Poilievre ne participera pas à un troisième débat, et Lewis doute de sa pertinence

OTTAWA — L’organisation par le Parti conservateur du Canada d’un troisième débat officiel dans la course à la direction en août pourrait être compromise, un candidat refusant d’y assister et une autre se demandant si l’exercice est vraiment nécessaire.

L’équipe de Pierre Poilievre, candidat dans la course à la direction des conservateurs fédéraux, a indiqué jeudi qu’il ne participera pas au troisième débat que le parti prévoit d’organiser le mois prochain.

Jenni Byrne, membre de haut rang de son équipe, a publié une déclaration sur Twitter jeudi après-midi, après que le parti a annoncé qu’il organiserait, début août, un troisième débat officiel.

En vertu des statuts du parti, les candidats dans la course à la chefferie sont tenus de participer aux «débats officiels», sous peine d’une amende de 50 000 $.

Les candidats ont déjà participé au mois de mai à deux débats officiels, un en anglais à Edmonton et l’autre en français à Laval. Les équipes de campagne avaient toutefois été informées par les instances du parti qu’il pourrait y avoir un troisième débat officiel au début du mois d’août.

Mme Byrne explique que le candidat Poilievre a déjà pris part aux deux premiers débats officiels, en plus d’un autre organisé à Ottawa par le «Canada Strong and Free Network» – une organisation qui fait la promotion du mouvement conservateur au pays.

L’équipe Poilievre fustige également le débat en anglais que le parti a tenu à Edmonton en mai, le qualifiant d’«embarras», parce qu’il comportait des effets sonores et des questions sur les goûts des candidats en matière de musique et de télévision.

«Ce n’est pas la faute de la campagne si le débat du parti à Edmonton a été largement reconnu comme un embarras. (…) Les candidats ont reçu des raquettes de ping-pong à tenir lorsqu’ils voulaient parler. C’était plus un jeu télévisé qu’un débat», peut-on lire dans la déclaration.

«Et cela s’est produit malgré de fortes mises en garde au parti concernant à la fois le modérateur et le format – qui ont toutes été ignorées.»

Le débat était animé par l’ancien journaliste politique Tom Clark, que la campagne de Poilievre qualifiait de «personnalité médiatique libérale d’élite laurentienne».

Une demande à M. Clark pour commenter la sortie de la campagne Poillievre est restée sans réponse.

Le porte-parole du parti, Yaroslav Baran, a déclaré qu’il était conscient «qu’il existe plusieurs points de vue sur les débats tenus à ce jour», et a souligné que les règles de la course stipulent que la participation est obligatoire.

Le communiqué de la campagne Poilievre indique aussi que la planification par le parti d’un troisième débat arrive subitement alors que l’équipe s’efforce de «faire sortir le vote» des militants.

«Pierre (Poilievre) sera de nouveau sur la route, sans interruption, pour aider à ce que cela se produise», a écrit Mme Byrne.

Plus tôt ce mois-ci, M. Poilievre n’avait pas participé à un débat «non officiel» organisé en Alberta alors que des candidats se trouvaient tous à Calgary pour le Stampede.

La déclaration poursuit en attaquant les appels répétés de son collègue candidat à la direction Jean Charest pour un troisième débat, soutenant que l’ex-premier ministre du Québec n’arrivait pas à attirer les mêmes foules que M. Poilievre pendant la phase de la course où les candidats vendaient des adhésions à des partisans.

«C’est pourquoi il veut un autre débat – utiliser la popularité de Pierre (Poilievre) auprès des membres pour faire émerger un public qu’il ne peut pas obtenir seul.»

En réponse, la campagne de M. Charest a accusé M. Poilievre de préférer «publier des vidéos « stagés » plutôt que de répondre à des questions en temps réel, dans la vraie vie».

«M. Charest n’a JAMAIS hésité à répondre aux questions difficiles», lit-on dans la déclaration, qui ajoute qu’il estimait que le format du débat en français tenu à Laval était constructif.

Leslyn Lewis doute de la pertinence d’un autre débat

Leslyn Lewis, une députée sociale-conservatrice de l’Ontario qui est également dans la course, a publié sa propre déclaration disant que les membres du parti avaient eu la chance de voir des candidats à la direction présenter leurs visions pour le pays lors des deux débats précédents, qui peuvent encore être visionnés en ligne.

Elle a également souligné qu’il s’agit maintenant d’une étape importante de la course pour que les candidats rencontrent les membres et dit qu’elle a un calendrier chargé d’événements.

«J’ai constaté que les préoccupations des Canadiens ordinaires varient considérablement des questions politiques de haut niveau qui nous sont posées lors des débats officiels», a déclaré Mme Lewis.

«Les problèmes auxquels sont confrontés les Canadiens des régions rurales n’ont pas été représentés dans les débats tenus», a-t-elle ajouté.

Quant à savoir si elle envisage de participer à un troisième débat, sa campagne indique qu’elle est en discussion avec le parti.

Outre M. Charest, les candidats Scott Aitchison et Roman Baber avaient également exprimé leur soutien à la tenue d’un autre débat.

La décision de M. Poilievre de ne pas participer à l’événement signifie qu’il n’y aurait pas un, mais deux candidats de moins sur scène, compte tenu de la récente disqualification de Patrick Brown à la suite d’une allégation selon laquelle il aurait enfreint les lois électorales fédérales. M. Brown a nié tout acte répréhensible.

Une demande des militants

Les membres du Comité organisateur du choix du chef se sont réunis mercredi soir et ont décidé d’organiser un troisième débat officiel, à l’issue d’un sondage mené auprès des membres.

Le porte-parole Yaroslav Baran a déclaré que 24 000 membres avaient répondu «massivement» en faveur d’un troisième débat.

Ce débat aurait lieu alors que le scrutin postal est déjà en cours et que le parti a commencé à recevoir des bulletins de vote remplis par les membres en règle.

Les résultats de la course à la chefferie seront annoncés à Ottawa le 10 septembre.