Ottawa octroie près de 18 millions $ pour la lutte contre le VIH

MONTRÉAL — Ottawa octroie près de 18 millions $ pour la distribution de trousses d’autodépistage du VIH et le soutien d’initiatives communautaires afin de lever les obstacles empêchant l’accès à un diagnostic et aux soins. 

Actuellement, il est estimé que 10 % des 63 000 personnes vivant avec le VIH au pays n’ont pas reçu de diagnostic. D’ici 2025, le Canada souhaite que 95% des personnes infectées par le virus connaissent leur statut. 

Pour atteindre cet objectif, le ministre fédéral de la Santé, Jean-Yves Duclos, a annoncé de nouveaux investissements, lundi, en marge de la 24e Conférence internationale sur le sida qui a lieu jusqu’à mardi, à Montréal.  

Une première moitié de l’enveloppe servira à l’achat de trousses d’autodépistage et à appuyer les organismes communautaires qui rendront ces tests accessibles à plus grande échelle dans les populations qu’ils desservent.  

M. Duclos a indiqué en conférence de presse que les trousses d’autodépistage offrent l’anonymat et permettent ainsi de lever des obstacles engendrés par la stigmatisation et la discrimination.

«Il est essentiel de fournir aux gens des méthodes de dépistage avec lesquelles ils se sentent à l’aise pour que, un, ils connaissent leur état, deux, qu’ils aient accès à un traitement, et que trois, leur virus devienne indétectable», a-t-il poursuivi, soutenant que le maintien d’une charge virale indétectable équivaut à aucun risque de transmission sexuelle du VIH, selon des données scientifiques.  

La seconde partie de l’enveloppe sera consacrée à des initiatives dans les collectivités nordiques, éloignées ou isolées, par l’intermédiaire du Laboratoire national de microbiologie (LNM).

«Il y a environ 50 communautés qui vont être appuyées par cet investissement», a précisé M. Duclos. 

Les fonds leur permettront d’acquérir des équipements de diagnostic afin de réaliser les tests directement dans leurs communautés. Le LNM appuiera la formation, la vérification et la surveillance de ces dépistages. 

Présents aux côtés du ministre, les dirigeants de la Coalition des organismes communautaires québécois de lutte contre le sida (COCQ-SIDA) et du Community-Based Research Centre, une organisation établie à Vancouver qui défend la santé des personnes de la diversité sexuelle, ont salué l’appui d’Ottawa.

Il s’agit d’un «bon départ» et d’une «première étape», ont-ils souligné, eux qui souhaitent qu’Ottawa bonifie jusqu’à 100 M$ annuellement ses subventions dédiées à la lutte contre le VIH et le sida. 

«Nous sommes ravis de la reconnaissance du rôle incontournable des organismes communautaires pour rejoindre les personnes typiquement exclues. Il faut reconnaître cependant que le financement doit être pérennisé. Les structures communautaires qui soutiennent les actions doivent avoir un appui en continu», a soutenu Ken Monteith, le directeur général du COCQ-SIDA. 

Le directeur du Community-Based Research Centre, Jody Jollimore, espère que cette annonce ouvre la porte à d’autres discussions avec le fédéral sur les plans de la prévention, des traitements et des soins. 

D’ici 2025, le Canada souhaite que 95 % des personnes ayant reçu un diagnostic de VIH suivent un traitement antirétroviral, et que 95 % des personnes suivant un traitement présentent des niveaux indétectables du virus.

Selon des données datant de la fin de 2020, pour ces deux cibles, le gouvernement fédéral avance que 87 % des personnes diagnostiquées suivaient un traitement et environ 95 % des personnes qui suivent un traitement ont une charge virale indétectable. 

Cette dépêche a été rédigée avec l’aide financière des Bourses de Meta et de La Presse Canadienne pour les nouvelles