Ottawa ne pressera pas l’Ukraine à tenir des élections en temps de guerre

OTTAWA — Le Canada n’a pas l’intention d’exercer des pressions sur l’Ukraine pour qu’elle tienne des élections en temps de guerre, se concentrant plutôt sur des efforts démocratiques plus vastes.

Alexandre Lévêque, sous-ministre adjoint de la politique stratégique à Affaires mondiales Canada, a déclaré à un comité sénatorial qu’Ottawa soutenait les efforts visant à éliminer la corruption et à impliquer la société civile.

M. Lévêque a affirmé qu’Ottawa ne soulèverait pas la question si Kyiv choisissait de ne pas tenir de vote, soulignant que «la démocratie, c’est bien plus que simplement aller voter».

Les Canadiens ont joué un rôle démesuré dans la surveillance des élections en Ukraine depuis son indépendance, en 1991.

La constitution du pays prévoit un vote au printemps prochain, mais stipule également qu’il ne peut pas avoir lieu pendant la loi martiale.

Lors de sa visite à Ottawa le mois dernier, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a fait valoir qu’il était logistiquement compliqué d’organiser un vote alors que la Russie occupe des régions entières et qu’elle pourrait bombarder les personnes rassemblées dans les bureaux de vote.

M. Lévêque a ajouté que les responsables canadiens «surveillent et s’inquiètent» du refus de soutien à l’Ukraine de la part des voisins du pays, ainsi que de Washington.

«Les actes sont plus éloquents que les mots», a-t-il soutenu, mercredi, devant la commission des affaires étrangères du Sénat.

«Ce qui est prononcé pendant une campagne électorale et ce qui se passe réellement avec un allié de l’OTAN peut être très différent», a-t-il déclaré, ajoutant que le Canada s’est joint à d’autres pays pour signer «des engagements pluriannuels sur lesquels il est beaucoup plus difficile de revenir».

La Slovaquie a récemment élu un gouvernement dont le programme politique était de réduire le soutien à l’Ukraine, tandis que la Pologne a réduit ses exportations d’armes lors d’une élection au cours de laquelle les agriculteurs se sont plaints que les récoltes ukrainiennes nuisaient à leurs activités.

Pendant ce temps, des rumeurs se font entendre au sein du Parti républicain appelant les États-Unis à retirer leur soutien à l’Ukraine.

«Il est essentiel de maintenir les efforts canadiens et internationaux en ce moment, car la Russie continue de miser sur la fatigue des alliés et partenaires de l’Ukraine, a-t-il témoigné. Nous continuons de détecter une unité sans précédent entre les alliés et les pays amis, pour provoquer un changement dans une certaine direction historique.»

M. Lévêque n’a pas répondu directement, mercredi, lorsqu’on lui a demandé si le Canada avait déjà envisagé de lier son aide étrangère aux pays pauvres à leur soutien à l’Ukraine ou à la Russie. Il a plutôt dit aux sénateurs que le Canada allouait l’aide en fonction des besoins.

L’idée de réduire l’aide aux pays en développement qui soutiennent la Russie a été lancée par l’aile de droite du gouvernement de coalition finlandais, bien que la proposition a suscité une réaction mondiale et n’a pas été poursuivie.

Pendant ce temps, M. Lévêque a déclaré aux sénateurs que le Canada est conscient du fait que des pays sapent les sanctions contre la Russie en remplaçant les pays occidentaux pour les exportations ou en faisant passer des marchandises par des points de transit.

M. Lévêque a indiqué que les lois existantes ne permettent pas de sanctions contre des tiers. Il a souligné que le Canada tente de travailler avec des pays en développement comme l’Indonésie, le Brésil et la Turquie pour qu’ils informent leurs pairs sur la façon dont l’invasion de l’Ukraine par la Russie rend le monde plus cher et moins stable.