des conventions collectives, lorsqu’il y a une nouvelle entente sur leur renouvellement.

Bien que la FTQ-Construction se retire des consultations ministérielles, M. Boisjoly assure qu’elle ne ferme pas la porte pour de bon.

«Ce n’est vraiment pas une déclaration de guerre là. La FTQ-Construction, on n’est pas en guerre contre personne. On veut participer dans le fond à la commission parlementaire, s’il y en a une, pour essayer de se faire entendre des partis d’opposition, parce qu’on comprend très bien que le parti au pouvoir ne veut strictement rien écouter des gens de l’industrie de la construction, en tout cas surtout du volet syndical», a-t-il conclu.