Projet d’identification de produits d’entreprises à propriété féminine à l’étude

MONTRÉAL — Des discussions sont en cours entre le gouvernement caquiste et le Réseau des femmes d’affaires du Québec (RFAQ) pour évaluer la mise en œuvre d’une identification permettant de repérer les produits et les services des compagnies québécoises détenues majoritairement par des femmes.

Un peu dans la même veine des marques «Aliments du Québec», le RFAQ souhaite créer une étiquette portant la mention «produit d’entreprise à propriété féminine». Elle permettrait d’offrir une meilleure visibilité à ce groupe sous-représenté en entrepreneuriat, autant auprès des consommateurs que des grandes entreprises, mentionne la présidente-directrice générale du RFAQ, Ruth Vachon.

Un projet «hyper intéressant» pour les compagnies dirigées par des femmes, comptant souvent moins de cinq employés, soutient Mme Vachon en entrevue.

«Ces entreprises-là ont besoin d’aide pour être capables de pénétrer de nouveaux marchés. Amener un étiquetage qui leur permettrait de s’identifier beaucoup plus facilement, cela rendrait leur vie beaucoup plus facile», affirme-t-elle.

Il est estimé que les compagnies à propriété féminine représentent environ 1% de la valeur des contrats sur les chaînes d’approvisionnement des grandes entreprises.

Dans un souci d’achats responsables, ces dernières veulent de plus en plus encourager des fournisseurs de groupes sous-représentés, dont les femmes. Mais leur principal défi est de trouver ces entreprises, note Mme Vachon.

Un «coup de pouce» au développement

Luis Cisneros, professeur au département d’entrepreneuriat et innovation à HEC Montréal, voit d’un bon œil ce projet de sceau, facile à mettre en œuvre selon lui, pour appuyer les femmes en affaires.

Il constate un nombre grandissant d’entrepreneures, mais elles demeurent confrontées à plus d’obstacles que les hommes.

«L’entrepreneuriat pour les hommes et les femmes, c’est une espèce d’escalier. Il faut monter différentes marches. Simplement que pour les femmes, les marches sont glissantes. Pour les empêcher de glisser, il y a des rampes (ex.: de l’accompagnement)», image le directeur et cofondateur de La base entrepreneuriale.

Une identification pourrait ainsi servir de «rampe» pour donner un «coup de pouce» au développement d’une entreprise féminine, soutient M. Cisneros.

Cette initiative émerge à un «bon moment», à son avis, puisque le milieu des affaires se montre davantage favorable à l’inclusion, l’équité et la diversité.

L’identification féminine pourrait aussi se retrouver sur les tablettes des magasins. «Plus on est capable d’identifier la provenance des produits, plus on aide le consommateur dans ses choix» selon ses valeurs, indique Mme Vachon.

Les consommateurs agissent désormais comme des acteurs sociaux et portent davantage attention à ce qu’ils achètent en fonction de causes ou de principes, souligne M. Cisneros.

Un logo d’identification représente «un outil important pour la prise de décision des consommateurs», mentionne-t-il. Néanmoins, la qualité d’un service ou d’un produit reste une condition essentielle au succès d’une entreprise, ajoute l’expert.

Pourparlers avec le gouvernement

À la suite de la grande conférence «Cap vers la réussite», où François Legault avait été questionné sur son intérêt pour une telle identification, des échanges se sont amorcés entre le gouvernement et le RFAQ.

M. Legault s’était montré ouvert à étudier cette avenue, lors de l’événement du RFAQ qui s’est tenu en juin à Montréal.

Le bureau du premier ministre confirme la tenue de discussions sur ce dossier, qui se tiennent également avec l’équipe de la ministre déléguée à l’Économie, Lucie Lecours.

«Il est beaucoup trop tôt pour s’avancer sur un échéancier. Pour le moment, nous sommes toujours à évaluer l’implantation d’une telle identification», indique par courriel le cabinet de M. Legault.

Le RFAQ assure que le processus d’identification pourrait se mettre en place à faible coût et sans lourdeur bureaucratique.

L’organisme compte déjà sur une base de données d’entreprises à propriété féminine québécoises, mise sur pied de concert avec la Caisse de dépôt et placement du Québec. Il a aussi une expérience dans le domaine de la certification avec une homologation pour les entreprises dont le capital-actions détenu par une ou des femmes varie de 25% à 50%.

Cette dépêche a été rédigée avec l’aide financière des Bourses de Meta et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.